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Boxer avec l’opinion publique

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 20 septembre 2023

Dans ma chronique de mai dernier intitulée : La province de Québec n'a pas d'opinions que des sentiments, j'écrivais ceci : « Wilfrid Laurier, un ancien grand premier ministre avait déclaré que sa province, le Québec, n'avait pas d'opinions, mais que des sentiments. » Aujourd'hui, on doit se rendre à l'évidence qu'il avait raison en partie du moins. Il n'avait pas prévu qu'à notre époque les opinions seraient basées sur des sentiments et non sur la science. Le Québec a non seulement des sentiments, mais il se gouverne avec des opinions issues de ces sentiments. Nous en sommes au gouvernement de l'opinion et des sentiments et de la bonne conscience. La semaine que nous venons de vivre me donne raison.

Dans le temps de le dire, l'itinérance, le coût de la vie et la question du logement sont devenus des questions incontournables pour tout politicien qui veut de faire réélire. Comme si ces questions étaient nouvelles. Ce qui est nouveau aujourd'hui c'est le degré d'attention que nous leur portons. Et ça c'est le résultat d'habiles campagnes de relations publiques des maires, du chef conservateur de l'opposition fédéral, Pierre Poilievre et de la complicité involontaire des médias. Nous sommes gouvernés par l'opinion ambiante plutôt que par les faits. C'est le cirque de la démocratie.

Le phénomène Poilievre

Il y a une dizaine de jours, Poilievre a fait bonne figure à Québec. Il a su harnacher la colère et l'impuissance des Canadiennes et des Canadiens dans un discours politique articulé et simple : tout cela c'est la faute de Justin. Bien sûr, nous savons tous que Pierre Poilievre n'a pas vraiment de solutions à la crise du logement, encore moins quant à la crise de l'itinérance. Il n'a pas plus que les autres politiciens accès à des leviers significatifs pour réduire l'inflation et soulager le portefeuille des contribuables canadiens. Bien sûr, il y a la rhétorique habituelle sur le déficit de l'État fédéral, les dépenses irresponsables du gouvernement Trudeau, la taxe sur le carbone et le durcissement des peines contre les vrais criminels. Le discours habituel des conservateurs, mais qui ces jours-ci trouve une oreille attentive auprès d'une majorité de la population. Les sondages défavorables pour les libéraux de Justin Trudeau en sont une expression évidente. Ce qui ne signifie pas que les recettes à la Poilievre ne viendrait pas empirer la situation. Songeons un instant ce qu'aurait été le Canada si Poilievre avait été notre premier ministre depuis 2015.

Dystopie d'un Canada bleu Poilievre

Sous le leadership de Poilievre, le Canada aurait négocié un accord de libre-échange à rabais avec Trump où on aurait laissé tomber le système de gestion de l'offre au profit de moins d'interventions dans le marché. Pour protéger l'agriculture du blé de l'Ouest canadien et négocier de plus grands avantages pour l'industrie pétrolière canadienne, tout aurait été négociable pour lui. Ce qui aurait rapporté d'importants revenus à l'État canadien. Parlant d'économie du pétrole, Poilievre n'aurait pas acheté, contrairement à Justin Trudeau, le pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan, mais aurait plutôt forcé le jeu en s'attaquant au gouvernement

Si je reste dans le domaine des pipelines, Poilievre, il l'a encore mentionné la semaine dernière, croit toujours qu'il est vital qu'un pipeline pétrolier traverse la vallée du Saint-Laurent pour se rendre dans les Maritimes afin d'écouler le pétrole canadien sur les marchés internationaux. Sous un gouvernement Poilievre, nous aurions vu aboutir ce projet qui serait réalisé aujourd'hui. Nous aurions eu aussi droit à un complexe méthanier sur la Rive-Sud de Québec : le projet Rabaska.

Le gouvernement Poilievre n'aurait pas bien sûr implanté une taxe sur le carbone. À quoi bon parler de la réduction des gaz à effet de serre tant et aussi longtemps que la Chine et l'Inde ne réduiront pas leurs émissions nous aurait raconté Poilievre ? Au fond, la crise climatique est une illusion. Il n'y a pas de réchauffement de la planète. Un problème de moins sous un gouvernement Poilievre.

Sur la crise liée à la hausse des prix, là aussi il n'y aura pas eu d'inflation puisque le gouvernement n'aurait pas fait de déficit comme celui de Justin Trudeau. Par exemple, lors de l'épidémie liée à la COVID-19, le gouvernement n'aurait pris aucune mesure particulière. Pas de fermeture de frontière, pas de vaccins, inefficaces de toute façon, pas de mesures sanitaires. Un gouvernement Poilievre s'en serait remis à la responsabilité de chaque individu. Bien sûr, il y aurait pu avoir plus de décès, mais pour Poilievre ce n'est que le résultat de la loi de Dieu.

Sous Poilievre, le monde serait plus simple. Pas de crises climatiques, pas de crise de l'itinérance puisque ces gens auraient été mis en prison pour vagabondage ou pour avoir mendier sur la place publique et pas de crise du logement parce que les jeunes familles auraient accès à une propriété grâce à la croissance de l'économie canadienne. Il est clair que nous avons erré quand nous nous sommes donné un gouvernement libéral dirigé par Justin Trudeau. Il aurait fallu voter bleu.

Plus sérieusement...

On peut s'amuser à imaginer des mondes qui n'existent pas. Nous pouvons vouloir rompre avec la complexité du monde dans lequel nous vivons, mais malgré tous nos efforts d'imagination, nous serons confrontés à une population qui vieillit, à la pénurie de la main-d'œuvre, à l'existence de guerre comme celle en Ukraine, à la multiplication des souffrances parmi la population liées à la pauvreté, à la toxicomanie ou à la violence. Cela ne changera pas et nous serons toujours impuissants à faire disparaître tous les problèmes. Ce n'est pas quelque chose que nous contrôlons et il faut se le dire.

Ce que nous contrôlons par ailleurs ce sont les débats que nous avons entre nous. Nous contrôlons ce qui devient populaire instantanément par notre intérêt. Notre duplicité et notre hypocrisie sont de feindre de croire qu'il existe quelque part des baguettes magiques et des magiciens qui pourront simplifier cette complexité du monde pour notre confort.

Dans un tel cirque, il m'apparaît plus encore aujourd'hui qu'hier que le gouvernement libéral de Justin Trudeau est l'un de nos outils pour tenter de juguler ces différentes crises auxquelles nous sommes présentement confrontées. Pour les libéraux qui sont là depuis huit ans, ce n'est pas facile de renouveler en construisant l'avion en vol, mais ils n'ont pas le choix. Poilievre avec l'aide de ses redoutables talents de démagogues est en action et il touche bien souvent la cible de notre engouement pour des solutions faciles.

Pour Justin Trudeau aussi la pente est abrupte. Depuis son élection en 2015, il a souvent déçu. Il doit aujourd'hui passer à la seconde vitesse et faire ce qu'il connait bien : boxer avec l'opinion publique...



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