Le projet forestier Pivot, qui permet de générer des crédits de carbone en échange de meilleures pratiques forestières, vient d'être lancé par l'entreprise sherbrookoise ECOTIERRA et l'organisme Forêt Hereford. Une première au Canada qui risque de plaire aux producteurs!
Le modèle reconnaît et compense les efforts de gestion durable et de conservation des propriétaires forestiers par des crédits de carbone VCS (Verified Carbon Standard), échangeables sur les marchés volontaires. Les propriétaires forestiers qui s'intègreront au projet devront changer leurs façons de faire, comme réduire leurs coupes, ou créer des zones de conservation dans leur propriété.
ECOTIERRA quantifiera la réduction des gaz à effet de serre et la capture des tonnes de carbone au travers des tissus forestiers par un outil de calcul qui tiendra compte, entre autres, du type de forêt et des actions posées. Actuellement, un crédit vaut entre dix et 15 $ sur les marchés volontaires.
Garder les capitaux québécois au Québec
« Ces marchés connaissent une progression fulgurante d'environ 14 % par an. Cela représente un marché de 500 millions de dollars », selon le président fondateur d'ECOTIERRA, Étienne Desmarais.
La première phase du projet vise à récupérer 25 000 tonnes de carbone au Québec. ECOTIERRA souhaite intégrer 6000 hectares de forêts dans le sud du Québec à ce stade du développement du projet Pivot.
« Les entreprises québécoise tenues d'acheter des crédits carbone les achètent actuellement en Californie, ce qui représente une fuite de capitaux importante! L'argent destiné à l'environnement québécois s'en va à l'extérieur », soutient Étienne Desmarais.
Selon lui, le gouvernement du Québec voit d'un bon œil le projet Pivot : « Il y a fort à parier que le carbone forestier intègrera le marché du carbone du Québec rapidement. Il y a déjà bien des gens intéressés à acheter ces crédits », affirme-t-il.
Forêt Hereford, une pionnière
Forêt Hereford deviendra la toute première à intégrer de nouvelles pratiques forestières en échange de crédits de carbone. Des zones de conservation et l'étalement dans le temps de son exploitation forestière permettra de soumettre au projet Pivot quelques 750 hectares de forêt.
« Ils continueront d'exploiter la forêt, qui leur procure des revenus importants, explique Étienne Desmarais. Cependant, ils le feront différemment, c'est-à-dire qu'ils exploiteront moins souvent. Avec les crédits que ce ralentissement génèrera, cela viendra compenser une partie des revenus perdus. »
Dans le cas précis de Forêt Hereford, ces 750 hectares pourraient permettre l'émission de 4000 à 5000 tonnes de crédits carbone, annuellement. Faites le calcul!
« Normalement, le défi pour un producteur forestier est de trouver quelqu'un qui pourra assumer les pertes liées à ses efforts de conservation des forêts. Avec le projet Pivot, nous sommes persuadés que les propriétaires pourront au moins couvrir le montant des taxes municipales liées à leur propriété. Pour plusieurs, ce pourrait même être beaucoup plus avantageux d'exploiter de cette façon », conclut Étienne Desmarais.