Ça devait durer deux heures. Ç'a duré trois heures, à mon réel grand bonheur!
Je ne m'étais fait aucune idée, mais, de toute façon, ce fut encore mieux que ce que j'aurais pu imaginer. C'était parfait. Savez, ce genre de moments dans la vie où tu n'aurais pas voulu être ailleurs. Ç'en était!
En fait, il ne manquait qu'une chose. J'aurais voulu que tous les gens que j'aime y soient. Ils ne pouvaient pas vraiment passer à côté de ça... mais visiblement, c'est moi qu'on avait choisie pour transmettre la bonne nouvelle.
Je devais avoir les yeux ronds comme des billes, les oreilles grandes ouvertes, la langue aux aguets, le sourire aux lèvres et la salive qui coulait sur le bord de ma bouche.
J'étais dans la cuisine du Café Massawippi, le vrai : l'établissement bien connu de North Hatley, avec, pas très loin, son chef. Le vrai aussi : Dominic Tremblay.
Croyez-le ou non, c'est lui-même qui est venu m'accueillir quand, toute gênée, j'y suis entrée.
J'avais rendez-vous avec une douzaine d'autres apprentis inconnus pour un cours de cuisine sur les petites bouchées que l'on sert dans les coquetels dinatoires. Ma passion. En fait, la cuisine est une véritable passion pour moi, mais les petites bouchées : j'en rêve la nuit continuellement. Demandez-le à mes amies, des partys « petites bouchées », je dois en organiser trois à quatre par année!
J'ai pris des notes en grande quantité. Je reproduirai.
J'ai aussi enfilé le potage de panais, la bouchée de saumon, le gravlax, la polenta au crabe, les acras de végé-pâté, le saumon poêlé, le tartare de cerf, le tartare de bœuf, le pétoncle poêlé, le ceviche de pétoncles et le dessert comme si c'était la dernière fois.
Tout était parfait. L'équilibre. Les saveurs. Une foule de petits bonheurs accumulés.
En plus, j'ai toujours rêvé de faire un tartare de boeuf. Là, non seulement il m'a donné la chance de le réaliser, m'a aussi donné LA recette et m'a confirmé, quand il l'a gouté, que ce n'était pas si pire... quelle fierté! Wow!
Dominic Tremblay est un chic type. Un généreux comme on en voit peu. Il répond aux questions sans contenir les informations. Il est drôle et sait être clair. Tout ce qu'on veut d'un chef. Pas pour rien qu'il est sur ma liste de mes préférés. Pas pour rien non plus qu'il a la réputation qu'il a.
Y'a aussi Mathieu. Son acolyte. Disons qu'ils font une belle équipe! Un jeune passionné!
Je suis donc ressortie du Café Massawippi samedi avec la tête pleine d'idées. La preuve : hier, pour un lundi tranquille, j'ai servi à mon amoureux un tartare de saumon dans de vrais plats de service à petites bouchées avec des raviolis maison de crevettes au fromage de chèvre. Je l'ai impressionné, mais sans trop m'en vanter, il y avait un peu de Tremblay dans tout ça.
Maintenant, si j'étais une cliente assidue, je compte bien devenir une étudiante assidue. Cependant, à mon grand malheur, tous les prochains cours sont pleins. Plus de place.
Mais en fouillant le site Internet du restaurant, je me suis trouvée un autre défi : vivre l'expérience de chef d'un jour! Qui vient manger ce soir-là?