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  CHRONIQUEURS / Être LGBTQ+ en Estrie

Trans ou transphobe ?

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Sammy Par Sammy
Mardi le 8 mars 2022

Une personne trans peut tout à fait être transphobe, ou du moins, avoir des réflexes et des automatismes sociaux qui témoignent d'une transphobie internalisée. Cette transphobie est plus souvent qu'autrement involontaire et socialement apprise. Elle ne témoigne pas d'une haine active d'une personne trans envers une autre personne trans, mais plutôt de l'observation et de l'adoption de croyances transphobes par une personne trans comme réflexe de survie. Non seulement la personne trans est en train de correspondre et de survivre, mais elle peut aussi réagir de cette façon pour justifier la honte qu'elle ressent envers elle-même. Cette honte n'est pas innée, elle est acquise par l'observation de commentaires et comportements sociaux qu'on lui projette dès son début d'affirmation de genre. 

Je sais que je suis transphobe depuis mes 7-8 ans. Je ne suis pas activement transphobe, j'ai simplement une bonne dose de croyances transphobes à déconstruire. J'ai grandi dans un milieu qui véhiculait une tonne de préjugés sur les rôles et les attributs de genre, mais également sur les personnes trans. Avant 2010-2015, il n'y avait pas vraiment de représentations réalistes et saines de personnes trans. Mon entourage n'avait pas particulièrement de connaissances sur la diversité sexuelle et de genres et ne pouvait pas vraiment m'aider à ce sujet. Donc, ayant vécu mon enfance et adolescence entre 1985 et 2000, j'ai eu accès à un modèle assez simple et répétitif de personne trans. Dans ma tête, c'était clair que si j'étais trans, je n'avais qu'une possibilité : être une personne hypersexualisée devant tolérer l'impossible pour être aimée et désirée, ressemblant plus souvent qu'autrement à une farce ou un clown, ne ressemblant jamais au genre à laquelle je m'identifie. La fin de mon histoire, le moment durant lequel on dit généralement qu'ils et elles vécurent heureux jusqu'à la fin des temps, était pour moi un moment qui s'annonçait fatidique. Il n'existait pas de modèle de personne trans heureuse. 

Comment s'exprime la transphobie internalisée ? 

La transphobie internalisée s'exprime sous différentes formes. Pour ma part, j'ai une personne près de moi qui ne croit pas en mon existence. Elle pense que je fais à semblant, que j'essaie d'obtenir de l'attention en m'affirmant non-binaire ou que je suis juste une personne un peu trop stupide pour comprendre le concept de genres. Ses pensées sont complètement incohérentes, mais étant donné son rôle autrefois important dans ma vie (cette personne fait partie de ma famille), elles refont surface souvent dans ma tête. Je me questionne sur ma propre légitimité et ma propre existence. Je ressens sa haine et l'absorbe comme une éponge. Et puis, je me dévalorise en raison de mon identité de genres. À chaque fois qu'une personne dans la rue me regarde avec dégoût, je le vois. Cette haine-là, je n'y donne pas beaucoup d'importance, mais je récolte l'avis un peu comme un sondage. C'est rare les jours ou mon sondage me donne un résultat positif, parce que les personnes mal à l'aise avec la transidentité ou transphobes, il y en a pas mal plus qu'on peut le penser. C'est l'absorption de cette haine que j'appelle transphobie internalisée. 

Donc, lorsqu'on commence à affirmer son ou ses genres, on a plusieurs défis. Le premier est bien entendu d'affirmer cette identité de genres et de soulever les questionnements en lien, d'avoir l'énergie pour ensuite apporter les changements nécessaires à notre bonheur. Le deuxième, c'est de questionner notre entourage et les relations qu'on entretient. Étant donné le peu de personnes réellement non transphobes, il faut choisir avec minutie son entourage, si on a le privilège d'être entouré.es. Troisièmement, un travail de déconstruction de genres se met en marche, autant pour notre propre personne, que comme une réflexion collective. Et puis, finalement, il y a un énorme travail sur soi à faire, pour ne pas se nuire et nuire à d'autres personnes dans notre entourage : il faut décortiquer et déconstruire notre transphobie internalisée. Si j'avais à parier, sans dire que c'est un phénomène universel, considérant la société dont nous faisons partie, je suis pas mal convaincu que c'est un phénomène très commun chez les personnes trans. Bien sûr, cette dernière donnée n'est pas basée sur une étude, elle n'est qu'une opinion, un ressenti. Ça vaut ce que ça vaut. 

Une des conclusions qu'on peut avoir suite à la lecture de cet article est simplement que notre société nous influence que notre genre ait été assigné à la naissance, ou non. La transphobie n'est pas un phénomène réservé aux personnes cisgenres. En même temps, la transphobie internalisée n'est pas nuisible pour une autre personne que la personne le portant et elle disparaît souvent ou s'atténue suite à un travail sur soi. La transphobie active ou systémique des personnes cisgenres contribue à discriminer activement les personnes trans et à les marginaliser davantage. Elle a des impacts réels sur leur vie en général et est l'expression d'un sentiment d'insécurité et d'ignorance de personnes pour une personne ou un genre qu'elles ne connaissent pas. 

La transphobie internalisée est le résultat d'années de persécution, de transphobie systémique et de violences envers les communautés trans, par des personnes ne faisant pas partie des communautés LGBTQ+, ou même certaines en faisant partie. S'attaquer à la transphobie systémique serait un excellent moyen de renforcer la sécurité des personnes trans et de leur donner l'opportunité d'avoir une expérience d'affirmation de genre dépourvue de honte et de haine internalisée.


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