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Notre histoire en archives : Derrière le rideau du photomaton


Par Chloé Ouellet-Riendeau, agente de bureau aux Archives nationales du Québec à Sherbrooke
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Photo : Mosaïque des portraits de membres de la famille Boucher-Bédard et amis, ([vers 1943]). Archives nationales du Québec à Sherbrooke, Fonds Jacques Darche (P5, S1, SS3, D1). Photographe : inconnu.
Bibliothèque et archives nationales du Québec à Sherbrooke Par Bibliothèque et archives nationales du Québec à Sherbrooke
archives.sherbrooke@banq.qc.ca
Jeudi le 8 avril 2021

Mis à part les plus jeunes d'entre nous, qui ne se souvient pas des fameuses cabines photographiques? Il n'y a pas si longtemps, il était possible d'en repérer dans de nombreux centres commerciaux du Québec. Aussi nommées « photomatons », ces machines à portraits sont constituées d'une cabine, d'un siège où s'installe la personne qui désire se faire photographier et d'un appareil qui prend, développe et tire automatiquement les photographies.

Les premières tentatives liées à la cabine photographique remontent aux années 1880, mais le modèle que nous connaissons a été perfectionné à New York en 1925 par Anatol Josepho. Le modèle qu'il invente alors est totalement automatique et produit une image positive sur papier, éliminant d'un seul coup la nécessité du négatif et d'un opérateur. En 1926, Josepho ouvre son studio Photomaton, qui connaît un succès immédiat. À une époque où la photographie est surtout l'affaire de professionnels, l'automatisation rend la pratique plus accessible et abordable. Au départ, on obtient une lisière de 4 portraits pour la modique somme de 25 sous.

En peu de temps, la cabine photographique est adoptée un peu partout dans le monde. Même au milieu de la crise économique des années 1930, le photomaton continue de gagner en popularité. L'engouement atteint un nouveau sommet à partir des années 1950, alors que la famille Grostern introduit les cabines photographiques au Canada en les installant dans les magasins Woolworth du pays. Cette famille pave ainsi le chemin à l'entrée des photomatons dans le quotidien des Canadiens, qui peuvent les utiliser entre autres au cinéma, au centre commercial et, un peu plus tard, dans les stations de métro. 

Dans les années 1970, les cabines produisant des photos en couleur font leur apparition sur le marché. Vingt ans plus tard, le numérique commence tranquillement à supplanter les cabines argentiques : le mécanisme se numérise et il est assisté par ordinateur. Aujourd'hui, au Québec, il est plutôt rare de croiser une cabine photographique, et celles qui sont toujours en opération sont numériques. Mais puisqu'il est possible d'en louer, elles ont encore la cote dans les événements tels que les mariages.

Le photomaton a un côté utilitaire, puisque le format des photos produites est idéal pour les pièces d'identité ou encore les passeports. Par ailleurs, bien que la cabine soit conçue pour un seul sujet à la fois, il est beaucoup plus amusant de partager l'unique siège avec ses amis afin de saisir des moments loufoques, ou encore avec sa douce moitié pour immortaliser un moment romantique sans sentir le regard d'un photographe. Derrière le rideau, les convenances du portrait professionnel laissent place à une certaine liberté.

L'analyse des photos produites par les machines argentiques peut être captivante si l'on s'intéresse au quotidien des gens d'une période précise. Ce type d'images permet de suivre, par exemple, les tendances vestimentaires ou les coiffures à la mode. Contrairement à une photographie professionnelle, où le sujet est arrangé ou mis en scène, le photomaton révèle son sujet tel qu'il est. On peut facilement s'imaginer une personne qui s'arrête à une machine entre deux emplettes, puis une autre qui souhaite tout simplement tuer le temps avant que la représentation d'un film commence.

Le dossier de la famille Bédard-Boucher du fonds Jacques Darche contient plusieurs autres photos du même genre où les sujets se prêtent au jeu du photomaton.

Sources :

BLOCH, Mark (2012). Behind the Curtain: A History of the Photobooth  [site Web]. Consulté le 3 février 2021. http://www.panmodern.com/photobooth.htm

CHAMPAGNE, Stéphane (31 janvier 2012). « L'adieu au photomaton », La Presse [site Web]. Consulté le 3 février 2021. https://www.lapresse.ca/vivre/societe/201201/31/01-4491013-ladieu-au-photomaton.php

FLETCHER, Kenneth R. (septembre 2008). « Four for a Quarter », Smithsonian Magazine [site Web]. Consulté le 3 février 2021.

https://www.smithsonianmag.com/arts-culture/four-for-a-quarter-7651349/

FOLIE-BOIVIN, Émilie (29 mai 2015). « Les boîtes à souvenirs », Le Devoir [site Web]. Consulté le 3 février 2021. https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/441297/les-boites-a-souvenirs

Le Monde (9 juin 2011). « Le Photomaton, un intime absolu », Le Monde [site Web]. Consulté le 3 février 2021.

https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/06/09/raynal-pellicer-le-photomaton-un-intime-absolu_1533859_3260.html

 

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