En 2005, l'animateur Paul Arcand plongeait dans le documentaire en nous proposant le percutant film Les voleurs d'enfance. Deux ans plus tard, il récidivait avec Québec sur Ordonnance. Ce week-end, Dérapages, son 3e film prend l'affiche dans 65 salles au Québec. Du jamais vu pour un documentaire. Paul Arcand a travaillé près de deux ans sur ce film qui dresse un portrait bouleversant sur la conduite automobile chez les 16-24 ans. Il a rencontré les jeunes, leurs parents, les policiers... Résultat : 94 minutes intenses où le spectateur est touché, peut-être surpris et certainement concerné, peu importe son âge. Le réalisateur était à Sherbrooke jeudi, pour l'avant-première de Dérapages.
En visionnant le film, ce qui surprend le plus c'est la grande place laissée aux jeunes. Il y a un beau climat de confiance entre vous et les intervenants...
Je ne voulais pas de clichés et avoir l'air du mon oncle de 51 ans qui fait la morale. Ce n'est pas du ado-bashing! Il était important que les jeunes se reconnaissent. Heureusement, j'avais une équipe extraordinaire assez jeune, ce qui amène un bel équilibre. Les jeunes ne se livrent pas souvent facilement, mais quand on leur donne la chance de parler... Au début, ils étaient craintifs, mais dès que ça se met à sortir, c'est magnifique. Nos conversations ont souvent tourné en discussion de gars. Nous avons créé des liens. Quand ils s'ouvrent, ils le font avec franchise, sans filtre, avec les contradictions qui viennent avec, avec des phrases qui feront sursauter quelques adultes, mais c'est ça!
Le film nous pousse à une belle réflexion. Ce qui ressort, c'est que la responsabilité vient du gouvernement, mais aussi de l'entourage. Des adultes qui gravitent autour des jeunes.
Je suis le premier à critiquer le gouvernement, mais sincèrement au Québec, nous faisons du bon travail. Avec ce film, je ne cherche pas de coupable, il n'y a pas de solutions miracles. Je veux ouvrir une discussion. Je dis : pouvons-nous parler de la conduite automobile différemment. Est-ce que les parents peuvent s'impliquer de près dans l'apprentissage et la responsabilité derrière le volant. Il ne faut pas enlever des responsabilités aux jeunes et être infantilisants. Il faut savoir s'impliquer.
Certains jeunes mentionnent que la situation est correcte, malgré les blessés et les décès provoqués par une conduite dangereuse. Dans le film, nous entendons que rien ne peut changer la réalité ; C'est un peu troublant, non?
C'est la partie qui m'étonne le plus. Quand j'ai rencontré des jeunes qui avaient perdu des amis lors d'un accident mortel, au départ ils étaient remplis de bonnes intentions. Mais avec le temps, lorsque tu t'éloignes de l'événement, les mauvaises habitudes reviennent. Il y a un jeune qui va même dire, ça a rien changé. Je trouve cela troublant, c'est le bout qui m'a le plus marqué. Tu perds ta gang, tu aurais pu être dans la voiture et tu te détaches de l'événement. Ça me dépasse. Mais c'est aussi ça l'inconscience de la jeunesse! La force d'un documentaire, c'est que ça peu amener à réfléchir...
Dérapages, un documentaire-choc. À voir en famille, avec les amis. Et surtout, profitez de cette occasion pour ouvrir une importante discussion avec les jeunes qui nous entourent.
http://www.drapages.ca/