Le président du conseil d'administration de la Caisse
Desjardins de l'Est de Sherbrooke, Denis Paré, a été sacré Personnalité
coopérative 2015 le 24 octobre à l'occasion du Gala Mérite coopératif 2015. Une
marque de reconnaissance qu'il apprécie et dont il est fier.
« C'est agréable d'être reconnu par ses pairs lorsqu'on
travaille dans le développement du mouvement coopératif puisque ça vient de son
milieu!, affirme le principal intéressé. Il y en a d'autres aussi qui travaillent
très fort au développement du modèle, d'autres encore qui y ont passé leur vie
et ils n'ont pas eu la chance d'être reconnus. C'est un honneur que j'apprécie. »
La place du
coopératif dans les affaires
Lorsqu'on lui demande quelle serait la place du modèle d'affaires
coopératif en 2015, M. Paré n'hésite pas : le coopératif est d'une grande
importance.
« Nous sommes parfois centrés sur nous et nous ne
voyons pas ce que le modèle représente dans le monde. Le nombre d'emplois qui
dépend du mouvement coopératif est impressionnant et les retombées sont
extraordinaires. Sans coopératives, certains pays ne se seraient pas
développés. Le coopératif, c'est un outil de développement économique majeur. »
Pourquoi donc? « Dans le système capitaliste, dans sa
façon d'être, la priorité est d'augmenter les profits et la responsabilité
sociale est parfois très loin dans les priorités. Dans les pays en
développement, la solidarité est nécessaire et parce qu'il prône une conscience
sociale, le modèle s'est popularisé. »
M. Paré est particulièrement convaincu de la pertinence du
mouvement puisqu'en ne misant que sur la recherche du faible coût de base, « on
n'a pas de responsabilité sociale. Tant que la fin recherchée sera le profit,
on abandonnera les collectivités, explique le notaire de profession. Dans la
coopérative, il y a prise en charge du milieu par le milieu au bénéfice des
membres. Et ça ne n'achète pas, une coopérative. »
Une barrière aux abus
Selon Denis Paré, les coopératives sont des barrières aux
grandes entreprises qui pourraient abuser des prix une fois un monopole
constitué. Comment? Elles conscientisent leurs membres, qui s'approprient ce
qui est à la base de la coopérative.
« Une coopérative d'habitation l'image bien : si
je suis conscient que mon loyer me coûtera moins cher parce qu'on fait
attention à l'immeuble et qu'on y investit les profits chaque année. En étant
conscient de ça, mes enfants le seront aussi. »
Oui, on parle de profits. Parce que selon M. Paré, les
coopératives n'ont pas à avoir honte de faire des profits lorsque ces derniers
sont redirigés au bénéfice de leurs membres.
« Nos coopératives doivent être rentables pour se
développer, affirme-t-il. Pensez à Agropur. Si on n'avait pas fait de profits,
Agropur ne serait pas ce qu'elle est et appartiendrait peut-être même à des
étrangers aujourd'hui. Les bénéfices sont dirigés vers la communauté au
lieu d'une grande tour à bureaux de New York. »
Valoriser le coop
chez les jeunes
Selon lui, l'individualisme est cependant une tendance qui
semble vouloir perdurer. Le mouvement coopératif est tout l'inverse et nous aurions
intérêt à en faire la promotion pour avoir un sentiment de contrôle sur notre
société. Nous devons cependant commencer par les jeunes.
« On a un travail à faire auprès des jeunes pour leur
faire redécouvrir cette façon de faire du développement économique et de créer
des entreprises. C'est viable comme modèle. Mais ces jeunes n'ont jamais vu une
prise en charge pour maintenir des services dans leur communauté, contrairement
aux générations précédentes. »
Il ne s'agit pas d'éliminer un précédent modèle pour un
nouveau, mais plutôt de faire la promotion des alternatives au modèle
économique dominant qui a clairement démontré ses ratés lors de la crise
financière de 2008.
« Le capitalisme contient de bonnes choses, mais crée
des déséquilibres marqués observables partout dans le monde. Quand tout s'est
écroulé, les gens ont commencé à voir les avantages des coopératives. D'autant
plus que les taux de réussite et de longévité de celles-ci sont plus élevés que
ceux des entreprises capitalistes. »