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  LE PAPOTIN / Chronique historique

Les origines du Main Central Railway


Par Jacques Robert
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Mercredi le 10 décembre 2014

Le canton de Dudswell a déjà été desservi par deux importants chemins de fer: le Québec Central en service à partir de 1875 et le Main Central de 1889 à 1927. Ces deux voies de fer se croisaient à Dudswell Jonction, situé sur le chemin Georges à environ 2 km du village de Bishopton. Je vous ai raconté les origines du Québec Central, voici celles du Main Central.

À la fin du 19e siècle, les colons qui s'étaient installé dans le Sud des Cantons de l'Est, souffraient grandement du manque de voies de communication, entre autres les Cantons de Eaton, Clifton et Hereford situés au sud de Cookshire. À l'ouest, à quelques miles de là, il y avait bien le Grand Tronc construit en 1852 qui reliait Montréal et Portland[1] en suivant la rivière Coaticook et au nord, l'International Railway Company [2], le fameux chemin Pope (1875), qui partait de Lennoxville et se rendait à Lac-Mégantic en passant par Cookshire. Toutefois, ces chemins de fer étaient beaucoup trop loin pour leurs venir en aide.

Paradoxalement, c'était, depuis 1805, les trois cantons qui avaient bénéficié d'une des premières routes des Cantons de l'Est, c'est à dire le chemin Dudswell-Hereford[3] verbalisée en 1822 mais qui était tortueux et incertains, et la plupart du temps, impassable par endroits dus au manque d'entretient. Les déplacements étaient donc très difficiles et, avec le cheval ou les bœufs, la vitesse dépassait rarement les 5 à 10 kilomètres à l'heure.

En cette fin du 19e siècle, seul un chemin de fer pouvait stimuler l'agriculture locale, promouvoir l'installation de nouveaux colons, permettre le transport d'une variété de produits forestiers et autres produits manufacturiers. En fait, un chemin qui leurs apporterait la prospérité.

Le chemin de fer Hereford Branch Railway Company [4].

En mai 1887, un groupe d'hommes d'affaires, de politiciens et de contribuables de la région décidèrent qu'il était temps d'améliorer cette situation. Les deux principaux promoteurs étaient William Sawyer de Sawyerville et Rufus Henry Pope de Cookshire.

Le premier, William Sawyer, était propriétaire de moulins et de manufactures dans la région. De 1871 à 1886 il fut député conservateur à Québec pour le Conté de Compton. Dans le journal Le Progrès de l'Est du 1er décembre 1883 nous pouvons lire ce qui suit: « ... Ne pouvant arriver au poste d'homme d'état, M. Sawyer tend évidemment à se mettre en train (sans calembour) de devenir un Railway King. » L'article du Pionnier avait été tiré de l'Advertiser.

Le deuxième, Monsieur R.H. Pope, fermier, était le fils du grand homme de Cookshire, John Henry Pope, fermier, marchand de bois, entrepreneur de chemins de fer et politicien. John Henry était en 1886 Ministre fédéral des chemins de fer. Il était également propriétaire majoritaire du chemin de fer International Railway Co. Fiston avait donc un appuis très important dans son projet.

Le 23 juin 1887, par l'Act 50-51, Victoria, ch. 93[5], la compagnie "Hereford Branch Railway Company" [6] est incorporée avec l'autorisation de construire une ligne de 13 miles entre Cookshire et Dudwell et d'acquérir la section Dudswell-Vieux fours construite la même année par la Dominion Lime Ltd [7] qui exploitait une carrière de chaud sur la terre de M. Régean Breton aujourd'hui située sur le chemin Gosford.

Dans cet acte, nous retrouvons les noms de William Sawyer, marchant du canton d'Eaton, John McIntosh, marchant du conté de Compton, Cyrus A. Bailey et Rufus H. Pope, fermier, Alden Learned, hotelier tous du canton d'Eaton et F. Paquette de Hereford, marchant et fondateur du village de Saint-Venant de Paquetteville.[8]

Changement des responsables de la Compagnie

Un tel projet nécessitait évidemment beaucoup d'argent. Les fermiers et commerçants établis le long du tracé avaient acheté plusieurs parts de la compagnie, mais ce n'était pas assez.  Une telle aventure exigeait beaucoup plus de sous.  Souhaitant sans doute desservir ses intérêts dans la région, William Bullock, IVES[9], avocat, homme politique et homme d'affaires se joignit au groupe peu de temps après[10]. Cet homme détenait des intérêts dans la Cookshire Mill Company[11], le moulin de Sawyerville, la Scotstown Lumber Company[12], l'usine de pâte à papier d'East Angus[13] , et la Sherbrooke & Dudswell, Lime and Marble Trading Co.,[14]  de Lime Ridge dont il était le vice-président.

