Le Carrefour de solidarité internationale (CSI) devient le tout premier lieu de travail au Québec à être désigné « lieu de travail équitable » par l'organisme Fairtrade Canada.
Coordonnateur du mouvement Sherbrooke ville équitable, une certification obtenue en 2011, le CSI n'a pas eu à changer ses valeurs pour être reconnu comme lieu de travail qui fait la promotion du commerce équitable et qui tente, par différentes activités de sensibilisation, d'amener de plus en plus de gens à faire des choix réfléchis dans leur consommation.
Trois critères doivent être rencontrés pour obtenir cette désignation, souligne Mélanie Brière, agente d'éducation au CSI. Elle est en charge des projets Ville équitable et Lieu de travail équitable de l'organisme de coopération internationale.
« Le lieu de travail qui veut être désigné doit former un comité de sensibilisation au commerce équitable, ce que nous avions déjà en étant l'organisme coordonnateur de Sherbrooke ville équitable. On doit aussi tenir des ateliers de sensibilisation pour la communauté, comme ceux que l'on organise dans les écoles. Ces deux critères n'étaient pas un problème pour nous », explique-t-elle.
Des produits issus du commerce équitable doivent aussi être offerts par l'entreprise, une condition que le CSI remplit aussi en apportant son concours à la cuisine communautaire de l'édifice de la rue Moore, au centre-ville de Sherbrooke. Cet édifice abrite plusieurs organismes, dont le Carrefour, qui fournit café et sucre équitables.
« Obtenir cette désignation est en adéquation avec nos valeurs et ouvre la porte à d'autres lieux de travail qui voudraient s'engager », de dire Mme Brière.
Le commerce équitable est celui pour lequel on paie le juste prix, c'est-à-dire qu'on permet à un producteur, bien souvent vivant en Amérique du Sud ou en Afrique, de s'assurer un revenu décent pour qu'il puisse subvenir à ses besoins et contribuer à sa communauté.
Le cas le plus flagrant est celui du cacao : les gros joueurs de l'industrie agroalimentaire achètent en grande quantité du produit, coté en bourse. Lorsque momentanément, ils n'en n'ont plus besoin, ils cessent d'acheter d'un coup. Le prix du cacao chute alors drastiquement, obligeant le producteur à vendre à perte pour éviter de carrément perdre sa récolte. Une fois les prix au plus bas, les gros joueurs recommencent à acheter, à un prix dévastateur pour le producteur.
« Le commerce équitable permet d'éviter cela puisqu'on s'assure de retourner sa juste part au producteur. Si des profits surviennent, ils sont redistribués à tous les producteurs. Aucun enfant ne travaille dans les champs, ni ne coud des ballons avec ses petites mains. Aussi, les hommes et les femmes gagnent le même salaire pour un même travail », explique Mme Brière.
Une trentaine de commerces et une quinzaine de restaurants de Sherbrooke sont engagés dans la promotion du commerce équitable.
