La
semaine dernière, je vous parlais des tendances qui marquent l'évolution de nos
paysages personnels respectifs.
De
l'habitation aux vêtements, en passant (pour certains !) par les coupes de
cheveux, tout est bâti autour des tendances qui viennent définir le chemin à
prendre.
Il y a
quelques semaines, deux petits événements, pas reliés mais complémentaires,
sont survenus. Je n'en avais pas fait de cas. Mais ils rebondissaient à tout
bout de champ dans ma tête.
Je vous
raconte.
D'abord,
attablés avec un groupe de personnes proches, voilà que la conversation prend
le chemin du quotidien. Un couple parle de la routine qui devient lourde. De
plus en plus lourde. Un peu comme un métronome dont le tic-tac qui marque le
temps deviendrait de plus en plus sonore, au point d'en être assourdissant.
Une
sorte de supplice de la goutte, version audio.
Ce sont
des personnes relativement bien nanties. Avec des obligations familiales,
certes, mais aussi avec un cercle de proches aimants.
Mais la
routine pèse lourd.
Ils en
ont visiblement marre...
La
deuxième situation.
Au
téléphone, un de mes amis me sert subitement une sorte de déferlante digne
d'Harry Potter : tanné des jeunes au travail, de l'attitude des jeunes, des
prix qui augmentent, de la vitesse de la vie, de tout....
Tout a
le désordre d'une bouffée d'émotions qui vient bousculer les mots, les faisant
sortir à un rythme accéléré qui fait qu'il faut tout remettre en ordre ensuite.
Sur le
coup, je ricanais. C'est un ami proche, je le connais depuis des lunes et il
est expressif. Mais là, ça sonnait étrange.
Un genre
de syndrome moderne
Les deux
anecdotes ne sont pas sorties de nulle part. Il s'agit de l'expression plus ou
moins adroite d'un ressenti qui doit s'exprimer.
Une
résultante du supplice de la goutte dont je parlais tantôt survient : la goutte
qui fait déborder un vase trop plein et qu'on cherche à maîtriser en ravalant
depuis trop longtemps.
Tout
cela explique peut-être en partie la rage au volant. La folie du « tasse-toé »
qu'on sent trop souvent, la colère immensément démesurée quand une chose somme
toute banale nous arrive.
Qu'on
soit plus ou moins nanti, une chose demeure : nous sommes pris dans une spirale
du temps où tout est minuté.
Bien des
journaux, sur leur plateforme électronique, précisent que le texte qu'on nous
propose prendra tant de minutes à lire. Un décompte apparaît à l'écran du
téléviseur pour égrener les secondes restantes avant le début d'une émission au
retour d'une pause commerciale. Avant de cliquer sur une vidéo, on prend la
peine de regarder combien de temps elle dure.
« Estie
que chus tanné ! », disais-je en titre.
Pas
surprenant qu'on s'en prenne à quiconque bouleverse le cours de ces secondes,
minutes et heures qui passent.
Mais
vivre sous pression comme on le fait n'est pas sans conséquences. Je vous
reviens là-dessus la semaine prochaine avec la 3e chronique du trio : À la
recherche de l'équilibre échappé
Clin
d'œil de la semaine
Je pense
à mon ami N'Dji qui demeure au Mali et qui me répétait : « Toi, tu as l'heure,
nous, on a le temps ! »
Il se
bidonnerait de nous voir aller chaque jour !