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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Du café de quartier à la tombe

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François Fouquet Par François Fouquet
Mardi 11 juin 2024

Les situations font qu'on rencontre des gens. Des gens d'ici. Des gens d'ailleurs.

Ça m'est arrivé cette semaine. Des gens qui débarquaient de la France. Une belle rencontre.

Là-bas, nous disaient-ils, ils se servent des cafés pour organiser des rencontres lors desquelles les gens peuvent échanger sur des sujets divers. La vie, la mort, la société. Ils profitent de ces lieux de rencontre naturels pour créer des moments de discussion un peu plus structurés. Une façon de libérer la parole, disaient-ils.

Un peu sceptique, je me suis demandé pourquoi il fallait libérer la parole, alors que nous évoluons dans un bain quotidien de libre expression!

Les médias sociaux ne nous donnent-ils pas une occasion d'exprimer ce qui nous habite? Le tout sans contrainte de temps, sans exiger de déplacement de notre part, sans bloquer des heures précieuses dans un horaire déjà nettement surchargé?

Comme les choses se superposent dans nos têtes, parfois, il m'est venu cette image de la semaine précédente: dans un cimetière, un regroupement de quelques centaines de personnes de la communauté haïtienne s'est formé pour porter en terre un des leurs. Attristés, certes, mais résolument solidaires. Des gens qui avaient pris soin de tout arrêter dans leur quotidien, qui avaient revêtu leurs plus beaux vêtements et qui, à certains moments, chantaient d'une voix commune un air tout doux, mais rendu puissant par la multiplication des voix regroupées. 

Une communauté qui s'exprimait. Une communauté qui se regroupait.

C'est en croisant les images de ces funérailles à la description entendue des cafés-rencontres de la France que je me suis posé ces questions pourtant simples: et nous, nos cafés, ils sont où? Et elle s'exprime comment, notre communauté, lors des funérailles?

Soudainement, le concept de libérer la parole n'est plus si abstrait!

C'est bien vrai que notre parole est libre au sens où on peut l'exprimer comme on le veut, quand on le veut. Mais une communication réelle demande un émetteur et un récepteur. Elle prend son sens dans l'interaction entre des humains.

Libérer la parole, c'est aussi entendre l'autre sur un même sujet. Sentir que des humains sont réunis autour d'une même préoccupation. Libérer la parole, c'est constater ce que nos mots ont comme impact sur les autres.

Et il y a plus. Bien plus!

Se retrouver avec d'autres membres de notre communauté vient briser l'isolement qui prend un espace démesuré dans notre tissu social.

Alors, voilà tout mon questionnement. Ils sont où nos endroits de rencontre, de nos jours? Les cafés dont les Français parlent, ils existent chez nous? Vous savez, ces endroits où on s'arrête fréquemment pour garder contact avec d'autres humains? Comme le parvis de l'église servait à le faire à une autre époque?

Si je reprends mon image des cafés et des funérailles, je réalise que quand on s'arrête pour un café, on préfère largement les commandes à l'auto qui permettent l'accomplissement de la performance souhaitée de nos journées.

Et quand on va à des funérailles, c'est souvent un très court arrêt comprimé entre deux choses bien plus importantes qu'on a à faire.  

C'est un constat. Pas un jugement. Je ne dis pas que c'est mieux en France ou en Haïti qu'ici. Je constate.

La communication faite entre des humains physiquement regroupés est source de réconfort et crée un sentiment de sécurité, de calme et d'inclusion. Tout le contraire des médias sociaux qui génèrent une anxiété et un isolement maintenant bien documentés. S'ils sont des outils de communication utiles, ils ne remplacent pas la communication réelle.

Et une communauté qui sait se rassembler laisse moins de gens derrière et est bien plus solide. Faites le test : faire tomber quelqu'un qui est seul dans un endroit donné est relativement facile. Mais faire tomber un groupe de personnes bien appuyées les unes aux autres est pas mal plus difficile.

La force du groupe, c'est quand la faiblesse des uns est largement compensée par la force des autres.

 

Clin d'œil de la semaine

"Le groupe s'habitue plus vite à son malheur que l'individu à sa peine."

John Webster


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