La nouvelle du premier animal transgénique à être approuvé aux fins de l'alimentation humaine a eu l'effet d'une bombe auprès de plusieurs organismes qui mènent de front une lutte contre les OGM. Selon le Réseau canadien sur les biotechnologies, Enviropig est une marque déposée par l'industrie pour designer un cochon génétiquement modifié rejetant moins de phosphore dans ses excréments.
Les AmiEs de la terre de l'Estrie se joignent donc au groupe canadien C- Ban dans leur Campagne contre l'Enviropig et donnent ainsi la chance à différents intervenants tels que M. Victor Blais, producteur de porcs, M. François Bourassa, président de l'UPA et M. Serge Cardin, député fédéral, de s'exprimer sur le sujet.
Dans un bref historique des OGM, M. André Nault des AmiEs de la Terre de l'Estrie, souligne qu'en 1985, les gouvernements canadiens et américains ont décidé de faire une gestion des risques avec les nouveaux produits et non plus l'évaluation du risque. Tout un changement de philosophie qui amena le laxisme que nous connaissons aujourd'hui dans l'approbation des aliments. Notre gouvernement ne fait plus l'évaluation des risques à long terme sur la santé et laisse plutôt aux compagnies le soin de faire la preuve de l'innocuité de leurs nouveaux produits.
Une nouvelle qui suscite plusieurs réactions
M. François Bourassa, président de la section estrienne de l'UPA, exprime certaines de ses inquiétudes. Selon lui, de telles avancées technologiques incitent les agriculteurs à réfléchir sur les enjeux et les impacts des OGM sur le développement de l'agriculture. L'UPA affiche donc une attitude de prudence à l'égard de cette nouvelle technologie. « Les données dont nous disposons actuellement ne permettent pas de statuer sur les risques potentiellement associés à l'utilisation des OGM. C'est pourquoi l'UPA attend du gouvernement fédéral qu'il investisse davantage en recherche pour fournir une contre-expertise aux données du secteur privé et qu'il prévoie un processus de révision indépendant par les pairs (chercheurs) canadiens et étrangers. Un investissement accru en recherche publique devrait contribuer à rendre les producteurs canadiens moins captifs des entreprises semencières et biotechnologiques.» M. Bourassa mentionne également qu'en Estrie, les producteurs de porcs sont inquiets de la réaction des consommateurs et de l'impact qu'aurait un porc transgénique sur les marchés d'exportation.
De son côté, M. Victor Blais, producteur de porcs, souligne que depuis une dizaine d'années, les producteurs de porcs ont diminué le phosphore du lisier par l'ajout de phytase, produisant ainsi un meilleur fertilisant pour leurs terres. Ce nouvel OGM favorise les mégaporcheries, la concentration des animaux et la propagation d'épidémies tout en diminuant du même coup la biodiversité. Ce porc ne répond à aucun besoin pour les producteurs de la région. Au contraire, il nuit à l'agriculture de proximité.
Pour Serge Cardin, la solution passe invariablement par un étiquetage obligatoire des aliments génétiquement modifiés, ce que propose déjà depuis plusieurs années le Bloc Québécois.« Les conservateurs et les libéraux, à la solde de grandes multinationales oeuvrant dans le domaine du transgénique, se sont toujours opposés à l'étiquetage obligatoire des aliments génétiquement modifiés. Or, le secteur de l'alimentation n'est pas différent des autres secteurs commerciaux : tout est question de l'offre et la demande. Je suis convaincu qu'une forte majorité de la population se montrerait pour le moins critique face à ce type d'aliment. Si on lui donnait la chance de savoir ce qu'elle achète, probablement qu'elle s'abstiendrait.»
Source : André Nault- Les AmiEs de la Terre de l'Estrie