La députée de Compton-Stanstead, France Bonsant, a tenu à réagir aux propos tenus hier par les sénateurs Colin Kenny et Pierre-Claude Nolin, membres du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense qui étaient de passage à Stanstead pour discuter des enjeux frontaliers.
« Sur le fond, plusieurs des propos qu'ils ont tenus sont fondés. Quand le sénateur Nolin déclare que la situation est inacceptable à la frontière et qu'il fait l'analogie avec un boulevard, il a parfaitement raison. Le problème, c'est que la position des deux sénateurs est pour le moins délicate. Ils ont été élus au Sénat sous la bannière de partis politiques fédéraux qui ont laissé notre frontière devenir un boulevard. La situation est même franchement ridicule à certains endroits. Dans Compton-Stanstead, nous avons sept postes douaniers : Chartierville, East Hereford, Hereford Road, Stanhope, Stanstead, Beebe et Rock Island. Pour des raisons évidentes, je ne donnerai pas trop de détails, certains de ces postes sont fermés la nuit, plusieurs agents de douanes travaillent seuls le soir et la nuit », a déploré la députée de Compton-Stanstead.
France Bonsant a également rappelé sa position concernant la situation aux postes de douanes :
« Pour ma part, ça fait cinq ans que je dénonce les problèmes que nous vivons à la frontière et que j'interpelle les gouvernements libéraux et conservateurs successifs. Je ne débarque pas d'un hélicoptère comme les deux sénateurs qui nous ont honorés de leur visite hier. Personnellement, j'habite ici, je travaille ici et je suis imputable aux gens d'ici, pas à
des partis politiques qui m'ont nommée au Sénat pour services rendus. La solution est assez simple et mes propositions ont toujours été très claires. Je propose quatre mesures. Il faut tout d'abord ouvrir tous les postes 24 heures sur 24 partout au Québec. Il faut également mettre fin au travail en solitaire, y compris le soir et la nuit. Ensuite, il faut moderniser l'équipement de communications et l'équipement informatique. Finalement il faut rouvrir les neuf détachements de la GRC qui ont été fermés au Québec par les libéraux et qui n'ont pas été rouverts par le gouvernement conservateur et ce, en dépit du fait que les conservateurs s'y étaient engagés formellement dans leur programme électoral. Nos sénateurs sont dans une drôle de position dans ce dossier, ils se présentent comme des pompiers alors que ce sont leurs partis politiques respectifs qui ont mis le feu dans la maison », a rappelé France Bonsant.
La députée de Compton-Stanstead a par ailleurs rappelé sa position plus générale concernant le Sénat lui-même :
« Quand j'ai appris que les deux sénateurs étaient débarqués chez nous en hélicoptère, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux coûts liés au maintien de cette institution archaïque, inspirée de la monarchie britannique. À l'époque, la noblesse héréditaire anglaise voulait éviter de partager le pouvoir avec le peuple et la Chambre des Lords (composée d'aristocrates qui se transmettaient le titre de père en fils) et devait contrebalancer la chambre des élus du peuple et s'assurer qu'aucune loi contraire aux intérêts de la vieille aristocratie ne puisse être adoptée. Le Canada s'est inspiré du même modèle, mais les sénateurs doivent leur siège à leur affiliation politique. La vieille aristocratie britannique a donc été remplacée par l'aristocratie libérale et conservatrice. Colin Kenny, par exemple, siège au Sénat depuis un quart de siècle. Il a été nommé en 1984 pour services rendus au cabinet de Pierre Elliott Trudeau. Pierre-Claude Nolin, pour sa part, était un des fidèles de Brian Mulroney et a été au nommé au Sénat à l'âge de 43 ans. Dans les règles actuelles, il est donc en fonction jusqu'en 2025. Nous dépensons collectivement, entre 80 et 100 millions par année pour faire vivre cette institution inutile, illégitime et coûteuse. Le Québec a aboli sa propre version du Sénat en 1968. Il est grand temps que le gouvernement fédéral en fasse autant », a conclu France Bonsant, députée du Bloc Québécois de Compton-Stanstead.
Source : Étienne Vézina, attaché de presse de France Bonsant