Les restaurants, les bars et les
boîtes de nuit de l'Estrie ont peine à garder le moral après l'annonce du
gouvernement Legault d'hier soir.
C'est maintenant jusqu'au 11
janvier 2021 que les restaurants, les bars, les boîtes de nuit, les lieux de
diffusion culturelle et les centres d'entraînement, entre autres, seront fermés
- c'est ce que les propriétaires des entreprises espèrent, du moins.
Jongler entre nouvelles mesures et fermeture
Pour Stéphane Goulet, propriétaire
du bar Le Chat Noir et du resto-bar Le Figaro, la réouverture des
établissements comme les siens serait plus plausible en février, voire en mars,
en raison de la période des fêtes. Il concède que l'entrée en zone rouge de l'Estrie
a même été un soulagement pour lui, « parce qu'actuellement, au lieu de
perdre 500$ à chaque fois qu'on ouvre, on perd juste 100$ », précise l'entrepreneur,
qui est également l'un des partenaires chez Événements MG.
À cet effet, Annie Faucher,
propriétaire du resto-bar Le Liverpool, mentionne toutefois que le fait d'être ouvert est ce qui garde en vie les entrepreneurs, surtout après des efforts considérables
pour recevoir la clientèle. Elle mentionne les difficultés auxquelles tous ont
dû faire face quand leurs institutions ont rouvert leurs portes : « On
s'est retroussés les manches, tout le monde a embarqué. Les registres, les
plexiglass, la désinfection, jouer à la
police avec nos clients ... Après avoir fait tous ces efforts-là sans avoir eu d'éclosions
dans nos commerces, c'est illogique. » M. Goulet croit, au moins, que le
retour de la clientèle sera plus facile après la deuxième vague, car les gens
se sont déjà habitués aux mesures sanitaires : « Je pense que la
réouverture va se faire différemment ».
M. Goulet et Mme Faucher s'entendent
également pour dire que la façon dont ont été dépeints les restos-bars et les
boîtes de nuit dans les médias a nui à leurs efforts - efforts pourtant
encouragés par les institutions. Comment convaincre la population que les
établissements du genre sont sécuritaires? En effet, la réputation de ces établissements a pris un dur coup dans la
conscience sociale. « Et est-ce que cette conscience sociale-là a empêché
l'achalandage des bars? Bien entendu », affirme M. Goulet.
Financement
En ce qui concerne les programmes
d'aide financière, Stéphane Goulet et Annie Faucher ont tous deux soulevé la
différence notable entre les enveloppes fédérales et provinciales. « Ce
que [le gouvernement provincial] nous demande au niveau administratif, c'est
complexe, ça décourage les gens », en plus de générer des coûts
supplémentaires liés aux divers services de comptabilité. D'ailleurs, les
enveloppes sont bien plus serrées aux MRC ou aux organismes de gestion de
financement comme Pro-Gestion Estrie, ce
qui fait en sorte que beaucoup moins d'entreprises peuvent en bénéficier.
M. Goulet rajoute que ces aides
sont peu adaptées et peu accessibles à toutes les entreprises. Alors que le
resto-bar Le Figaro se porte bien dans les circonstances, il qualifie la
situation de « catastrophique » en ce qui concerne Le Chat Noir :
« C'est 93 à 94% de mon chiffre d'affaires qui est perdu ». Il
rajoute que le modèle d'affaires des boîtes de nuit est majoritairement basé
sur le profit généré... après 23h. La fermeture hâtive des boîtes de nuit ne change
donc presque rien, puisque la clientèle ne voit même plus l'intérêt de venir.
Il ne voit pas non plus, d'ailleurs, la lumière au bout du tunnel en ce qui
concerne les Événements MG, qui était notamment derrière l'événement Relâche
ton fou!.
En discutant hier avec d'autres
gens du milieu, la propriétaire du Liverpool a fait le constat d'une
problématique qui pèse sur tous les propriétaires de bars: « Il y a le
mot incohérence, c'est sûr, il a le mot incompréhension, mais il y a le mot
mépris qui est sorti. Où est la considération du gouvernement pour ce secteur d'activités
là? ». Certes, elle qui tient à souligner sa nature positive ne cache plus
sa frustration accumulée, et ce, au nom de tous ceux travaillant dans les
restaurants, les bars, les gyms ou encore les salles de spectacle, fermés
depuis jeudi dernier en Estrie.
Le gouvernement a annoncé, le 19
novembre dernier, que les rassemblements d'un maximum de 10 personnes seraient permis
les 24, 25, 26 et 27 décembre, proposant ainsi un contrat moral aux Québécois.