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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Anesthésie collective

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Mon neveu Jérémie a toujours démontré une logique implacable. Petit, lors de sa première longue randonnée en vélo, il s'était mis à pédaler très rapidement alors qu'il restait encore quelques kilomètres à parcourir. Mon frère l'a mis en garde : « Jérémie, pédale pas si vite, tu vas être bien trop fatigué! » Ce à quoi Jérémie a répondu : « Oui, mais je vais être bien trop fatigué bien moins longtemps! »

Implacable.

Je repensais à cette anecdote en regardant un reportage sur Télé Québec. Une émission qui s'appelle Déficit Zéro. Une jeune famille aux prises avec un étau financier assez solide rencontrait une consultante de l'ACEF (Association coopérative d'économie familiale). Le reportage n'avait rien de voyeur. Il décrivait une situation que l'on trouve et retrouve de plus en plus souvent. Malheureusement.

L'exercice, fort intéressant d'ailleurs, montrait le couple en train de faire, pour vrai, un budget familial. Je spécifie « pour vrai », pas dans le sens de la téléréalité voyeuriste, nenon, mais bien dans le fait qu'ils ont eu à considérer chaque dépense à sa juste valeur.

C'est là que j'ai pensé à la logique implacable de Jérémie. À un certain moment, le papa, qui décortique les comptes dans cet exemple, comprend que chaque dépense doit être prise en compte. Par exemple, on ne peut pas dire "la voiture est récente, elle ne brisera pas, alors je ne mettrai rien à ce poste de dépense". Ça, c'est pelleter les problèmes par en avant. C'est logique. Implacablement logique, j'en conviens. Mais ce n'est pas ce qui se passe dans la « vraie » vie.

En cours de reportage, l'animateur glisse une statistique troublante : plus de la moitié des ménages canadiens vivraient une situation délicate et déstabilisante si un de leur chèque de paie accusait un retard de deux semaines.

Juste un retard. Pas une annulation de la paie. Plus de la moitié des familles! Il n'y a aucune autre façon de réagir, à mes yeux, que d'être troublé.

Dans ma perception des choses, nous sommes sous l'emprise d'une espèce d'anesthésie collective par rapport à la consommation de biens et de services. Dit autrement, nous avons décidé qu'il fallait tellement de trucs liés à la consommation pour considérer qu'une personne est « établie » dans sa vie, que la réflexion et la logique mathématique du budget familial ont pris le bord.

Comment peut-on vivre sans deux voitures? Comment expliquera-t-on à nos amis qu'on a encore un téléviseur aussi profond que large au salon? Pourquoi ne pas donner du confort à notre foyer, alors que tout est accessible en petits paiements faciles?

À un autre moment du reportage, la maman avoue qu'elle a songé à abandonner l'exercice de la tenue stricte d'un budget familial en se disant « pourquoi on ne continue pas comme avant? »

Il est là le piège de l'anesthésie collective! Rares sont ceux qui vont être rappelés à l'ordre par leur entourage quand ceux-ci les verront multiplier les dépenses tous azimuts. On dira plutôt : « ouin, ça coûte cher pour s'installer, mais on n'a pas le choix! Au moins, ce sera fait!»

Oui, mais à quel prix?

Au prix, en fait, de mensualités desquelles on n'échappe plus quand on met le doigt dans l'engrenage.

L'antidote à cette anesthésie collective? La logique implacable. Et le désir de s'en tenir à cela.

C'est une question de santé économique, oui, mais de santé tout court.

Clin d'œil de la semaine

« T'es malade de passer à côté d'une telle offre! » « Je suis malade parce que je l'ai trop fait, tu vois... »


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