Pour son troisième essai, QUI ME
DIRA LA VÉRITÉ- Complotisme, populisme et guerres culturelles. Les fausses nouvelles
menacent nos démocraties, l'auteur Serge Cabana, gagnant du Prix littéraire
2023 de la Société Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke se penche sur la démocratie
mise en danger par les théories du complot, par l'attrait grandissant du
populisme et par le «wokisme».
Pourquoi tant de gens sont attirés
par des politiciens qui propagent des fausses nouvelles et des théories aussi farfelues
les unes que les autres? Comment les gens sont arrivés à croire, par exemple,
aux mensonges d'un Trump ou d'un Bolsonaro? C'est sur ces questions que Serge
Cabana s'est, notamment, penché. Il a tenté de saisir le succès des leaders
politiques qui bombardent la population de théories du complot et la
fascination, parfois fanatique, que ces politiciens exercent sur elle. Il a aussi analysé le
phénomène «woke», cette nouvelle guerre culturelle, cette «nouvelle religion»
qui rend le discours et les idées divergentes impossibles.
Une insatisfaction de masse
Les personnes qui suivent le discours
populiste ont souvent été déçues par les promesses faites par les gouvernements
antérieurs, selon l'auteur. « Les gens en arrivent à ne plus croirent au système.
Ils ont tellement été désappointés et c'est cette déception qui les amène, entre autres, vers
le populisme. Les leaders politiques manipulateurs en sont bien conscients et
ils exploitent cela», explique Serge Cabana.
Réseaux sociaux, algorithmes et trucages numériques
En matière de désinformation, les
réseaux sociaux, les algorithmes et les trucages numériques arrivent en tête de
liste. « Les réseaux sociaux, je les appelle les armes de désinformation massive,»
mentionne monsieur Cabana. « N'importe qui, maintenant, peut commenter,
«informer» et propager des mensonges. Les politiciens manipulateurs également.»
À ce sujet, lors de son mandat, l'ancien président Trump était passé maître
dans l'art d'exposer «sa» vérité à ses nombreux supporters qui le suivaient sur
son compte Twitter.
«(...) Ces petits et grands
manipulateurs, qui influencent l'opinion publique en exploitant la puissance
des algorithmes des réseaux sociaux, a de quoi inquiéter : c'est notre
démocratie qui est menacée, un certain art de vivre et, aussi, une façon de
penser héritée des Lumières», souligne Serge Cabana.
Les réseaux sociaux sont aussi
devenus les nouvelles formes de lynchages publics, d'après l'auteur. « Nous
pouvons, maintenant, dénoncer une personne sur les réseaux sociaux sans avoir
de preuves», souligne monsieur Cabana. « La victime va être crue immédiatement
et la personne accusée ne pourra pas se défendre. Elle va être tout de suite
jugée.»
Une crise d'évolution
Serge Cabana aborde aussi la question des changements climatiques et de l'inaction
de la classe politique. « Les individus, qui posent des gestes concrets pour
sauver la planète, sont tout à fait en droit d'exiger que leur gouvernement en
fasse autant. Pour sauver la planète, cela prend un changement individuel,
collectif et politique», mentionne Serge Cabana. « Il faut revenir à la nature,
à notre lien avec elle. Les créatifs culturels, qui tendent vers cette
solidarité avec la nature et qui représentent plus de 25% de la population
mondiale pourraient changer les choses, selon monsieur Cabana.
Est-ce que tous ces changements sociétaux qui bouleversent notre rapport
au monde aura une fin heureuse? À cette question, l'auteur demeure positif
malgré tout. «Je garde espoir en demain parce que je vois la crise planétaire
actuelle (changement climatique, crise de la vérité et guerres culturelles
identitaires) comme une CRISE D'ÉVOLUTION. Quand je parle d'« évolution »,
je parle d'un changement majeur, d'un changement de paradigme, dans la
conscience collective, en train de passer d'une « conscience
séparée » (humain/nature) à une conscience planétaire, holistique, où tout
est interrelié. Cette mutation est en cours depuis les années 60 et le point de
bascule collectif approche aujourd'hui à grands pas.En chinois, le mot « crise » signifie aussi
« opportunité ». Les crises représentent - tant pour les individus,
les couples et les sociétés - des occasions de changement, d'évolution. Il fait
encore noir, mais l'aube devrait bientôt pointer son bout du nez», de conclure
Serge Cabana.
Serge Cabana a étudié
au Séminaire de Sherbrooke et il a été directeur des communications à l'Université
de Sherbrooke, de 2005 à 2008. Il est chargé de cours en communication au
campus de Longueuil. Son essai QUI ME DIRA LA VÉRITÉ- Complotisme, populisme
et guerres culturelles. Les fausses nouvelles menacent nos
démocraties est
disponible à la librairie Appalaches, sur la rue Wellington Nord.