En Estrie, une approche gagne du terrain : la
déprescription. L'histoire d'Angela illustre comment réduire certains
traitements peut aider à retrouver énergie, mobilité et autonomie.
Une vie bouleversée... puis transformée
En 2023, Angela voit sa vie basculer. Une paralysie
temporaire du bas du corps l'empêche de marcher. La douleur est vive, la
réadaptation difficile. À ses médicaments habituels s'ajoutent de nouveaux
traitements pour gérer les symptômes. Rapidement, les effets secondaires
s'accumulent : fatigue extrême, brouillard mental, mobilité réduite.
Pendant des mois, Angela avance à petits pas. Puis on lui
propose une solution encore peu connue du grand public : la déprescription.
L'idée est simple : réduire ou arrêter un médicament qui n'apporte plus de
bénéfices ou qui cause des effets indésirables importants. Le tout se fait en
sécurité, en collaboration avec un professionnel de la santé.
C'est à ce moment que tout commence à changer pour elle.

Angela
Un accompagnement qui change le quotidien
La déprescription devient un tournant dans son parcours.
Plusieurs médicaments, notamment ceux utilisés pour la douleur, le sommeil ou
la dépression, peuvent provoquer somnolence, étourdissements ou perte de
concentration. Ils augmentent même le risque de chutes.
Angela rejoint alors un projet de recherche mené par le
chercheur Benoit Cossette et son équipe au Centre de recherche sur le
vieillissement. Leur objectif : offrir aux personnes de 60 ans et plus un
accompagnement personnalisé pour revoir leur traitement, en collaboration avec
leurs professionnels de la santé.
« Notre projet offre aux personnes de 60 ans et plus un
accompagnement personnalisé pour déprescrire certains médicaments, en
collaboration avec leurs professionnels de la santé. Nous avons à cœur les
besoins réels de chaque personne », explique Benoit Cossette, également membre
du Réseau canadien pour l'usage approprié des médicaments et la déprescription
et professeur à l'Université de Sherbrooke.
L'approche reste flexible. Si la réduction d'une dose
entraîne un inconfort, on ralentit ou on revient en arrière. L'objectif est
clair : préserver la mobilité, l'autonomie et le bien-être des personnes
participantes.
Une piste prometteuse pour les aînés
Plus d'une cinquantaine de personnes ont été recrutées, et
le projet se poursuit. Les résultats sont attendus en 2027. Les chercheurs
pensent que la déprescription pourrait améliorer l'énergie, l'équilibre, la
vitesse de marche et la concentration.
Angela en est déjà convaincue. « La déprescription et ce
projet de recherche ont changé ma vie et ont favorisé ma réadaptation. Petit à
petit, j'ai retrouvé mon énergie et ma vivacité. Je marche mieux. Je pense plus
clairement », confie-t-elle. Elle n'a désormais plus besoin du médicament qui
lui causait des effets indésirables.
Au Canada, trois personnes sur cinq âgées de 65 ans et plus
prennent plus de cinq médicaments sur ordonnance. Ce cumul augmente les risques
d'effets secondaires, avec des conséquences sur la mobilité, la mémoire et même
l'autonomie. La déprescription pourrait réduire ces impacts.
Vers une nouvelle façon d'utiliser les médicaments?
Pour les personnes qui se demandent si leurs traitements
sont toujours adaptés, un simple échange avec un professionnel de la santé peut
ouvrir la voie à une évaluation complète et, au besoin, à un plan de
déprescription sécuritaire.
Le projet recrute toujours des participants. Plus
d'informations sont disponibles sur le site du Centre de recherche sur le
vieillissement : https://www.cdrv.ca/participe-recherche/etude-clinique-sur-la-reduction-des-medicaments-pour-ameliorer-la-mobilite
Source : équipe des relations avec les médias, CIUSSS de
l'Estrie - CHUS