Évidemment que ça trahit mon âge un brin... Mais bon, l'âge
est une unité de mesure valable, évidemment, mais l'âge ne décrit pas la vie et
la qualité de cette vie. L'âge marque le temps parcouru sur le sentier de notre
vie. On sait qu'il y a un bout au sentier. Mais on souhaite que le chiffre
grandisse et grandisse dans la mesure où on peut encore avancer convenablement
dans le sentier.
Vaste sujet que notre relation avec l'âge.
Mais je m'éloigne du sentier de cette chronique.
Je jette un œil dans ma famille proche et élargie et je
constate (pas besoin d'être un fin renard !) que la génération qui suit celle
de mes enfants pousse comme une fleur.
Ou comme de la mauvaise herbe, comme le disaient nos parents
quand ils constataient que les vêtements achetés en septembre étaient trop
petits en janvier... Eux qui croyaient le dossier réglé pour l'année scolaire !
Elle pousse vite, cette génération. On en prend tellement
conscience quand on est quelques mois sans voir un des rejetons. « Wow ! » T'as
donc bien grandi, toi ! »
Parce que si les générations poussent, elles se répètent
aussi ! Mes parents et mes grands-parents ont répété souvent cette exclamation
sur la croissance des enfants ! En fait, ils le faisaient plus souvent que
nous...il y avait pas mal d'enfants dans le temps !
Une génération, c'est fait pour pousser. Tantôt, c'est la
croissance, tantôt, c'est le fait de pousser la génération d'avant.
Tiens, on dirait que c'est généralement un peu moins vrai
dans notre société actuelle !
Je me souviens de ma vingtaine. Je travaillais avec des
vieux. Des gens plus jeunes que moi, actuellement, j'entends...
Comme tant d'autres, je tapais du pied en attendant mon tour
de grandir dans l'entreprise.
Les choses ont changé. Aujourd'hui, il y a des stratégies de
rétention des « vieux » en entreprise pour ne pas perdre une expertise et, très
souvent, parce que ça ne tape plus du pied tant que ça à la porte des
embauches.
L'utilité des vieux
Je sais, ça fait deux fois que j'appelle la gang des 60 ans,
les vieux. Ce n'est pas par déni, croyez-moi. J'assume mes 64 ans sans l'ombre
d'un problème. Mais dans le contexte, je suis quand même le vieux de
l'histoire !
On établit généralement la durée d'une génération à plus ou
moins 25 ans. Alors, dans ce contexte, depuis les deux dernières générations,
disons que les choses se bousculent !
Le nombre d'enfants par famille a diminué, la relève n'est
pas là. Les enfants ont grandi avec une définition très variable de
l'importance du travail dans la vie. Les moyens de communication ont explosé.
Bref, c'est différent.
À moins d'un déni aussi volontaire que total, il faut bien
voir que les changements climatiques s'accélèrent et que la situation
géopolitique mondiale est chambranlante. Et puis, un constat : la seule qui est
prévisible dans notre système économique, c'est son imprévisibilité...
Mais si les enfants poussent vite, ils apprennent tout aussi
vite !
Mon petit-fils de 8 mois refuse souvent de la nourriture si
elle est servie avec sa cuillère de plastique coloré. Si on en prend une en
métal comme celle utilisée par les grands (avec un plus petit format, quand
même !), il mange.
C'est une anecdote parlante : les enfants apprennent
énormément par mimétisme. Par la copie.
D'où l'importance des vieux et de leurs comportements.
Les vieux posent-ils des gestes solidaires envers autrui,
des fois ? Consomment-ils de façon relativement responsable ? Chiâlent-ils
constamment après tout ? Sacrent-ils aux vidanges tout ce qui brise en courant
en chercher un autre ? S'égosillent-ils tout le temps, en voiture, pour
enguirlander les autres conducteurs ? Sont-ils patients et à l'affût de gestes
concrets pour donner un coup de main à la mesure de leurs moyens ?
L'anecdote de la cuillère est simple.
Mais elle rappelle l'importance de ce qu'on fait.
Les médias sociaux reflètent ce que l'on dit. L'enfant enregistrera
ce que l'on fait encore plus que ce que l'on dit.
C'est un levier qui nous appartient pour aider les
petits-enfants à manœuvrer dans une vie qui leur réserve bien des défis,
disons-le ainsi.
Alors, j'essaie de me rappeler que je tiens la cuillère et
qu'il importe que ce qu'elle a à offrir soit positivement nourrissant...
Clin d'œil de la
semaine
La seule façon de ne pas mourir, c'est encore de
vieillir.