Le jeudi 11 mai prochain à 18h00, le
Musée des beaux-arts de Sherbrooke lancera l'exposition Que serions-nous?
de l'artiste collagiste sherbrookoise
Adèle Blais. Cette exposition présentera une quarantaine de tableaux de femmes
dont l'histoire a perdu la trace ou dont les récits ne leur rendent pas
toujours justice.
Ces femmes n'ont pas été toutes oubliées
et les visiteurs pourront reconnaitre, sans doute, le visage de certaines d'entre
elles. Toutefois, même si elles sont connues leur parcours, leur vie, leur
réalité ont souvent été occultés.
Pourquoi?
La question peut paraître simple,
mais elle est loin de l'être. Pourquoi à travers le temps, les noms des femmes
qui ont accompli des choses exceptionnelles et qui ont changé le monde ne sont pas nommées? Pourquoi, par
exemple, le nom de Rosalind Franklin ne dit rien à personne, alors que nous lui
devons la découverte de l'ADN?
Adèle Blais est une artiste engagée. Réhabiliter
les femmes qui ont marqué l'histoire et leur redonner, enfin, la place qu'elles
ont toujours mérité : voilà ce qui inspire l'artiste. « Je me suis donnée
comme mission de parler des femmes dans l'histoire. Je me suis engagée dans une
mission qui me dépasse. Chaque femme m'enseignait quelque chose sur moi, sur ce que je
ressentais à l'intérieur. Je me suis émancipée grâce à elles», mentionne Adèle
Blais.
En faisant des recherches, l'artiste est remontée
jusqu'à l'époque de la préhistoire. Le but était de comprendre de où venait
cette manie de toujours vouloir mettre les femmes de côté, de les restreindre à
leur ventre et à penser, qu'au fond, elles n'ont pas fait beaucoup de choses
comparativement aux hommes. « Les préhistoriens sont clairs sur ce point :
les femmes en faisaient autant que les hommes à cette époque. Elles n'étaient
pas seulement restreintes dans leur grotte. Elles chassaient le gibier, elles
aussi. Elles étaient d'excellentes chasseuses», explique Adèle Blais.
Mais où
cela remonte cette façon de voir les femmes comme étant inférieures et moins
intelligentes. Est-ce qu'il n'y aurait pas, en quelque part dans le passé, des
pistes de réflexion. « Dans l'Antiquité, Auguste s'est entouré d'érudits afin
qu'ils écrivent sur l'histoire, sur ce qu'ils pouvaient raconter. L'idée était
principalement d'exercer un contrôle politique. Bien sûr, ce sont les récits
des vainqueurs qui ont été écrits. C'est la première fois que l'information
pouvait être accessible sans le bouche à oreille. C'est le pouvoir du messager
qui a pris le dessus et l'histoire a été retransmise de bien des manières et
pas toujours de façon exacte», explique Adèle Blais. Et dans ces récits, la contribution des femmes n'y
a pas été incluse, ou très peu.
Créer un
dialogue
L'artiste insiste vraiment sur ce point : l'exposition
n'est nullement un réquisitoire contre les hommes. « C'est une invitation au
dialogue, à la conversation», précise Adèle Blais. « Il s'agit également d'une
invitation à changer les perceptions et de montrer qu'il n'y a pas de supériorité
entre les hommes et les femmes, mais une égalité.» Je veux montrer que les
femmes, elles aussi, ont fait de grandes choses et qu'il faut en parler», explique-t-elle.
Les femmes
qui ont marqué l'histoire de l'Estrie et du Québec
Adèle Blais a voulu exposer les Estriennes qui ont
marqué la région, dont l'histoire est peu connue du grand public. Parmi
celles -ci, les visiteurs feront la connaissance d'Eva Tanguay, originaire
de Dudswell, qui a été une figure
marquante du show-business au début
du 20e siècle. Anna Canfield, une femme influente de l'Estrie; Florence Louise Bradford, une infirmière née à Saint-Élie-d'Orford et qui a ouvert une maternité privée pour les mères célibataires en 1915 et Monique Béchard, la première femme au Québec a avoir obtenu un doctorat en psychologie font partie, entre autres, de l'exposition. Une belle occasion pour découvrir le parcours hors du commun de ces femmes inspirantes.
Le travail d'Adèle Blais
Pour arriver à déterrer la vie de ces femmes, Adèle
Blais a fait un énorme travail de recherche. Elle a consulté plusieurs
historiens et préhistoriens afin de reconstituer, morceau par morceau, la vie
de ces femmes. Le découpage, le collage, les images, les mots ont tous une
signification. Chaque détail est important. « Il y a une histoire qui est racontée
à travers les collages», mentionne l'artiste. À noter que chaque œuvre est
accompagnée d'une biographie produite par un auteur et une autrice de la région
estrienne.
Que serions-nous?
L'exposition Que serions-nous? est présentée du 11 mai au 3
septembre 2013, au Musée des beaux-arts de Sherbrooke. Les œuvres complètes
d'Adèle Blais sont disponibles au https://www.adeleblais.com/ .