La décision de la Société des bingos du Québec (SBQ) de suspendre le bingo en réseau au salon de bingo Le Baron inquiète plusieurs organismes communautaires de la région.
En fait, c'est tout à tour qu'ils sont venus affirmer hier avoir accepté de plein gré de remettre une partie des profits qu'ils doivent obtenir de ce bingo en réseau au gestionnaire de la salle, Sylvain Tessier.
Rappelons qu'en début de semaine, la SBQ a suspendu indéfiniment le bingo en réseau du Le Baron en affirmant que le gestionnaire était dans l'illégalité en demandant une partie des profits de ce tour de bingo qui doivent être redistribués en entier à des organismes communautaires.
« Jamais, au grand jamais, M. Tessier ne nous a forcés à ratifier une entente avec les revenus provenant des activités du bingo en réseau. C'est un geste collectif extraordinaire posé par solidarité pour faire face à une crise sans précédent », a affirmé Me Martin Brunet, représentant de l'organisme Club Kinsmen.
De son côté, Normand Groleau de chez Estrie-Aide a affirmé « qu'il est complètement faux de prétendre que nous avons été obligés par M. Tessier de remettre une part importante de nos revenus. Ce fut une entente élaborée par tous et nous continuons de penser que c'était la meilleure solution. M. Tessier fait beaucoup d'efforts pour relancer l'industrie du bingo qui connaît une crise importante. Nous ne croyons pas qu'il a profité de la situation. Ce n'est pas à la SBQ de nous dicter de quelle façon nous devons dépenser notre argent.»
Si jusqu'à hier, certaines personnes doutaient de la crise soulevée dans l'industrie du bingo, Jeannine Lapierre de Diabète Estrie a apporté des chiffres éloquents. « C'est encore mieux de devoir en redonner un peu que de tout perdre. Déjà, dans les dernières années, la somme récoltée via le bingo en réseau est passée de 50 000 $ à 16 000 $. Ça paraît énormément dans un budget et il ne faudrait pas que ça soit pire. »
Retour du bingo en réseau réclamé
Les représentants des organismes ont demandé à la SBQ, qu'ils ont pu rencontrer d'ailleurs dans les dernières heures, de revenir le plus rapidement possible sur leur décision avant que le pire ne survienne ou que la clientèle ne déserte la salle de bingo.
« Le fermeture de la salle de bingo serait pire pour nous que de redonner une partie de nos profits. Par exemple, pour nous, à la Maison de la famille, il en dépend de notre survie. Si nous n'avons pas cet argent, nous ne pourrons plus poursuivre nos activités. C'Est donc une cinquantaine de familles de l'Ouest de Sherbrooke que nous laisserons tomber. Ce sont des dizaines et des dizaines d'enfants qui n'auront plus d'aide aux devoirs et de collation après l'école », souligne Claudette De la Fontaine.
Selon les représentants du Club Kinsmen, d'Estrie-Aide, du Club optimiste, du Club Progrès, des scouts, de la Maison Aube-Lumière, de Diabète Estrie et de la Maison de la famille Rêve-Espoir, qui étaient tous présents hier au salon de bingo, il est dommage que ce soient eux qui fassent les frais de cette décision alors qu'ils n'ont rien demandé et qu'ils ont pris cette décision en pensant que ce serait la meilleure pour la clientèle qu'ils doivent aider jour après jour.
Autre réaction
Par ailleurs, hier, le vice-président de l'Association des gestionnaires de salons de jeux du Québec (AGSJQ), M. Jacques Harvey, a aussi dénoncé vivement la décision de la Société des bingos du Québec (SBQ) de suspendre indéfiniment la tenue du bingo en réseau à la salle Le Baron de Sherbrooke.
M. Harvey affirme qu'il « est complètement faux de prétendre que les organismes ont été obligés d'accepter de remettre une part importante de leurs revenus issus du bingo en réseau au gestionnaire de la salle. Cette situation découle plutôt d'une entente de gré à gré entre le gestionnaire et les 11 OSBL affiliés. »
M. Harvey trouve particulièrement méprisante l'attitude de la SQB qui affirme que M. Sylvain Tessier de la salle Le Baron place les organismes dans une situation de précarité. « La réalité est tout autre. Depuis plusieurs années, l'industrie du bingo connaît des baisses d'achalandage marquées, ce qui a une incidence majeure sur les revenus. La crise économique actuelle n'a fait qu'empirer un problème majeur déjà existant et tous conviennent qu'avec la formule de partage des dépenses et des revenus, plusieurs gestionnaires de salle peinent à rentabiliser leurs installations. Les OSBL affiliés à la salle Le Baron ont accepté de plein gré de mettre l'épaule à la roue pour éviter la possible fermeture de la salle Le Baron, ce qui aurait pour effet d'entraîner pour eux la perte de la totalité de leurs revenus annuels, générés par le bingo. »
Le vice-président de l'AGSJQ réfute fermement les prétentions de Loto-Québec voulant que ces ententes soient illégales : « Il n'en est rien. Aucune loi ne régit ces pratiques, puisque les OSBL bénéficiaires des revenus ont une liberté pleine et entière concernant la façon de dépenser ces sommes. Les OSBL peuvent faire ce que bon leur semble avec les revenus issus du bingo en réseau. »
L'Association des gestionnaires de salons de jeux du Québec représente une trentaine de gestionnaires de salles et permet à plus de 500 organismes de bénéficier des revenus issus du bingo en réseau. L'AGSJQ souhaite que la SBQ fasse preuve d'ouverture dans ce dossier pour en arriver à des solutions mutuellement acceptables pour les OSBL et les gestionnaires, sans risquer de fragiliser davantage l'industrie du bingo.