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La justice climatique s’impose

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Yves Nantel Par Yves Nantel
Jeudi le 9 février 2023

On sait de plus en plus clairement ce que l'on doit faire pour éviter que le réchauffement du climat nous entraîne vers des bouleversements incontrôlables. Il faut limiter le réchauffement à 2° C, idéalement à 1,5° C d'ici 2100. Pour cela, on doit réduire les émissions de GES de 43 % d'ici 2030 et atteindre la carboneutralité en 2050. Ce n'est pas négociable. 

Se pose alors la question de la répartition des responsabilités et des coûts autant pour l'atténuation (passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables) que pour l'adaptation (la prévention et la réparation des dégâts occasionnés). Sur quelle base établir cette répartition des responsabilités et des coûts ? C'est ici que la justice climatique prend son sens. 

Nous y sommes déjà confrontés 

Le réchauffement du climat entraîne des sécheresses, l'assèchement de lacs et de nappes phréatiques, des carences en eau potable et en irrigation des cultures. S'ensuivent des problèmes d'alimentation jusqu'à des famines et évidemment des problèmes de santé et aussi des déplacements forcés de population. Ces problèmes sont particulièrement aigus en Afrique. 

Qui sont les responsables ? Doit-on laisser ces populations à leur sort ? Sinon qui doit payer ? Le problème est global à savoir le réchauffement planétaire. Ces pays n'ont pas ou très peu contribué aux émissions de GES et n'ont pas les ressources pour faire face à la situation. Dans le cas des inondations, des feux de forêt, des chaleurs extrêmes, de l'acidification des océans, on fait face au même dilemme. 

Il n'y a pas de tribunaux pour juger ces situations d'inégalités et d'injustice. Si tout reste à inventer, des groupes ont pris l'initiative et ont poursuivi des entités qu'ils croyaient responsables. 

En Hollande, en invoquant la Charte universelle des droits de l'Homme, la compagnie Shell a été condamnée par un tribunal à accélérer son retrait des énergies fossiles. Aux États-Unis, l'état du Massachussetts a poursuivi le gouvernement fédéral arguant son inaction face au réchauffement climatique : le juge a donné raison au plaignant. On voit se multiplier de tels recours. Par contre, la majorité des recours ont lieu dans quelques pays : le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a répertorié 1550 recours juridiques de ce type mais concentrés dans quelques pays soit 1200 cas aux États-Unis et 97 en Australie. 

Au Québec, l'organisme ENJEU (Environnement-Jeunesse) s'est fait débouté par la Cour suprême, en juillet dernier, dans sa tentative d'introduire une cause collective de ce type. 

« C'é pas juste » 

Indépendamment du développement d'un système de justice et de jurisprudence climatiques, on doit réfléchir la question en terme d'égalité, d'équité, d'éthique, de société de l'avenir. Le défi est de penser les solutions dans sa dimension planétaire. Au moment où une entreprise déverse des matières toxiques dans un ruisseau, dans une rivière, il est facile d'identifier le responsable et d'appliquer des sanctions. En fait d'appliquer le principe du pollueur/payeur. 

Mais qui sont les responsables des feux de forêt en Colombie-Britannique, des inondations au Pakistan, des sécheresses en Afrique, des tornades en Europe ou encore de la fonte du pergélisol dans l'Arctique ? 

Alors que les pays industrialisés ont les moyens de se tirer d'affaires, du moins encore pour quelques temps, les pays qui en souffrent le plus sont les populations des pays sous-développés. Leur droit à l'alimentation, à l'habitation, à la santé, à l'éducation sont bafoués. « C'é pas juste », pouvons-nous conclure.  Effectivement les pays qui émettent le plus de GES sont les pays développés et en émergence qui ont les moyens de contenir les effets du réchauffement alors que les autres, qui en émettent très peu, n'en ont pas les moyens. 

La justice climatique fait intervenir 3 principes majeurs :

1)     le principe du pollueur/payeur : ceux qui ont pollué doivent payer pour la décontamination;

2)     le principe du bénéficiaire/payeur : ceux qui ont profité des énergies fossiles pour leur développement doivent payer;

3)     le principe de capacité distributive : les coûts doivent être partagés internationalement selon la capacité de payer.

 

Afin de faire en sorte que les nations pauvres ne devraient pas être contraintes de faire des sacrifices au prix de la durabilité de leur propre développement. 

Responsabilité collective et responsabilité individuelle 

Par ricochet, chaque individu des pays qui ont profité du « progrès » par l'utilisation des énergies fossiles est aussi responsable de partager les coûts et de revendiquer l'application de la justice climatique. 

Alors que les émissions canadiennes représentent près de 15 tonnes de CO2 annuellement  par habitant (8,6 tonnes pour les Québécois), la moyenne des pays africains se situait à 0,7 tonnes. Le GIEC affirme que le rétablissement du climat commanderait que chaque habitant n'émette pas plus de 2 tonnes par année. 

 Il est donc évident qu'à l'aune des critères de la justice climatique, les Canadiens-ne-s seront sollicité-e-s de façon particulière. Il faut se préparer à modifier nos modes de vie de façon très importante. À moins de rejeter la pertinence de la justice climatique et d'y substituer la loi du plus fort.

Yves Nantel

Février 2023


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