Je me suis acheté un cactus et, naturellement, mes parents m'en ont acheté deux de plus (un cadeau de graduation). Moi qui n'est même pas capable de faire survivre la plus tenace plante araignée, je me suis dit que peut-être que je réussirais mieux aux cactus.
Jusqu'à présent, ils me semblent bien aller. Je les ai installés devant une fenêtre au sous-sol, en espérant qu'il y ait assez de lumière. Maintenant, je cherche l'aquarium rond qu'on a utilisé pour le poisson rouge quand j'avais deux ans. Il ferait un beau terrarium, mais il est introuvable.
Ça m'a fait réfléchir un peu sur la patience. Un cactus, c'est lent à grossir, ça ne bouge pas, c'est avachi au soleil toute la journée, ça boit tranquillement l'eau du pot et ça ne s'en fait pas quand il n'en reste plus. Nous les humains, on vit dans notre monde de fast fashion, fast food, la technologie qui nous rend tout plus vite et plus accessible, comme d'écrire dans son agenda, comme d'appeler un ami, comme trouver un restaurant pas cher dans un rayon de dix kilomètres.
On court chercher les enfants à l'école, à la garderie, on fait l'épicerie entre deux rencontres au bureau, les réunions tard le soir et les cours de spinning pour rester en forme. C'est difficile de prendre son temps. On ne profite jamais assez du soleil et des moments de répit.
Il faut parfois prendre le temps de méditer. Relaxer. Dix minutes assis à ne rien faire, à se concentrer sur sa respiration. Se libérer de la technologie. J'ai passé quelques mois cet hiver à ne plus posséder aucun appareil électronique, et même si c'était devenu compliqué de répondre à mes messages (l'ordinateur familial n'est plus neuf), ça m'a fait du bien. J'étais purgée d'une partie de moi que je ne reconnaissais plus.
Méditer dans son lit le matin, c'est bien, mais on peut en faire encore plus. Marcher dans la forêt jusqu'à trouver un endroit confortable et y réfléchir, gravir une montagne et s'assoir au sommet pour contempler l'horizon, voyager seul, avec un sac à dos, pour être libre de la pression et respirer.
C'est ça, vivre comme un cactus. Ce n'est pas de mener une vie de pacha et de se concentrer uniquement sur soi, c'est de prendre le temps d'avoir du temps pour soi. Après ça, on peut reprendre la routine, mais la paix sera revenue. Oui, c'est un peu quétaine, mais tellement apaisant.
Surtout, l'essentiel, c'est d'être seul. Oui, même si c'est terrifiant d'aller manger au restaurant seul, même si depuis la petite enfance, tu amènes tes ami(e)s jusqu'à la salle de bain avec toi, on doit parfois être seul pour mieux respirer. Être zen.
Et en passant, est-ce que quelqu'un sait combien de fois par année c'est respectable d'arroser un cactus?