À l'instar de plusieurs autres régions au Québec, le Haut-Saint-François est en deuil. La mort annoncée des Centres locaux de développement (CLD), sous la forme qu'on connaît, ne peut être perçue autrement comme une perte ou à tout le moins l'affaiblissement d'un levier de développement économique essentiel à l'essor d'une région comme la nôtre.
Le fait que le gouvernement du Québec permette le transfert des CLD aux municipalités régionales de comté (MRC) avec en prime une importante diminution de l'enveloppe budgétaire de quelque 380 000 $ en moins pour notre organisme, selon Dominic Provost, directeur général du CLD et de la MRC du Haut-Saint-François, témoigne du peu d'intérêt de l'état envers le développement des territoires. À l'heure où le milieu réclamait une plus grande intervention du CLD que ce soit dans les sphères d'activités variées comme la culture, le tourisme, l'agriculture et autres, les personnes concernées en seront quittes pour se tourner ailleurs. Mais l'ailleurs, c'est où, c'est qui ?
Dans une entrevue accordée et publiée dans notre dernier numéro, Nicole Robert, préfet de la MRC et présidente du conseil d'administration du CLD du Haut-Saint-François, mentionnait « il va falloir faire avec ce qui reste, mais ça nous prend un bras de développement économique. » Malgré les bonnes intentions, il y a fort à parier que ce bras ne sera pas des plus musclés.
L'heure des choix
Au moment où vous lirez ces lignes, sans doute les intervenants et élus politiques auront amorcé une profonde réflexion quant au type de CLD ou organisme de développement que le milieu désire et est capable de se payer. Nous sommes à moins cinq minutes, moment où la MRC du Haut-Saint-François prépare ses prévisions budgétaires pour la prochaine année et elle deviendra vraisemblablement le principal bailleur de fonds de l'organisme de développement. Lors de la même entrevue réalisée dans notre numéro précédent, M. Provost mentionnait que les coupures pourraient signifier la perte de quatre à cinq emplois.
À juste titre, Mme Robert mentionne que les municipalités ne pourront combler le manque à gagner financier. Par surcroît, le nouveau pacte fiscal qui se traduit par des pertes de revenus pour l'ensemble des municipalités n'a rien pour aider la cause. Alors les élus devront faire avec. Le défi pour les intervenants est de revoir en profondeur et définir quel genre d'organisme de développement que l'on désire et qu'on peut se payer. De l'avis de M. Provost, il faudra faire des choix déchirants et cela implique nécessairement au niveau du personnel et des différents mandats et sphères d'activités auxquelles devra se concentrer le nouvel organisme de développement. En bon québécois, on tentera de sauver les meubles et faire du développement en prime dans la mesure de ses moyens. Afin de se donner le temps de réfléchir et par respect pour le personnel, Mme Robert et M. Provost préfèrent ne pas émettre de commentaire sur l'avenir de l'organisme pour l'instant.
C'est triste de constater que le gouvernement québécois ne voit pas le développement économique comme un investissement, mais plutôt comme une dépense. Il se croit légitimé d'y mettre la hache sans égard aux régions qui en ont grandement besoin et pour qui ça marche. Le CLD du Haut-Saint-François a développé au fil des années une expertise. Son personnel, qui allie la jeunesse, le dynamisme et l'expérience des plus anciens, présente une belle équipe équilibrée. Leur intervention dans différentes sphères d'activités est appréciée. L'action du CLD au fil des dernières années était assez large et visait évidemment le développement économique, mais la qualité de vie que l'on songe à la politique de rurbanisation, l'installation de l'Internet HV, les campagnes de fierté pour le territoire et les petites initiatives pour mousser le volet culturel et patrimonial. Tout ça et autres initiatives que ce soit pour aider les municipalités à développer des plans de développement local s'inscrivent dans un tout et cela sera vraisemblablement réduit. La consolation est de constater, selon les affirmations de Mme Robert, que la MRC n'abandonnera pas le développement économique, reste à voir sous quelle forme.