L'Université de Sherbrooke, Enerkem, Fractal Systems et CRB Innovations ont reçu un prestigieux prix Synergie pour l'innovation du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG).
Ce prix récompense le partenariat fructueux dans les technologies vertes qui s'est établi grâce au génie, à la vision et au sens des affaires du professeur Esteban Chornet. Ensemble, ils visent à développer des alternatives énergétiques qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre en détournant les déchets des sites d'enfouissement pour les transformer en éthanol, en développant des biocarburants à partir de biomasse résiduelle et en déstructurant des pétroles lourds pour les rendre plus aptes à leur valorisation.
Joindre l'énergie et l'environnement
L'extraordinaire partenariat entre les chercheurs universitaires et les entreprises découlant du fruit de leurs recherches sert de modèle auprès des universités canadiennes. L'étroite synergie entre l'Université et Enerkem a mené directement à la création de la Chaire industrielle en éthanol cellulosique et biocarburants de 2e génération. De plus, Enerkem met sur pied des projets de recherche pour des étudiants aux cycles supérieurs à l'intérieur de ses laboratoires, ce qui leur permet d'acquérir une précieuse expérience de recherche en milieu industriel.
« La jonction entre les domaines de l'énergie et de l'environnement est un secteur de développement privilégié à l'Université de Sherbrooke, souligne le vice-recteur à la recherche, le professeur Jacques Beauvais. Cette spécialisation a mené à la formation de nombreux étudiants de tous les cycles qui représentent une main-d'œuvre hautement qualifiée pour les entreprises. »
À terme, les activités du groupe devraient impacter le secteur énergétique en réduisant la consommation globale de produits pétroliers et augmentant leur durabilité. Selon le professeur Chornet, l'éthanol fabriqué à partir de déchets agricoles et de résidus de bois ainsi que de la fraction non recyclable des résidus urbains aura un cycle de vie plus favorable. Il sera aussi plus efficace en terme d'énergie et économiquement plus intéressant que l'éthanol traditionnel issu de l'amidon du maïs ou du blé. « Nous allons régler deux problèmes : la diminution des émissions de gaz à effet de serre ainsi que l'approvisionnement en énergie. Tout cela en plus de créer un nouveau secteur d'affaires », s'exclame-t-il. Leader mondial dans le domaine, Enerkem Technologies dispose en effet d'un marché qui dépasse largement les frontières du Québec et du Canada.
L'originalité des recherches du professeur Esteban Chornet a propulsé l'Université de Sherbrooke et toute l'Estrie sur la scène internationale des technologies vertes. Depuis les années 1970, ses travaux ont mené à la formation de 85 étudiants diplômés aux cycles supérieurs dont 18 doctorats.
Cette équipe de chercheurs de l'Université s'est intéressée aux alternatives énergétiques depuis la « crise énergétique » des années 1970. Leurs efforts prendront un virage important au milieu des années 1990 lorsque la composante environnementale est apparue comme une nécessité sociétale visant le développement durable. S'ajoutent alors des recherches complémentaires au National Renewable Energy Laboratory du Colorado aux États-Unis, codirigées par le professeur Chornet. L'ensemble de ces travaux sont devenus la référence scientifique sur laquelle repose le développement technologique ultérieur effectué par le modèle entrepreneurial menant à la création d'entreprises telles Fractal Systems et CRB Innovations en 2006 et plus particulièrement Enerkem en 1999, le fleuron de ce groupe.
Au Canada, l'objectif est de fournir des biocarburants, de l'éthanol de deuxième génération, visant à rencontrer les mandats fédéraux et provinciaux qui exigent un minimum de 5 % d'éthanol dans l'essence dès 2010. Enerkem déploie, depuis avril 2009, un projet de démonstration à Westbury. Il produira 5 millions de litres/an à partir de biomasses déclassées, comme les poteaux électriques usagés et les traverses de chemin de fer. En partenariat avec Ethanol Greenfield, deux projets commerciaux ont lieu à Edmonton et à Varennes, chacun produisant 40 millions de litres/an. À Edmonton, Enerkem installe également une unité pilote pour étendre les applications de la technologie à d'autres résidus, notamment des résidus pétroliers.
L'enfouissement zéro
Enerkem est vouée à la valorisation de biomasses hétérogènes, telles que les déchets urbains d'origine résidentielle, institutionnelle, commerciale ou provenant des petites industries. Son but : l'enfouissement zéro.
L'entreprise, forte des concepts de base provenant en partie de l'Université, a développé sa plateforme technologique de gazéification.
Enerkem a testé cette technologie en Espagne en utilisant des résidus en plastique. Elle mène aussi un projet au Royaume-Uni visant la production d'électricité à partir de résidus résidentiels. Aujourd'hui, Enerkem emploie 52 personnes; une forte proportion de ses scientifiques et ingénieurs ont été formés à l'UdeS à l'aide de projets de recherche du professeur Chornet.
Des énergies alternatives vertes
CRB et Fractal sont les entreprises responsables des technologies de déstructuration et de fractionnement, technologies ayant été initiées à l'UdeS. Ces technologies sont appliquées aussi bien à la biomasse (CRB) qu'à des pétroles lourds (Fractal). Le résultat est la production d'intermédiaires plus uniformes et plus facilement valorisables que les matières initiales. Une unité de démonstration a été installée en juin 2008 en Alberta sur un terrain de production de pétrole lourd. Cette unité traite 300 barils/jour et permet de réduire la viscosité et la densité du pétrole lourd, ce qui facilite et diminue l'énergie requise pour son transport et en facilite la valorisation.
L'entreprise CRB, quant à elle, ouvre la voie vers la coproduction de biocarburants et de bioproduits de type « chimie verte » à partir de biomasses résiduaires ayant une certaine homogénéité. Il s'agit d'ouvrir un nouveau secteur industriel qui essaie de rendre la filière éthanol compatible avec la coproduction de fibres et de bioproduits à valeur ajoutée à partir de la matière ligneuse. Fractal et CRB emploient 15 personnes hautement qualifiées.
Source : Caroline Dubois, conseillère en relations médias
