Épuisé. Ce mot est revenu à mainte reprise lors de la
conférence de presse organisée par des organismes communautaires de six
régions, dont l'Estrie. Ainsi, ils demandent au gouvernement de revoir le
financement dédié dans le milieu communautaire qui, selon eux, est inadéquat.
D'autant plus que la COVID-19 est venue empirer la situation.
Dans le cadre de la campagne Engagez-vous pour le
communautaire!, qui réunit plus de 4000 organismes d'action
communautaire autonome dans l'ensemble du Québec, plus de 300 personnes se
sont rassemblées ce mercredi lors d'une rencontre virtuelle afin de « recharger
leurs batteries ».
Les responsables de l'événement en ont également profité
pour envoyer un message au gouvernement. Selon eux, il est plus qu'urgent de
financer les services publics et les organismes d'action communautaire afin de
renforcer le filet social « qu'ils tiennent à bout de bras ». Ce faisant, une
certaine fatigue peut être remarquée dans ses rangs. D'ailleurs, le taux
d'épuisement au sein de groupe de l'Estrie se situerait à plus de 70 %.
« C'est pourquoi nous tenons à rappeler au gouvernement,
qu'en ces temps de pandémie, les organismes continuent de remplir leur part du
contrat social. Le délestage dans le réseau de la santé et des services sociaux
a un impact sur notre milieu qui se retrouve plutôt seul à soutenir le filet
social. Au-delà des fonds d'urgence, nous nous attendons à un soutien du
gouvernement et cela passe par nous faciliter la tâche avec l'approvisionnement
en masques et l'accès à la vaccination, par exemple », explique Claudelle Cyr,
du Regroupement des organismes communautaires de l'Estrie.
« Or, depuis le début de la pandémie, nous avons
l'impression de toujours devoir nous battre, comme si nous quêtions. Ceci
participe grandement à l'épuisement vécu par nos travailleuses et nos
travailleurs », ajoute-t-elle.
Réelle reconnaissance
Les organismes communautaires souhaitent obtenir une réelle
reconnaissance du gouvernement du Québec. En temps de crise, ils répondent
présents depuis le début de ces temps plus difficiles pour la population. Pour
ces organismes, cette situation a également contribué à montrer les faiblesses
du filet social québécois.
« Les gouvernements doivent financer les services publics et
les organismes communautaires adéquatement afin de renforcer notre filet social
fragilisé. Ils doivent aussi s'assurer du respect des droits humains
fondamentaux », insiste Marilou Lépine-Gougeon de la Table ronde des organismes
volontaires d'éducation populaire de l'Estrie.
« [Le gouvernement] doit faire preuve de courage politique
et s'engager, dès maintenant, à améliorer le financement des services publics
et des programmes sociaux pour mettre un terme aux conditions de travail
difficiles dans ces secteurs et pour mettre fin aux inégalités sociales. Il
n'est pas vrai que nous sommes égaux face à la pandémie. Il est pas mal plus
facile de s'isoler quand on vit dans un bungalow avec un terrain que dans un
appartement surpeuplé! Ou encore pire, dans un milieu violent », s'indigne
Claudelle Cyr.
De plus, avec une crise sanitaire qui peut à tout moment
prendre de l'ampleur, les différentes organisations pressent le gouvernement
d'agir. Selon eux, il est grand temps que les élus reconnaissent l'importance
qu'ils apportent et qu'ils s'engagent activement afin de renforcer leurs
capacités d'agir collectivement.