Lundi 9 juin 2025, le couperet est tombé. Pat Henrichon, une
figure bien connue du micro en Estrie et en Mauricie, a annoncé son
congédiement de la station Énergie. « Malheureusement, mon poste a été supprimé
à Énergie, autant pour l'Estrie que la Mauricie. Pendant mes deux séjours à
Énergie (1997-2015, 2018-2025), ce fut 25 ans que j'ai consacrés à cette marque
que j'ai eue vraiment à cœur », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux.
La radio
traditionnelle en perte de vitesse : l'heure du grand virage ?
Autrefois pilier du paysage médiatique, la radio vit
aujourd'hui une période de turbulence. Elle subit de plein fouet la montée des
plateformes de musique en continu comme Spotify, Apple Music et YouTube. Ces
services proposent une expérience sans publicité, personnalisée, accessible
partout - ce qui séduit particulièrement les jeunes générations, désormais
presque absentes des ondes FM.
Les stations traditionnelles peinent à rivaliser. Le public
déserte, l'écoute passive recule, et avec elle, l'influence culturelle que la
radio exerçait autrefois.
Des revenus
publicitaires en chute libre
Cette désertion entraîne une autre conséquence grave : la
baisse des revenus publicitaires. Les grands annonceurs nationaux ont redirigé
leurs budgets vers les géants du web - Google, Facebook, TikTok, YouTube - qui
offrent un ciblage précis à moindre coût. Même les commerces locaux
investissent désormais davantage dans la publicité numérique que dans leurs
stations de proximité.
Conséquence directe : les revenus des radios s'effondrent.
Les budgets fondent. Moins d'argent signifie moins de personnel, moins de
contenu original... et davantage d'automatisation.
L'automatisation :
solution ou perte d'âme ?
Pour réduire les coûts, plusieurs stations misent sur
l'automatisation. Mais cette solution a un prix. Émissions préenregistrées,
tranches horaires gérées par des logiciels, animation centralisée à Montréal
pour tout le réseau : la radio perd ce qui faisait sa force - sa proximité, sa
spontanéité, sa voix locale.
Elle devient une playlist imposée, sans personnalité ni
interaction. Et les auditeurs le sentent.
Une adaptation en
retard
Pourquoi la radio semble-t-elle si mal préparée au virage
numérique ? Plusieurs pointent un manque d'innovation, une présence
insuffisante sur les plateformes sociales et de baladodiffusion, ainsi que des
applications vieillissantes. Certaines stations tentent de se réinventer par le
podcast ou des contenus exclusifs, mais l'effort reste marginal.
L'avenir passe par
l'audace
La radio peut-elle rebondir ? Oui, mais pas sans audace.
Cela passera par un recentrage sur le contenu local, des initiatives créatives,
des partenariats avec des créateurs numériques et une meilleure intégration aux
usages numériques. Le tout, soutenu par des investissements structurants et une
volonté de reconnecter avec l'auditeur.
Pendant ce temps, des voix familières
disparaissent du paysage sonore québécois. À Sherbrooke comme ailleurs, des
femmes et des hommes de radio - certains présents depuis 10, 15, 25 ans - se
retrouvent sans micro. Et c'est peut-être cela, la vraie perte pour les
auditeurs.