Depuis quelque temps, le projet de construire entre La Patrie et Scotstown, un sentier de VTT qui joindrait le réseau du Club Quad du Haut-Saint-François pour se diriger vers le Domaine des Appalaches ou, éventuellement, vers Sawyerville en passant dans les frontières mêmes du village, sème la zizanie au sein des habitants de La Patrie.
Les opposants fourbissent leurs armes pour contrer ce projet qu'ils considèrent comme bruyant, polluant et antiécologique. Ce 21 mai, la population est invitée à participer à une soirée d'information publique portant exclusivement sur ce sujet. Lors de la réunion du conseil municipal tenue en avril dernier, Fernand Prévost, le promoteur, avait déposé une demande pour ce faire.
Ginette Lagueux, une des antagonistes du groupe Actes (Association des citoyens pour le droit à la tranquillité et un environnement sain) se bat contre les quads ou VTT, petits 4 roues voyageant hors route (VHR). « Les VTT sont bruyants, ils polluent et ils font enrager ceux qui vivent tout près des pistes. Ça n'apporte rien, ça ne crée pas d'emploi. Ça n'apporte pas de développement économique sinon pour quelques personnes qui possèdent des entreprises dans le village ». De plus, elle souligne que l'autorisation de circuler se situerait entre 7 h et 23 h.
Poursuivant sur sa lancée, elle ajoute que le promoteur pourrait demander au conseil municipal quelque 20 000 $. « C'est tout le monde de La Patrie qui paierait pour un projet que plusieurs refusent. Le conseil serait bien mieux de s'occuper d'achat local, de sentiers de randonnée et de pistes cyclables ». Elle rappelle aussi ce fait de jurisprudence. « Pour être à proximité d'un sentier de VTT, une personne a vu l'évaluation de sa propriété baisser de 30 %. Un juge a exigé que le club de quadistes paie la différence ».
De son côté, Pierre Ruel, cultivateur dont les terres épousent les limites du village, appuie ce projet. « Je l'aide », avoue-t-il simplement. Il souligne que, dans les limites du village, l'Abri-Bois servirait adéquatement de halte avec services pour les quadistes. Ils pourraient emprunter, pour l'instant, une partie des rues Chapleau et Garneau pour atteindre la Racine et descendre sur Chartier pour joindre la 257 (rue Principale) et accéder aux commerces du centre du hameau .
À partir de l'Abri-Bois, le tracé préliminaire longerait la Racine qui jouxte le Bethléem jusqu'au croisement du Petit-Canada Ouest. De là, le sentier bifurquerait vers la Base de plein air pour se rendre dans le rang 8 de Notre-Dame-des-Bois ou permettrait, dans le futur, d'avoir accès à Sawyerville. M. Ruel présume que « de cette façon, les gens du Domaine des Appalaches et de Mégantic pourraient venir nous rencontrer ». En attendant, Fernand Prévost, le promoteur, a déjà commencé les travaux sur ses terres.
Selon M. Prévost, la construction de la piste de VTT relève de son désir de voir l'économie d'une petite municipalité progresser. Depuis deux ans, il siège sur le conseil d'administration de la Coopérative agricole de La Patrie. Il connaît les difficultés de l'épicerie. « Il faut trouver les moyens de la rentabiliser, lance-t-il, ça ne prendrait pas un gros volume de ventes pour la rendre positive et j'ai pensé que les VTT seraient un moyen pour y arriver ». Poursuivant le constat, il faisait remarquer que deux Dodo & Déjeuner avaient fermé leur porte.
Fort de cette idée, le promoteur est allé sonder l'avis des propriétaires de terrains où devrait passer le tracé qui partirait de Scotstown. Un d'eux, rapporte-t-il, s'en est montré enchanté. « On n'est pas capable d'aller nulle part en VTT, c'est une bonne idée de construire ce sentier », aurait-il dit. Jusqu'à présent, M. Prévost aurait obtenu le droit de passage de tous ceux chez qui se dérouleront les sentiers.
Il déplore la mauvaise opinion que cultivent certains citoyens sur la nuisance du bruit et le dérangement qu'occasionnent les VTT. Il affirme que sa camionnette cause beaucoup plus de boucan qu'un 4 roues. À son avis, personne ne pourrait empêcher les quadistes de se rendre au centre du village pour faire le plein, se restaurer ou autres dans un rayon moindre qu'un kilomètre.
En ce qui concerne le financement du projet, M. Prévost en construit une bonne partie par lui-même. Déjà, 1,6 km de sentier est prêt sur ses terres. « Quand j'ai du temps libre, j'en fais un bout », explique-t-il. Selon une rumeur, il aurait demandé une subvention de 20 000 $ à la municipalité. M. Prévost s'en défend bien. « Mais s'ils veulent me le donner, j'cracherai pas dessus, c'est certain ». En attendant d'aller plus avant, il avance l'idée d'organiser le tirage d'un VTT et de prix secondaires de 1 000 $ et 500 $ en collaboration avec le Club quadiste de Lac-Mégantic et les Lions de La Patrie. « Je veux m'assurer que le quadisme est viable avant de lancer le projet », conclut-il.
Pour sa part, Jacques Blais, maire de La Patrie, ne voit pas de problème à ce que les quadistes débarquent dans la municipalité. « Le tracé préliminaire sera sûrement retouché, mais en ce qui me concerne, je ne vois pas d'objection », signifie-t-il. Poursuivant, il explique qu'il s'en tient aux procédures légales concernant tous règlements. « Il y a eu un avis de motion qui a été déposé. Le 21 mai, on aura une soirée d'information publique. Le 4 juin, le conseil adoptera ou non le règlement et il sera acheminé, le cas échéant, au ministère des Transports pour analyse. Le ministère a 90 jours pour répondre », conclut-il.