Sonia
Bolduc a lancé, le 11 octobre dernier, son premier recueil de poésie
intitulé quand tu mourras. À travers 150 courts poèmes, qui
commencent par les trois mots du titre, l'autrice raconte son obsession pour la
mort afin, dit-elle, «de mieux exister».
Des poèmes d'une insoutenable vérité
Les
poèmes de Sonia Bolduc peuvent être parfois difficiles à lire tellement ils
débordent de vérité. La mort y est décrite avec des mots simples, mais
percutants. Le recueil aborde une mort remplie d'indifférence de la part des
proches et des collègues de travail, de la vie qui survit à la nôtre et que
notre passage sur Terre est d'une grande banalité.
« quand tu mourras, le service rh
mettra trois jours ouvrables à te remplacer
ta tasse et tes photos traîneront
toujours sur ton bureau
il faudrait bien trouver une petite
boite pour tout ramasser»
- poème tiré du recueil quand
tu mourras
L'autrice
décrit également la mort douloureusement vécue par l'entourage, notamment,
lorsque celle-ci reste sans réponse : « quand tu mourras, on ne
retrouvera jamais ton corps et ça nous obligera à espérer.» Sonia
Bolduc écrit aussi sur la peur que l'être aimé quitte ce monde avant
nous: « quand tu mourras, ne pars pas sans moi».
Pour
écrire son recueil, Sonia Bolduc a «dû faire mourir tout le monde» qu'elle
connaissait. Elle s'est inspirée, parfois, de leur propre histoire et de la
sienne. « J'ai écrit la mort des gens de mon entourage», mentionne-t-elle.«Ce
fut une expérience pénible à certains égards puisque l'idée de la mort, de ma
propre mort m'a toujours obsédée.

« À 7 ans, en jouant dehors, j'ai eu la révélation que j'étais
éternelle... Sauf qu'il ne fallait pas que je le dise, sinon ça s'annulait.
J'imagine que c'était une façon inconsciente de calmer ma peur déjà de la mort», explique celle qui
fut journaliste pour La Tribune pendant de nombreuses années.
L'autrice écrit, entre autres, sur les projets qui ne sont jamais réalisés, sur
la nécessité de vivre dans l'instant présent et sur l'importance d'entendre nos
objectifs avant qu'il ne soit trop tard.
«quand tu mourras, à peine douze jours
après le début de cette retraite que tu attendais si impatiemment tes projets
resteront entassés sur le manteau de la cheminée»
- poème tiré du recueil quand
tu mourras
À
travers les pages du recueil, Sonia Bolduc amène le lecteur, en quelque sorte,
à entamer un processus de réflexion sur son propre rapport à la mort. À l'image
de l'autrice, le lecteur peut, peut-être, s'en servir afin de l'aider à
profiter pleinement de son existence, de profiter de son passage sur la planète
et de s'interroger sur ce qu'il laissera une fois qu'il l'aura quittée.