Société Arts & culture Sports Chroniqueurs Concours Annonces Classées

  VOYAGES GASTRONOMIE / Découvrir le monde

Paga: le village où cohabitent humains et crocodiles!

 Imprimer   Envoyer 
David Beaulieu Par David Beaulieu
Lundi 27 juillet 2015

Jamais je n'aurais cru ça possible! Quelqu'un m'en avait parlé plus au sud, à Tamale, au Ghana, mais je ne m'imaginais pas que l'étang rempli de crocodiles en question était si près des habitations ni que les gens partageaient littéralement ce point d'eau avec ces créatures préhistoriques.  

Paga est situé totalement au nord du Ghana, près de Navrongo, à la frontière du Burkina Faso. Mes deux partenaires de voyage et moi-même avons fait le trajet de 8 heures en autobus public depuis Wa dans le seul but de demeurer dans le village de Paga et d'être confrontés à leur situation pour ensuite en avoir un portrait plus réaliste. Ce fut tout sauf réaliste! Je vous explique.

Lorsque nous sommes arrivés en fin d'après-midi à la petite gare routière sur terre battue du village de Paga, en territoire Frafra, nous avons demandé à quelqu'un s'il y avait un endroit où nous pouvions dormir. Un homme très aimable nous a embarqués avec lui dans la boîte de sa camionnette pour nous montrer une maison traditionnelle avec cour intérieure destinée à loger les quelques visiteurs qu'ils reçoivent dans l'année.

Nous nous y sommes installés après avoir négocié le prix. Quelle place magnifique à l'ombre des grands arbres au cœur même de la savane dégarnie. Notre hôte nous a dit que puisque nous demeurions chez sa famille, il se chargerait de trouver quelqu'un pour nous faire visiter le village et l'étang aux crocodiles le lendemain. Nous ne pouvions attendre pour constater le phénomène de cohabitation, mais nous avons pris notre mal en patience et avons attendu que son cousin vienne nous chercher le lendemain.

Notre nouvel ami a débuté la visite en nous faisant acheter deux petits poulets vivants : « Ça va nous servir plus tard... ». Puis, nous avons descendu vers l'étang, duquel nous avons progressivement pris connaissance de la grande quantité de têtes de reptiles qui sortaient de l'eau.

Ensuite, j'ai réalisé que les habitantes du village lavaient leur vaisselle et leurs vêtements sur les rives du même plan d'eau. Encore plus déconcertant, plusieurs enfants se baignaient, jouaient et pataugeaient dans l'eau à quelques mètres seulement des crocos.

Je lui ai demandé s'il y avait souvent des incidents entre les humains et ces animaux, et il m'a répondu qu'il n'avait jamais entendu parler d'attaques : « Ils font confiance aux humains dont ils dépendent pour leur survie et leur instinct leur dicte que la vraie menace provient des autres crocodiles. »

Ça fait plus de 200 ans que la situation actuelle prévaut. C'est comme un pacte mutuel de non-agression qui va beaucoup plus loin que ce qu'on y voit en surface.

Tenez-vous bien, le plus insolite s'en vient

Premièrement, il faut savoir que les habitations multigénérationnelles des clans frafra, comme chez d'autres tribus de la région, sont constituées de quelques cases (petites maisons en terre crue) regroupées entre elles par un mur circulaire qui permet d'avoir un espace commun pour cuisiner et faire les autres activités quotidiennes au centre de la bourgade.

Cette façon de faire est pluricentenaire et permet de protéger les occupants des animaux sauvages de la brousse. On dirait que les crocos de Paga ont compris ce principe, car lorsque la femelle pond ses œufs, elle ne les laisse que peu de temps sur les rives de l'étang par crainte que les autres reptiles ne viennent les dévorer.

Il faut dire qu'avec plus de 300 individus adultes dans les environs, les chances de survie d'une couvée sont plus que minces. Au lieu de risquer l'exposition à ses voraces congénères, chaque femelle transporte ses œufs dans sa gueule jusqu'à l'intérieur des murs d'une bourgade, dont la porte a été gardée intentionnellement ouverte pour permettre à celle-ci d'accomplir sa mission.

La femelle creuse à un endroit qu'elle juge approprié et y enterre ses œufs. Cela prend parfois deux ou trois voyages et souvent, une partie des œufs disparaît avant qu'elle n'ait le temps de retourner à l'étang.

Ensuite, la « famille d'accueil » ferme sa porte pour protéger les œufs le temps qu'ils éclosent. Donc, durant près de trois ou quatre mois, les humains font le travail de protection qui leur vaut en retour une protection mutuelle de leur progéniture dans l'étang! C'est incroyable!

De plus, à l'aide de leur horloge biologique, chaque femelle retourne dans la cour intérieure qu'elle avait choisie, exactement au moment de l'éclosion, pour aller chercher ses rejetons et leur permettre de commencer leur vie mouvementée dans l'étang de Paga.

L'heure des petits poulets

Finalement, l'heure des petits poulets est arrivée. Notre guide nous explique que depuis qu'il est jeune, il a travaillé très fort pour approcher certains des plus puissants spécimens. Il nous dit que par sécurité, lorsqu'il a des visiteurs, il ne fait affaire qu'avec 4 ou 5 des plus gros crocodiles, qu'il connait par leur nom.

