Cette chronique vient quelques jours après l'élection provinciale du mardi 4 septembre.
Le délai n'a rien à voir avec le manque de temps ou la paresse : il importe, parfois, de ne pas tout faire à chaud. De prendre le temps de bien voir. De digérer. De réfléchir.
Mon amie Mélanie demandait, cette semaine : « Est-ce que c'est moi, ou bien on a tout fait ça pour accoucher d'une souris? »
Bonne question.
Ma réponse? La souris prend une importance bien plus grande que ce qu'il y paraît.
J'ai entendu plein de trucs depuis mardi. Des cris de joie pour saluer le départ de M. Charest jusqu'à cette dame de Québec qui publiait, dans La Tribune de samedi, une note par laquelle elle disait aux électeurs de Sherbrooke qu'ils étaient d'une grossièreté inouïe d'avoir voté pour quelqu'un d'autre que M. Charest. Et elle souhaitait tout le mal qui pouvait leur arriver. Calmez-vous, Madame Grant, et respirez : quand la démocratie se résume à une personne, c'est que le système est malade. Remarquez, la dame de Québec a peut-être trop consommé de radio poubelle dans son coin de pays. Comme la cigarette, on ne devrait pas consommer de ça. C'est inutile, désagréable et nocif. Mais bon...
J'ai entendu les discours de M. Charest. S'il est un temps, dans la vie politique, où tout s'oublie et où le temps s'arrête un peu, c'est lorsqu'on quitte cette vie. L'homme est subitement parfait, affable, rassembleur. Il part en disant, textuellement, que la maison est propre. La même expression qu'avait utilisée René Lévesque à son départ. Ça m'a déçu un peu... Le ton et l'intention n'étaient pas les mêmes, cela dit : M. Charest nous dit que la maison est propre. Juste avant la Commission Charbonneau. M. Lévesque demandait de la garder propre, exhortant ainsi les siens à agir de façon responsable.
Qui a raison des deux? Sais pas. Quand un politicien fait son bilan, j'écoute, mais je ne retiens rien. C'est à l'histoire de retenir tout ça. Et ça prend environ cinquante ans pour que le souvenir ne soit plus teinté de la partisanerie ou de l'opinion.
Je ne suis pas malheureux du tout du résultat des élections de mardi dernier. Vraiment pas. Je crois qu'il s'agit d'un pas. Un petit pas vers quelque chose d'autre. Vers une prise en charge de la chose politique par les citoyens. C'est mon rêve. Que le citoyen fasse le pas vers une meilleure connaissance des éléments en place. Qu'il lise les programmes. Qu'il ne se fie pas uniquement aux chroniqueurs de la radio et de l'écrit. Qu'il se bâtisse une opinion. Et qu'il puisse la défendre sans insulter celui qui ne pense pas comme lui.
Au lendemain de l'élection de mardi, je lis ce commentaire : « Ceux qui croient que Cardin va être meilleur pour Sherbrooke que Charest, vous êtes dans le champ solide ». Point. C'est tout. Moi, j'aurais voulu savoir pourquoi. Pas juste lire que ces milliers de personnes, qui ont voté Cardin, dans Sherbrooke, ont ceci en commun qu'ils sont tatas...
Pour argumenter, il faut comprendre. Pour comprendre, il faut savoir. Et réfléchir.
L'élection de mardi n'est pas une souris. Elle fera en sorte qu'un choc des idées se mettra en place. Du moins, je le souhaite. Le peuple a condamné les trois partis à s'entendre sur des réformes. Qu'ils assument cela et avancent avec et malgré cela. Les petits pas sont ceux qui nous mèneront le plus loin. Nous prendrons conscience de chacun de ceux-ci en route.
Je souhaite une révision du mode électoral et je veux des élections à date fixe. Et un maximum de deux mandats pour un chef. Mais je veux bien plus : alors que les radios parlées privées se campent résolument à droite de l'échiquier politique et qu'il en va de même pour de plus en plus de publications, il faut aller ailleurs pour se faire une opinion. Pour bien connaître ce qui se passe. En quoi ça consiste.
Si on ne fait pas cet effort, nous sommes condamnés à demeurer les chiâleux que nous sommes devenus, collectivement. Et tout ça mène à la haine, à la division. Un terreau fertile pour les abus, les écarts de conduite, les attentats, petits et grands.
Clin d'œil de la semaine
Les trois partis ont promis, chacun de leur côté, de faire le ménage. Ils sont pris pour le faire ensemble. Ça devrait être propre, non?