Les nouveaux seuils d'immigration annoncés par le
gouvernement du Québec ne répondent pas aux besoins du marché du travail,
estiment la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre
de commerce et d'industrie de Sherbrooke (CCIS). Les deux organisations jugent
ces seuils nettement insuffisants pour combler la pénurie de main-d'œuvre qui
freine déjà plusieurs secteurs clés de l'économie.
Des besoins
économiques criants
Selon la FCCQ, les entreprises québécoises auront besoin de
106 000 nouveaux travailleurs au cours des quatre prochaines années pour
maintenir leurs activités et assurer leur croissance. Or, le seuil fixé par le
gouvernement à 45 000 nouveaux arrivants par an serait loin de combler cette
demande.
« Avec 123 000 postes vacants et 1 million de départs à la
retraite prévus d'ici 2033, le Québec devra impérativement accueillir davantage
de travailleurs issus de l'immigration pour soutenir son économie », a déclaré
Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ. Elle ajoute que
ces limites risquent de compromettre la réalisation de grands projets
d'infrastructure et le développement régional.
Dans la région de l'Estrie, la situation est particulièrement
préoccupante. Selon Bruno Mecatti, président de la CCIS, près d'un tiers des
employés en production sont des travailleurs étrangers. Leur absence pourrait
mettre en péril plus de 171 millions de dollars en chiffre d'affaires annuel
pour les entreprises locales.
Des conséquences pour
les secteurs clés
La FCCQ et la CCIS rappellent que ces nouveaux seuils
s'ajoutent aux restrictions imposées depuis un an au programme des travailleurs
étrangers temporaires, entraînant déjà le départ de milliers d'employés. Cet
effet combiné risque d'être désastreux pour des secteurs comme le
manufacturier, le tourisme, l'hôtellerie et le commerce de détail.
Les deux organisations insistent sur la nécessité de mesurer
la capacité d'accueil réelle du Québec et d'adapter les politiques
d'immigration en fonction des besoins économiques. Elles estiment que le plan
gouvernemental manque d'une analyse chiffrée et détaillée à ce sujet. Elles
suggèrent d'augmenter cette capacité, notamment par la construction de nouveaux
logements.
L'abolition du PEQ
inquiète les entreprises
La FCCQ et la CCIS se disent également fermement opposées à
l'abolition du Programme de l'expérience québécoise (PEQ), qui constituait
selon elles le seul moyen prévisible pour les travailleurs temporaires d'obtenir
la résidence permanente. Ce programme représentait un outil essentiel pour les
employeurs souhaitant retenir leurs employés qualifiés.
Une vision économique
à réajuster
Les milieux d'affaires lancent un message clair : le Québec
doit aligner sa politique d'immigration sur la réalité du marché du travail.
Sans une main-d'œuvre suffisante, les régions risquent de perdre en dynamisme
et en compétitivité.
Source : Mélanie Côté, directrice générale, Chambres de
commerce et d'industrie de Sherbrooke