Il nous prend alors un poulet et le brandit au-dessus de l'eau en appelant les crocos. Quelques têtes s'enfoncent dans l'eau et en ressortent près de nous. Il en repousse deux en nous disant que ceux-ci sont trop instables et laisse sortir la plus grosse bête de l'eau. Il demande à l'un de ses amis de tenir bien haut et bien en vue l'animal à plumes qui se débattait comme s'il connaissait déjà son sort.

Le crocodile fixe son prochain repas; il sait ce qu'il doit faire pour l'avoir. Notre guide me dit : « Va lui prendre la queue sans faire de gestes brusques. » Je m'exécute en me souvenant que je ne dois pas lui laisser sentir ma crainte. Son ami balance légèrement la proie que l'antique prédateur suit de la tête.

C'est comme s'il essayait de l'hypnotiser. « Maintenant, accroupis-toi sur son dos, sans t'asseoir complètement dessus! », me dit-il, pendant que mes amies me prennent en photo.

« Quoi!? T'es sérieux? » Oh oui! Il est sérieux, et il vient même à mes côtés pour immortaliser le moment. Puis, il nous demande à tous de s'éloigner, il prend un poulet et lui lance! En une fraction de seconde, il engloutit son repas et retourne tranquillement dans l'eau. Il a refait la même chose avec un autre, qui avait l'air assez insistant, afin que mes amies puissent également vivre l'expérience.

Nous avons passé deux autres jours dans les environs de Navrongo et de Bolgatanga avec ces gens qui nous ont accueillis si chaleureusement. Puis, nous avons pris un autobus pour Kumasi, afin de terminer notre formation en agriculture tropicale.

À deux reprises, nous avons eu des problèmes avec le bus et avons dû attendre plusieurs heures au cœur de la savane qu'un mécanicien soit dépêché sur les lieux, mais cela nous a permis de nous faire de nouveaux amis et d'en connaitre un peu plus sur la culture frafra...

Bon voyage à tous !

Pour ma part, je vous écrirai les deux prochaines chroniques à partir du Kenya et de la Tanzanie... Mon avion décolle demain!  


  A LIRE AUSSI ...

Sherbrooke adopte un budget de 498 M$ pour 2026

Mercredi 17 décembre 2025
Sherbrooke adopte un budget de 498 M$ pour 2026
Sherbrooke : le Centre 24-Juin dévoile ses programmes lors d’une grande journée portes ouvertes

Lundi 24 novembre 2025
Sherbrooke : le Centre 24-Juin dévoile ses programmes lors d’une grande journée portes ouvertes
Défilé du Père Noël au centre-ville : animations, lumière et magie à Sherbrooke ce dimanche

Vendredi 28 novembre 2025
Défilé du Père Noël au centre-ville : animations, lumière et magie à Sherbrooke ce dimanche
NOS RECOMMANDATIONS
Se remémorer notre sens critique…

Mercredi 17 décembre 2025
Se remémorer notre sens critique…
30 000 $ par année pour soutenir l’inclusion des enfants à besoins spécifiques

Mardi 16 décembre 2025
30 000 $ par année pour soutenir l’inclusion des enfants à besoins spécifiques
Arrestation à Sherbrooke : de nouvelles victimes se manifestent dans un dossier d’exploitation sexuelle

Jeudi 18 décembre 2025
Arrestation à Sherbrooke : de nouvelles victimes se manifestent dans un dossier d’exploitation sexuelle
PLUS... | CONSULTEZ LA SECTION COMPLÈTE...

 
Magog adopte son budget de fonctionnement 2026 de 119,6 M$ Par Martin Bossé Mardi, 16 décembre 2025
Magog adopte son budget de fonctionnement 2026 de 119,6 M$
Collision mortelle à Bury : une femme perd la vie et sept blessés Par Martin Bossé Jeudi, 18 décembre 2025
Collision mortelle à Bury : une femme perd la vie et sept blessés
VTT et motoneige : des bénévoles de l’Estrie récompensés à Québec Par Martin Bossé Lundi, 15 décembre 2025
VTT et motoneige : des bénévoles de l’Estrie récompensés à Québec
Les Éleveurs de porcs de l’Estrie offrent un don majeur aux organismes communautaires Par Martin Bossé Mercredi, 17 décembre 2025
Les Éleveurs de porcs de l’Estrie offrent un don majeur aux organismes communautaires
Vols à l’étalage au Walmart de Sherbrooke : la police cherche à identifier une suspecte Par Martin Bossé Lundi, 15 décembre 2025
Vols à l’étalage au Walmart de Sherbrooke : la police cherche à identifier une suspecte
Magog lance la reconversion de l’ancienne usine Difco et revitalise le quartier des Tisserands Par Martin Bossé Lundi, 15 décembre 2025
Magog lance la reconversion de l’ancienne usine Difco et revitalise le quartier des Tisserands
ACHETEZ EstriePlus.com
bannières | concours | répertoire web | publireportage | texte de référencement | site web | vidéos | chroniqueur vedette
2025 © EstriePlus.com, tous droits réservés | Contactez-nous