Un lieu de crime sera « enfin mis à terre ». Le bâtiment
situé au 1575, rue Wellington Sud, soit l'ancien repaire des Hells Angels,
tombera sous le pic des démolisseurs ce mercredi à la suite d'une saga
judiciaire de plus de onze ans.
Pour René Dubreuil, ancien policier, maintenant à la
retraite, il s'agit d'un grand soulagement. Non seulement pour lui, mais aussi
pour tous les policiers de la province qui savent qu'il n'y aura plus de crimes
qui seront commis à cet endroit.
« C'était reconnu que plusieurs réunions majeures se passaient
à cet endroit, probablement des préparations à des crimes majeurs et à la vente
de drogue. C'est un gros chapitre qui prend fin avec cette démolition »,
souligne celui qui s'est déplacé à plusieurs reprises à ce repaire lorsqu'il
était en fonction.
M. Dubreuil mentionne notamment qu'il y soit allé alors
qu'il était patrouilleur lors de perquisitions et qu'il était à l'identité
judiciaire pour prendre des photos des lieux. De plus, l'ancien relationniste
du Service de police de Sherbrooke ajoute qu'il s'est déplacé à cet endroit à
la suite d'événement majeur, ce qui est arrivé régulièrement selon ses dires.
Puisqu'il a vu l'emplacement d'assez près, il est en mesure
d'expliquer ce qui était utilisé pour la sécurité des lieux. Le bâtiment était
protégé en première ligne par des clôtures. Des caméras de surveillance ainsi
que des détecteurs de mouvements à infrarouges étaient également utilisés. De
plus, des chiens de garde patrouillaient aussi sur le terrain pour s'assurer
qu'aucun visiteur non désiré ne s'y présente.
Saga judiciaire
Le bunker a été saisi en 2009 dans la foulée de l'opération
SharQc où 156 membres et associés du groupe de motards avaient été
arrêtés. Il est finalement devenu une propriété de l'État lorsque la Cour
supérieure du Québec avait jugé qu'il s'agissait d'un « bien infractionnel ». Il
s'agissait d'ailleurs du denier des cinq « lieux officiels » des Hells Angels.
L'organisation a tenté de récupérer le bâtiment rouge et
blanc par la voie des tribunaux. Toutefois, leur demande a été rejetée par la
cour d'appel.
« Il ne voulait pas perdre leur place et l'affaire s'est
rendue en Cour suprême. Ce qui explique le long processus qui s'en est suivi »,
indique M. Dubreuil.
À la suite des procédures judiciaires, le Directeur des
poursuites criminelles et pénales (DPCP) a dû rembourser la dette que les Hells
Angels avaient envers la ville de Sherbrooke pour les taxes impayées depuis
2009, soit 72 180 $. Le DPCP voulait que Sherbrooke achète le terrain,
mais le conseil municipal avait décliné l'offre.
Cependant, les élus ont modifié un règlement de zonage afin
d'empêcher tout promoteur privé d'effectuer un développement immobilier dans le
secteur. Ils souhaitaient que seuls les usages pour conserver le milieu naturel
y soient autorisés.
Lorsque la démolition sera terminée, le terrain sera mis en
vente. Alors que cet endroit a connu un passé plutôt sombre, l'ancien policier
espère qu'il sera plus réjouissant avec sa nouvelle fonction.
« Je souhaite sincèrement que ça devienne un endroit où les
gens pourront se promener en paix. On sait que c'est un bel endroit avec ses 25 acres
de terrain dans le bois. Ça serait dommage de perdre cela », conclut-il.