Devenu l'âme dirigeante du projet, il réussit à y intéresser un syndicat d'hommes d'affaires des États-Unis[15], et ensemble ils devinrent les principaux bayeur de fonds de la Compagnie. Ensemble ils fournissaient les trois quart des 800,000$ requis.[16]  IVES sera  finalement nommé président de la compagnie. À la fin de 1888, R.H. Pope, William Sawyer et Armstrong vendent leurs parts dans la Compagnie et se retirent du projet[17].

La compagnie entreprit la construction du chemin ferré sans faire appel aux suscriptions municipales. Elle recevait des subsides des gouvernements de Québec et d'Ottawa, un montant de $4  600 par mille de voie ferrée. La Compagnie fournit elle-même le reste du montant requis. Le coût total de la construction fut calculé à $15 000 par mille en moyenne[18].

« Une fois l'organisation préliminaire accomplie, la Compagnie alla en soumissions. Les travaux de construction furent adjugés à l'entreprise "Enoch G. Sweat", de Woonsockett, R.I. Ce contracteur principal donna immédiatement les mêmes travaux en sous-traitance à Messieurs Sherley, Corbett et Brennan, constructeurs bien connus en Ontario et qui avaient rempli des contrats d'importance pour la Compagnie du Pacifique dans la construction de l'embranchement d'Algoma et de la section du nord du lac Supérieur »[19].

À suivre



[1] En passant par Coaticook et Dixville.

[2] Ce chemin de fer appartient aujourd'hui à la Montreal, Maine & Atlantic Railway impliquée récemment dans la catastrophe de Lac-Mégantic le 6 juillet 2013.

[3] Qui reliait le petit vilage de Dudswell, (situé à la croisée des chemins Bloomfield et Gosford) et Canaan au Vermont.

[4] Le futur chemin de fer Main Central

[5] Hitory of Compton County, page 62.

[6] En 1888, le nom de la ''Hereford Branch Railway Company'' sera changé pour la ''Hereford Railway Company''.

[7] À ne pas confondre avec la Cie Sherbrooke, Dudswell Lime and Marble Trading  installée sur le futur site de Lime

  Ridge qui prendra plus tard le nom de The Dominion Lime Company.

[8] Glimpses into the Past, page 45, by Miss Bertha Maud Maria Weston-Price (Une fille de Dudswell). Et dans History  of  Compton County, page 42.

[9] William B. Ives était le fils de Eli Ives et d'Artemissa Bullock. Eli Ives était médecin à Marbleton et ami personnel

   de  Thomas Shaw Chapman. William B. était le gendre de John Henry Pope ayant épousé sa fille Elizabeth Emma à

   Cookshire.

[10] M. Lessard, Op. cit., p. 119.

[11] La nouvelle firme s'assura rapidement des réserves de bois de 46 000 acres et agrandit la scierie pour en faire une

    entreprise d'importance, dont la production était presque entièrement dirigée vers le marché sud-américain. Cette

    firme dont W.B.Ives devint président et dont la scierie principale, à Scotstown, traitait le bois de la région du mont

    Mégantic. Il avait de ce fait la haute main sur la plus grande partie du bois de sciage produit dans le secteur est de la

    région des Cantons-de-l'Est. (Source: Jean-Pierre Kesteman)

[12] L'entreprise assurant le quasi-monopole du bois dans la région du mont Mégantic et dans l'est des Cantons-de-l'Est.

[13] Usine de papier, La Royal Paper Mills, qu'Ives acheta en 1891.

[14] La future Dominion Lime  de Lime Ridge qui devint la Compagnie Graymond actuelle.

[15] Hon. Frank Jones, Portsmouth, N.H.; Charles Sinclair, Geo. Armstrong, J.P. Cook, of Boston; Hon. Irving W. Drew,

    Geo. Van Dyke, of Lancaster; R.H. Pope, Cookshire; Wm. Sawyer, Sawyerville; and E.C. Swett, Woonsocket, R.I. 

[16] History of Compton County, page 63.

[17] Idem

[18] Idem.

[19] Idem.


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