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Comprendre les rapports de force au niveau international


La nécessité de « modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société », que prône le GIEC, entre bien souvent en contradiction avec les objectifs de politique interne des pays.
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Photo : crédit photo: Pixabay
Yves Nantel Par Yves Nantel
Mardi le 4 février 2020

Depuis 25 ans, les pays de l'ONU se rencontrent annuellement afin de s'entendre sur la façon de réduire les émissions de GES. Bien que, de façon générale, les pays reconnaissent les effets néfastes du réchauffement du climat, ils ne réussissent pas à faire consensus sur les mesures et sur les engagements réels pour assurer la réduction des GES alors que l'urgence d'agir devient impérieuse. Ce fut, encore une fois, le cas lors de la COP 25 tenue à Madrid en décembre dernier.

Les principaux émetteurs freinent la communauté internationale

Le tableau ci bas sur le classement des pays émetteurs de CO2, en terme absolu et par habitant, nous amène à comprendre un peu mieux les rapports de force à l'œuvre au sein des pays réunis sous l'égide de l'ONU.

Tableau

 

 

Une première constatation qui saute aux yeux, c'est la concentration des émissions de CO2 : en 2017, deux pays, la Chine et les États-Unis, émettent ensemble, 42,7 % des émissions. Si l'on ajoute l'Inde et la Russie, nous atteignons 54 % des émissions mondiales. En consultant la liste complète, on constate que les 18 pays (l'ONU compte 196 pays) qui émettent plus de 1 % chacun des émissions mondiales cumulent 76,4 % de l'ensemble.

On constate au passage que le Canada est le 9e plus gros pollueur au monde avec 1,7 % des émissions.

L'analyse sous l'angle des émissions en tonnes par habitant par année (t/hab./an) nous révèle une autre facette de la réalité. Même si la Chine est le premier émetteur en quantité absolu, cela ne correspond qu'à 6,68 t/hab./an et l'Inde encore beaucoup moins soit 1,61 t/hab./an. Pour leur part, les États-Unis et la Russie cumulent respectivement 14,61 et 10,64 tonnes/hab./an.

Aux dires de certains observateurs, ces 4 pays accompagnés du Brésil et de l'Australie, sont ceux qui refusent ou hésitent à s'engager et freinent la communauté internationale.

Notons que le Canada est un des plus gourmands d'énergies fossiles avec 14,99 t/hab./an, le plaçant au 10e rang de la planète.

Là où les intérêts divergent

Pour sa part, les États-Unis, sous Donald Trump, se sont retirés de l'Accord de Paris, avec effet en novembre 2020. Ce qui veut dire que les É.U. ne veulent prendre aucun engagement sous la responsabilité de l'ONU donc pas de participation au niveau des mesures du marché du carbone, refus de rendre des comptes à la communauté internationale et aucune responsabilité vis-à-vis des pays en développement.

Les États-Unis veulent continuer à exploiter leur gaz de schiste et à maintenir leurs centrales au charbon (en 2016, 30 % de leur énergie électrique venait du charbon). Le président a même manifesté son intention de contester juridiquement le marché du carbone entre la Californie et le Québec, actif depuis 2013.

Pour sa part, la Russie adhère à l'Accord de Paris mais remet en cause le fait que le réchauffement climatique résulte de l'activité humaine. Elle continue à développer ses énergies fossiles et son activité minière comme si de rien n'était. Sur la scène internationale, elle renforce son pouvoir et développe un rapport conflictuel avec les États-Unis.

La Chine avec ses 1,4 milliard de personnes à satisfaire est un pays en développement en plein essor, affichant un PIB en progression rapide bien que ralenti dernièrement par la guerre économique que lui font les États-Unis. Pour continuer, elle a besoin de beaucoup d'énergies. Sa principale source, le charbon, contribue pour 73 % de ses émissions de GES.

Malgré son développement de l'hydroélectricité (premier producteur au monde), son engagement très important dans l'éolien et ses pas de géants dans l'électrification des transports, elle vient d'annoncer qu'elle ne pourra pas amorcer une baisse de ses émissions de GES avant 2030.

L'Inde, avec ses 1,3 milliard de personnes, dont 400 millions vivent sous le seuil de pauvreté, maintient son développement économique comme priorité nationale. Ce qui nécessite des besoins supplémentaires en énergie. En 2018, 56 % de sa production d'énergie primaire et 25 % de sa production d'électricité dépendaient du charbon.

L'Inde est un des pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques et elle compte sur du financement international pour mettre en place des mesures d'atténuation.

Les affrontements menacent le consensus

Comme on peut le constater, la nécessité de « modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société », que prône le GIEC, entre bien souvent en contradiction avec les objectifs de politique interne des pays. La situation n'est pas si simple qu'on veut bien souvent le laisser percevoir.

On comprend les pays émergents et en développement d'argumenter que ce sont les pays développés qui ont profité le plus des énergies fossiles. Et de conclure qu'ils doivent contribuer davantage dans la réduction des GES et aider les pays en développement à assurer leur transition climatique.

Comment la Chine peut accepter de prendre des « mesures radicales et rapides » de réduction des GES et ainsi compromettre son développement économique alors que les États-Unis, son concurrent économique le plus important, refuse toute collaboration en ce sens en se retirant de l'Accord de Paris ?

Peut-on blâmer l'Inde, la Chine et les pays en développement de réclamer une aide supérieure en provenance des pays développés ?

D'un autre côté, peut-on s'objecter à l'exigence de rapports et de vérifications externes sur la réalisation des engagements de chaque pays comme le fait le Brésil actuellement au sujet de la dévastation de la forêt amazonienne ?

Et comment contrer les pays foncièrement climato-sceptiques comme les États-Unis, l'Australie, la Russie, le Brésil, etc. qui trouvent inutiles de s'astreindre à réduire les GES et qui se concentrent principalement sur l'atténuation des impacts ?

Les intérêts particuliers priment

Les désaccords sont conditionnés par les intérêts de chacun au détriment de l'intérêt commun. Et puisque les décisions des pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques doivent se prendre au consensus (100 % des pays), on constate les piétinements actuels.

Cette situation de discussions infructueuses perdure depuis 25 ans. Il faut une bonne dose d'optimisme, voire de naïveté, pour croire que les pays pourront oublier leurs intérêts personnels et s'atteler à la tâche commune de la réhabilitation climatique. Pourtant, il le faudra bien.

 


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