Les informations
circulant à l'effet que le gouvernement du Québec songerait à abolir les
Centres locaux de développement (CLD) au Québec tout en laissant la discrétion
aux MRC le choix de maintenir ou non son CLD avec un budget amputé d'au moins
50 % cause un remous dans les différentes communautés de la province.
L'impact d'une telle décision, estiment les intervenants du milieu, serait
néfaste pour le développement du territoire et pourrait se traduire par une
perte de quatre à cinq emplois pour l'organisme du Haut-Saint-François.
Rencontrés vendredi passé, Nicole Robert,
préfet de la MRC et présidente du CLD du Haut-Saint-François, ainsi que Dominic
Provost et Gaétane Plamondon, respectivement directeur général et membre du
conseil d'administration de l'organisme de développement économique, ont brossé
un portrait peu reluisant de la situation et ce à partir d'informations qu'ils
disposaient. Le gouvernement s'apprêterait à couper l'enveloppe accordée aux
120 CLD du Québec de 40 M$ la faisant passer de 72 M$ à 32 M$.
Pour le CLD du Haut-Saint-François, cela représenterait un manque à gagner de
plus ou moins 380 000 $. Mme Robert admet que les municipalités
ne pourront combler cet écart. Selon M. Provost, cette diminution
financière signifierait la perte de quatre à cinq emplois. Avec de telles
coupures, il y aura une réflexion profonde à faire et des choix difficiles à
effectuer. Aux dires des intervenants, ça deviendra impossible par exemple
d'accompagner le développement de la zone agricole, de soutenir celui du secteur touristique ou encore de suivre
proactivement les entreprises nouvellement démarrées. Mme Robert mentionne
que la MRC poursuivra le développement économique, mais sans préciser sous quelle
forme !
« Il va falloir faire avec ce qui reste, mais ça nous prend un bras de
développement économique. »
Si le gouvernement poursuit dans sa volonté
d'abolir les CLD, ça sera la santé économique des régions qui risque d'en
souffrir, laissent entendre les interlocuteurs. Mme Robert mentionne qu'au
niveau local « nos conseillers ont assisté au cours des cinq dernières
années plus de 150 projets d'entreprises et participé à des projets
d'investissement de plus de 33,8 M$ sur notre territoire. C'est plus de
800 emplois qui ont été créés et consolidés. Sans ces projets, nous perdons des
emplois et sans ces emplois, c'est toute notre Municipalité régionale de comté
(MRC) qui se vide de sa population. » Mme Plamondon, copropriétaire
de Tardif Diesel, ajoute « je trouve aberrant de couper dans quelque chose
qui fonctionne. Si nous, on n'avait pas eu le CLD, on ne serait pas là où on
est présentement. Juste chez nous, ce serait 30 emplois de moins, beaucoup de
jeunes employés et de jeunes familles qui ne se seraient pas installés chez
nous. »
Outre l'aide directe aux entreprises,
M. Provost mentionne que de nombreux projets collectifs sont supportés par
les ressources humaines et financières du CLD. Il souligne à titre d'exemple le
Chemin des Cantons, le Parc régional du marais des Scots ainsi que le
développement d'Internet haute vitesse.
Les trois représentants du CLD ajoutent que
l'organisme de développement économique est collecté sur le milieu dont les
priorités sont décidées par les entrepreneurs et élus municipaux situés au
coeur même du développement local. On précise que le rôle de cet outil de
développement est encore plus important en région et joue un rôle déterminant
quant à la vitalité économique des milieux. D'autre part, Mme Plamondon
ajoute qu'il est faux, de la part du gouvernement, de prétendre que les frais
d'administration sont élevés. Elle souligne le travail bénévole des
administrateurs et le souci de maintenir une gestion serrée. On mentionne dans
un communiqué de presse, « comparativement aux organisations
gouvernementales, les services sont dispensés à une fraction du coût,
permettant d'offrir plus de services à la communauté pour les mêmes dollars
investis. On ajoute qu'en étant près du milieu, les intervenants sont hautement
imputables des résultats attendus et consacrent peu de leurs ressources à la
gestion et administrent les deniers publics avec rigueur sous la responsabilité
d'un conseil d'administration formé d'élus municipaux et de représentants du
milieu. »
Campagne d'appui
À l'échelle provinciale,
l'Association des Centres locaux de développement du Québec (l'ACLDQ) et son
président, Yves Maurais, invitent les gens à participer à la campagne de
sensibilisation 2.0 Jamais sans #moncld. L'objectif vise à interpeller la
population, les entrepreneurs, les élus et bien sûr les 1 350 professionnels et
3 000 bénévoles qui forment le réseau des CLD et leurs partenaires pour contrer
activement cette avenue. « Jamais sans #moncld est là pour rappeler
l'importance de maintenir l'expertise locale, la connaissance des enjeux locaux
et la neutralité des décisions par des professionnels, insiste M. Maurais.
Nous en appelons à la résilience de nos membres. La richesse du Québec passe
par les petites entreprises et nous devons continuer de les soutenir », renchérit-il.
D'ailleurs, des lettres d'appuis envers le CLD sont également disponibles. Il
suffit d'y apposer le logo de l'entreprise, le nom du responsable et
l'acheminer aux adresses déjà inscrites pour le député de Mégantic, Ghislain
Bolduc ainsi qu'aux ministres Jacques Daoust, Jean-Denis Girard et Pierre
Paradis.