Au début du siècle dans chaque village de la province il y avait
toujours, un bureau de poste, une église, un maréchal-ferrant , une épicerie, une taverne, un garage et un
cordonnier, c'était à eux tous et à leurs façons des lieux des gens et des
commerçants qui contribuaient au développement économique et à l'évolution des
villages d'autrefois.
C'est donc depuis très longtemps et c'est encore comme cela
aujourd'hui, on retrouve presque toujours un cordonnier dans chaque
municipalité et dans chaque grande ville (ou ils sont évidemment plus nombreux
).Sauf qu'aux fils du temps le nombre de cordonneries a drastiquement diminuées
et il reste très peu, car le métier ne s'apprend plus ,il n'y a plus d'école au
Québec, la dernière vague de diplômés en cordonnerie date de 2010,et faute
d'inscriptions, le programme d'études professionnelles dans ce domaine a été
aboli en 2011.
Mais il y en a encore qui
font perdurer le métier de père en fils.

Au centre-ville de
Coaticook, il y a depuis 40 ans un cordonnier, le fils d'un cordonnier montréalais
qui s'y est établi avec sa femme. Il devait devenir mécanicien, domaine dans
lequel il a étudié et été diplômé étant habile ,mais finalement comme son père,
qui pendant une certaine et courte période de sa vie a laissé le métier de
cordonnier, pour tenter sa chance dans un
autre domaine, il est cependant retourner à la cordonnerie .Comme son
père de son côté le fils qui devait devenir mécanicien est donc plus tôt devenu
cordonnier, et il a ouvert son atelier en Estrie ce qu'il ne le regrette pas
d'une semelle :«On a été super bien accueilli ici à Coaticook on arrivait de
Melbourne et on est très heureux on a élevé notre famille ici et l'entreprise
va très bien».
Daniel Lussier est cordonnier et avec sa femme France Émond ils
tiennent à bout de bras depuis le début des années 80 leur petite cordonnerie
rue Child a Coaticook.7 jours sur 7 ils sont ensemble au travail et à la
maison, ce sont des complices naturels, cela saute aux yeux: «On a même plus
besoin de se parler tellement on se connaît! ».Il a appris le métier de
son père « sur le tas comme on dit »et aux fils des mois et des
années il est devenu un cordonnier de métier. Curieusement presque dans tous
les cas, les cordonniers prennent toujours la relève de leur père de qui ils
apprennent aussi les rudiments du métier:« il y avait déjà des écoles avant,
mais il y en a plus et oui presque tous les cordonniers ont appris le métier de
leur père qui lui l'avait appris de son père chez nous c'est la troisième
génération». Le métier a connu ses années creusent début 2000, mais depuis
c'est beaucoup de travail: «C'est vrai que depuis quelques années on a beaucoup
d'ouvrage ce qui est directement lié aux fabricants de chaussures qui de nos
jours fabriquent des chaussures de moins en moins de bonne qualité, c'est fou
,tout ce qui vient de la Chine ne dure pas ,y a même des clients qui me
ramènent des chaussures qu'ils n'ont jamais portées, encore dans la boîte, mais
les semelles sont déjà finis toutes décollées ,je dois avouer que ça fait dur!
Nous confient le cordonnier en souriant!
Daniel Lussier et sa femme réparent donc des souliers et des
bottes, des ceintures et toutes sortes de choses: «J'ai déjà réparé des
intérieurs de portes d'une vieille Porche des années 50, mais de son côté sa
conjointe répare beaucoup de vêtements: «Beaucoup
beaucoup de zipper!! Avoue Mme Émond et beaucoup de remplacement de genoux! Un
peu comme les chaussures fabriquées en Chine les vêtements (spécialement
d'hiver) ne sont pas très résistants, ils se percent juste à les
regarder! ».En équipe, mais chacun dans sa zone ils réparent de plus
en plus de chaussures dues aux moins bonne qualité de celles-ci, mais ils
touchent a plein de choses aussi chacun de leur côté de l'atelier :«France
s'est là, a sa machine a coudre et moi c'est ici devant la mienne et
contrairement a ce que l'on peut penser même si on est presque tout le temps
assis, c'est assez physique comme boulot, c'est également un travail
qui demande de la force physique, de l'habileté, de la dextérité
manuelle et une bonne vision». Un peu curieusement l'évolution technologique
n'a pas vraiment suivi chez les cordonniers qui utilisent encore des outils
traditionnels comme des marteaux, des emporte-pièces ,sorte de pince qui
sert à percer les trous où passeront les lacets, des molettes, des râpes, qui
servent à enlever les bavures de la semelle et du talon ,des fers chauds, des
aiguilles de toutes tailles, de la colle, etc. «Mais non absolument rien qui se contrôle
avec un ordinateur ou un téléphone et ça me dérange pas ben ben». Et en ce qui
concerne le proverbe Cordonnier mal chaussé!« Ce n'est pas tout fait faux, ont
porté souvent les mêmes bottines!
En terminant pour les curieux un peu d'histoire:
Ce que l'on sait déjà: Un cordonnier est
une personne qui fabrique ou répare des chaussures.
Mais le mot Cordonnier vient d' où ?
Certains documents disent que le mot vient de corde, car
les premiers cordonniers utilisaient des cordes pour fabriquer des chaussures. Une
légende merveilleuse de son côté raconte que selon un historien français le
cordonnier vient de « cors » (les chaussures donnant des cors) une autre étymologie
propose a son tour que le mot cordonnier remonte au mot cordouan : cuir, mot qualifiant la
ville de Cordoue où
le cuir était travaillé. Mais au sens premier le cordonnier est l'artisan qui fabrique
des souliers, bottes, mules et pantoufles, en cuir, surtout en peau de cochon.
Ceux qui les réparaient à l'époque étaient appelés « Raccommodeurs de
souliers » ou «Cordonniers». De plus avant le XIVe siècle, il n'y avait
pas de cordonniers parce que le cuir était extrêmement rare. On ne l'utilisait
guère que pour la sellerie et pour l'équipement militaire. Les chaussures
civiles elles, se confectionnaient en drap, en feutre, ou en étoffes plus ou
moins riches et étaient l'œuvre des chanssetiers, savetiers et chaussées.
Ah oui j'oubliais le métier de cordonnier compte, sur les pages
de son « livre d'or, plusieurs noms célèbres. Le philosophe Simon d'Athènes,
ami de Socrate, était fabricant de sandales. Le pape Urbain IV était
cordonnier, à Troyes. Hans Sachs, cordonnier à Nuremberg, au XVI6 siècle, est
un des grands poètes populaires de l'Allemagne. Au XVIIe siècle, un cordonnier
d'Amiens, Benoît Baudoin, entre à l'Académie française et publie de remarquables
travaux d'histoire. Georges Fox, fondateur de la secte des Quakers, était
cordonnier. Enfin, Tolstoï quittait souvent sa plume de génial écrivain, pour
prendre en main le tranchet du cordonnier-amateur.
Et fait assez surprenant
également, dans les années 1800 des
cordonniers se sont organisés une sorte d'association secrète appelée
« Compagnons du Devoir » alors que pour devenir compagnon, l'apprenti
recevait le baptême au cours d'une
cérémonie solennelle, et on lui donne un parrain et une marraine en lui faisait
jurer, sur sa foi, et sur sa part de paradis, de ne rien révéler de ce
qu'il pourra connaître des réunions des Compagnons du Devoir.
S'il existait encore de nos jours il est certain que l'on ne les
lâcherait pas d'une semelle!!