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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Une grande heure dans la semaine

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi 31 janvier 2022

Ça m'est arrivé tout récemment.

En plein cœur de la semaine, une rencontre, comme ça. Une invitation à une conversation. À un dialogue.

C'est l'histoire d'une personne qui sait que la date de péremption de sa vie est juste là, au détour. Rien de moins. La demande de conversation m'est arrivée via sa conjointe. L'objectif de l'homme? Évidemment, il y a un rapport avec sa mort prochaine. Mais il n'y a pas de sujet précis à l'ordre du jour.

La journée choisie en était une « pas mal bonne » pour lui.

Les gens en fin de vie qualifient souvent leurs journées de "bonne" ou de "moins bonne", ai-je pu constater.

D'entrée de jeu, l'homme me dit : « merci de prendre de votre temps pour moi ». Puis : « je ne sais pas trop pourquoi je tenais à venir vous voir ».

J'ai compris qu'il s'agissait d'une intuition ou quelque chose du genre.

À ce moment-là, je n'en mène pas si large. Mais je laisse les choses s'installer simplement, sans forcer.

D'ailleurs, je vous exprime ce constat fait au fil des années : il n'est pas très utile de se préparer et de viser des objectifs précis quand on a le privilège de faire ce type de rencontre. Parce que, oui, c'est un privilège. C'est une occasion d'entrer en communication avec quelqu'un qui émet le souhait de vous rencontrer.

De façon plus large, le même principe s'applique. Lorsque quelqu'un est en fin de vie et qu'on a la chance de lui parler ou de l'appeler, il faut juste dire oui et se laisser aller. Oublions les « je ne saurai pas quoi dire », "me semble que ça me vient trop me chercher" et autres faux-fuyants. On dit « bonjour » ou « salut ». Ça se peut que ce soit tout. La simple présence fera peut-être le reste. Mais être là. Pour vrai. D'expérience, le reste coule de soi.

Mais bon, je reviens à ma rencontre.

Parce qu'on ne se connaissait ni d'Ève ni d'Adam, j'ai voulu savoir qui il était. Pas juste son job ou sa carrière, mais comme humain. La carrière ou le job ne sont pas toujours les paramètres qui nous définissent le mieux!

« Chacun pour soi, on n'y arrivera pas »

Rapidement, il m'a parlé de voyages, de centres d'intérêt qui étaient les siens. De sa vie. De sa conjointe devenue, une compagne de vie. Le titre ultime, à mon oeil.

J'ouvre une parenthèse ici : bien honnêtement, je me serais attendu à ce qu'il me parle de ses incertitudes par rapport à la mort.

Bien non! Il m'a parlé de ses certitudes. Comme s'il avait besoin de les nommer à quelqu'un. « Vous savez, ce qui va arriver va arriver, je n'y peux rien. Je ne m'inquièterai pas avec ça! »

De sa voix amochée par la maladie et malgré son souffle court, il m'a parlé de l'importance des rencontres vraies entre deux humains. Celles que les médias sociaux nous font parfois oublier. Il s'est toujours nourri de ces rencontres. Première certitude.

Deuxième : il faut aller vers l'autre. Juste pour dire « bonjour ». Le reste suit. Et la paix s'installe. Il parle ici, entre autres, de ses relations avec les communautés culturelles différentes qui font maintenant partie de notre tissu social.

Troisième certitude: de toute façon, on n'a pas de vrai choix. Seul, chacun dans son coin, on n'ira nulle part. Il faut vivre avec sa communauté. Pour vrai. Il faut vivre sa communauté, en fait. C'est vrai pour l'économie circulaire, l'économie de partage, pour les relations avec les voisins. C'est vrai pour briser l'isolement.

Quatrième certitude: on a les moyens de s'informer et de lire sur tant de sujets, bien lisons et apprenons des autres! Le temps investi en lecture n'est jamais complètement perdu.

L'homme était rempli de certitudes de ce genre. Et la conversation allait bon train.

Trois ou quatre fois, les larmes ont monté à ses yeux. Chaque fois, ça suivait une phrase qui impliquait une action qu'il voulait poser. L'image de la fin prochaine venait le frapper dans les côtes. Mais il reprenait ses sens et revenait dans la discussion, sans se soustraire.  

Une grande heure, finalement!

On aurait jasé plus longtemps. Mais son réservoir d'énergie est percé par la maladie.

À la fin de la rencontre, il m'a dit deux choses. Une que je garderai pour moi, mais celle-ci, que je partage : « c'est une bonne journée. J'ai rencontré un humain nouveau! »

Parfois, le privilège d'une rencontre marque une semaine et s'imprime pour bien plus longtemps en nous. Une petite heure qui se fond dans le grand nombre qui vient constituer une semaine.

Une petite heure qui est devenue une grande heure!

Je me souviendrai...

 

Clin d'œil de la semaine

L' « autre » fait parfois un peu peur. Mais nous sommes l' « autre » de quelqu'un...


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