Le projet de loi sur la vente de produits alcooliques artisanaux en épicerie permettra de belles avancées pour les artisans de ces produits de la région, selon Marco Corbin, copropriétaire de la Halte des Pèlerins. Même son de cloche chez Nicolas Ratté, propriétaire de la microbrasserie Le Vent du Nord.
Déposé par le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, le PL 88 entend entre autres permettre aux détenteurs de permis de production artisanale de vendre leurs produits alcooliques à un titulaire de permis d'épicerie ou directement sur le lieu de transformation, à l'exception des spiritueux et des alcools.
Un horizon d'affaires bien plus vaste
Le dépôt du PL 88 est une excellente nouvelle pour Marco Corbin qui, jusqu'à ce que la loi entre en vigueur, ne peut pas vendre certains de ses produits chez lui, à la Halte des Pèlerins. S'il n'a pas l'intention de quitter le réseau des SAQ, il entend bien élargir ses horizons.
« On parle tout de même de près de 8000 points de vente qui nous seront accessibles, c'est majeur! Et dépendamment des plans d'affaires de chacun, les producteurs, comme nous, pourront se déployer à leur façon et en fonction de leur grandeur. C'est une opportunité de choix qu'on peut maintenant faire pour notre commerce. »
Selon lui, les petits vignobles pourront maintenant combler leurs ventes pendant les périodes moins achalandées en s'associant avec les petites épiceries en région. ce qu'il aime particulièrement, c'est le fait que les producteurs pourront maintenant travailler à proximité du consommateur en raison du nombre passablement élevé d'épiceries à Sherbrooke.
« C'est certain qu'on attend de voir tous les tenants et aboutissants de ce qui sera adopté comme loi au final. Je suis sur le conseil d'administration de l'Association des vignerons et nous participerons à la commission parlementaire. Mais définitivement, c'est très positif comme démarche! »
L'Association des vignerons du Québec regroupe 67 vignobles.
Il manquera la spécialisation...
Aux yeux du propriétaire de la microbrasserie Le Vent du Nord, Nicolas Ratté, le PL 88 est un bon pas dans la bonne direction en permettant de vendre à plus d'endroits les merveilles alcooliques locales. Toutefois, il manquera encore quelque chose.
« La partie n'est pas gagnée pour le producteur, affirme-t-il. C'est bien beau d'ouvrir les valves, encore faut-il connaître le produit pour pouvoir le vendre! Les producteurs devront travailler fort pour que ceux qui vendront mettent en valeur, de meilleure manière possible, leur fruit de leurs efforts. »
Le Vent du Nord est reconnu pour la diversité de son offre et la spécialisation des employés. Nicolas Ratté a par ailleurs embauché un sommelier il y a un peu plus d'un an pour répondre à une demande de plus en plus présente.
« Je travaille avec 90 microbrasseries, explique-t-il. C'est comme si je travaillais pour 90 employeurs. Si je conseille mal, tout le monde est perdant. Les gens ne visiteront pas mon commerce et n'achèteront pas le produit. Il y a tout un travail à faire en amont et en aval à faire, qui dépasse le simple fait de pouvoir vendre dans les épiceries. Je doute que ce sera fait dans les grandes chaînes. Je n'ai pas peur pour mon commerce. Les gens qui voudront les conseils de spécialistes continueront de venir au Vent du Nord. »
Néanmoins, le PL 88 représente une superbe opportunité de diversification de son offre de produits. Dès que la loi entre en vigueur, il proposera les meilleurs produis de la région sur ses tablettes.
« Ça nous donnera beaucoup d'armes pour obtenir des produits locaux et je trouve intéressant le fait de pouvoir bientôt offrir des chose qu'auparavant, le touriste ne pouvait retrouver que sur place.»
Selon lui, le projet de loi 88 aurait dû être déposé et adopté bien avant décembre 2015.
« On a manqué le bateau pour les Fêtes pour que les producteurs, les premiers intéressés, puissent en bénéficier. Même si nous avons encore une limite au niveau du pourcentage d'alcool, je vois le projet de loi d'un bon œil. Je reste à l'affût des détails qui se peaufineront au fil des semaines », conclut-il.
