La CSST a rendu publiques les conclusions de son enquête en lien avec le décès d'un travailleur de Bombardier Produits Récréatifs (BRP), à Valcourt le 9 novembre 2012.
Les inspecteurs de la CSST, Guy Bergeron et Luc Lefebvre, auteurs du rapport d'enquête, concluent à une combinaison de multiples facteurs pour expliquer l'explosion qui a coûté la vie à Sébastien Tardif et grièvement blessé le patrouilleur de l'agence Garda qui l'accompagnait.
Trois causes principales expliquent l'accident. Des modifications ont été apportées au système de distribution d'essence à l'intérieur du centre de recherche de BRP sans qu'un ingénieur ou qu'une personne spécialisée ne soit consultée. Dans un second temps, l'exposition d'un filtre à essence à des surpressions dues aux modifications apportées, combinée à un désalignement avec son support, a provoqué une brèche dans le joint d'étanchéité, causant une fuite d'essence importante. Finalement, quand la porte du garage de l'atelier d'instrumentation où est situé le système de distribution d'essence a été ouverte, un arc électrique a provoqué l'allumage et l'explosion de vapeurs d'essence présentes dans l'atelier d'instrumentation.
« C'est comme un casse-tête : il faut toutes les pièces du puzzle pour qu'il soit complet. Dans ce cas-ci, toutes les pièces ont été réunies pour provoquer l'explosion », ont expliqué les deux inspecteurs.
La prescription d'un an étant écoulée (le 9 novembre 2013), la CSST n'a émis aucun constat d'infraction, aucun blâme ou pénalité envers BRP. « Nous avons jugé qu'il était inopportun d'émettre un blâme à l'encontre de BRP maintenant que la date de prescription est passée », a mentionné Guy Vallée, directeur régional de la CSST en Estrie.
Rappel des faits
Au moment de l'accident, un agent de sécurité effectue une ronde de surveillance au début du quart de nuit. Alors qu'il circule dans le laboratoire du centre de recherche, il constate une odeur inhabituelle d'essence provenant de l'atelier d'instrumentation. Il se dirige vers les cellules dynamométriques et y rencontre un opérateur, Sébastien Tardif. Ensemble, ils cherchent l'origine de l'odeur d'essence en débutant par la porte de garage qui donne sur l'atelier d'instrumentation. Au moment de l'ouverture de la porte de garage, une explosion survient et projette les travailleurs au sol. Ces derniers sont grièvement blessés; M. Tardif décède le lendemain des suites de ses blessures.
À la suite de l'accident, la CSST a interdit certaines activités du centre de recherche, notamment l'accès à la zone la plus touchée par l'explosion, et ce, jusqu'à ce qu'une autorisation d'ingénieur en structure soit obtenue. La CSST a exigé de l'employeur l'obtention, par un ingénieur, d'une attestation de conformité des installations d'essence de BRP.
Réaction de BRP
Les représentants de BRP ont rencontré la CSST lundi dernier et obtenu alors les résultats de l'enquête. Selon la porte-parole de l'entreprise, Johanne Denault, « BRP ne commentera pas le rapport de la CSST. Dès le début, BRP a collaboré à l'enquête et nous allons bien évidemment éplucher le rapport. Nous avons déjà amélioré nos mesures de sécurité sur tous nos sites ainsi que nos mesures d'intervention en cas d'urgence. Des plans de formation aux mesures d'urgence ont aussi été développés pour les membres de notre personnel. »
La CSST rappelle aux employeurs et aux travailleurs l'importance des mesures de sécurité en présence d'essence. Elle rappelle également les mesures de prévention à mettre en place lors de situations inhabituelles ainsi que la réglementation à respecter lors de la modification ou de l'installation de matériel en lien avec un système de distribution d'essence. Rappelons qu'entre 2009 et 2013 au Québec, six travailleurs ont perdu la vie dans des explosions.
Le rapport d'enquête de l'accident et ses annexes sont disponibles sur le site internet de la CSST.