Au Québec, on estime qu'une personne sur 155 a un trouble du spectre de l'autisme (TSA). En Estrie, au cours de la dernière année, plus de 200 personnes ont reçu des services d'adaptation et de réadaptation en lien avec un TSA.
Cependant, beaucoup de travail reste à faire afin de mieux comprendre ce trouble et la réalité qui vivent ceux qui en sont atteints, ainsi que leurs proches.
Roxanne Giroux, ancienne journaliste à LCN qui est mère de deux garçons autistes a bien voulu nous livrer son témoignage, afin de mieux nous aider à mieux cerner cette problématique.
« Tout d'abord, il est important de savoir que les manifestations de l'autisme sont très variées. J'ai deux enfants autistes et ils sont très différents l'un de l'autre. Romain, mon plus jeune qui est âgé de 4 ans est le moins atteint des deux. C'est un verbomoteur, il parle sans arrêt. Il est toujours près des adultes et se montre très intrusif avec les autres enfants. Il veut toujours être en gang. On a tendance à croire que les enfants autistes ne donnent pas d'affection, qu'ils sont plus isolés, mais ce n'est pas du tout le cas de Romain. Somme toute, même s'il a un apprentissage plus lent que les autres enfants, il réussit à apprendre les mêmes choses.
Pour ce qui est de Mattias, mon plus grand qui a 7 ans, il est plus affecté par l'autisme. C'est un enfant non verbal, il est plus dans sa bulle, ce qui ne l'empêche pas aussi de donner énormément d'affection. Au niveau de l'apprentissage, c'est très particulier. Par exemple, un jour, il est sauté dans la piscine et il a commencé à nager, même si personne ne lui avait montré avant. Par contre, on l'a mis très souvent sur un tricycle, mais il n'en a jamais compris le fonctionnement».
Roxanne aime beaucoup ses deux enfants, pour elle, ils ont chacun une couleur qui leur est propre. Cependant, elle croit que comme société, nous avons encore beaucoup de difficulté à faire face aux troubles envahissants du comportement. «En tant que parent, j'ai de la difficulté avec le regard des autres. Je crois qu'on a besoin de mieux connaître la réalité de ces personnes, il y a beaucoup de travail à faire. Par exemple, l'automne dernier, on faisait une balade en famille au mont St-Hilaire. Mattias, mon plus vieux, est un fugueur, on lui a donc installé un système de sac à dos avec une corde extensible pour l'empêcher de se sauver. Alors, deux messieurs qui marchaient derrière moi ont commencé à passer des commentaires du genre « voyons donc, mettre un enfant de cet âge-là en laisse ». Habituellement je ne dis rien, mais là je me suis retournée et je lui ai dit : « écoutez monsieur, c'est un enfant autiste fugueur ». Alors, la personne s'est excusée immédiatement ».
Comment reconnaître l'autisme
L'autisme se manifeste généralement dans les trois premières années de l'enfance. Il se caractérise souvent par des déficits dans trois aspects du développement : les interactions sociales, la communication verbale et non verbale, les intérêts et comportements, qui présentent un caractère restreint, répétitif ou stéréotypé.
Mélanie Couture est professeure à l'École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke. Parmi ses nombreuses activités professionnelles, elle mène des recherches en lien avec l'autisme, notamment en collaboration avec le CRDITED Estrie.
«L'autisme et les troubles envahissants du développement sont très complexes et ont de multiples visages. Quand on connaît une personne autiste, on peut dire qu'on connaît cette personne, mais on ne peut pas dire qu'on connaît l'autisme.
Pour détecter l'autisme, on ne cherche pas les choses que l'enfant fait en plus, mais plutôt ce qu'il fait en moins en comparaison aux autres. Souvent les autistes, n'ont pas un bon contact visuel, ils ne pointent pas, ne répondent pas à leur nom quand on l'appelle. Lorsqu'ils veulent un objet, la plupart des enfants en développement typique vont le demander l'objet à la personne ou le pointer. Un enfant autiste se contente souvent de fixer intensément l'objet, mais jamais il ne va regarder la personne, il ne sait pas comment faire de demande sociale. Ils ont aussi habituellement une imagination très restreinte. Par exemple, au lieu de jouer avec ses voitures et de se créer des scénarios, l'enfant autiste peut se contenter d'aligner ou de retourner les voitures. Aussi, quand un enfant est toujours dans son coin à la garderie et qu'il ne veut jamais jouer avec les autres, c'est un comportement qui peut mettre la puce à l'oreille. L'autisme atteint un peu plus de 1 % de la population et touche quatre fois plus les garçons que les filles.»
Un petit pas pour une grande cause
Pour souligner le mois de l'autisme en Estrie, la Société de l'autisme et des troubles envahissants du développement de l'Estrie (SATEDE) invite la population à la 7e édition de la marche de solidarité et de sensibilisation aux troubles envahisseurs du développement qui aura lieu le samedi 28 avril au parc Jacques-Cartier. Les inscriptions pour la marche se feront à partir de midi et le départ sera donné à 13 h 45. Les fonds recueillis lors de cette marche permettront à la SATEDE de maintenir les services offerts aux familles et aux proches qui vivent avec une personne ayant un trouble envahissant du développement, tels que les activités de soutien et de formation, les conférences, le centre de documentation, ainsi que le bulletin d'information.