Le transfert d'entreprise, qui se fait fréquemment du père ou des parents à un ou des membres de la famille, n'est pas toujours simple. Il n'existe aucune formule magique, mais la meilleure façon d'atteindre son objectif est de bien s'entourer de personnes professionnelles qui sauront vous guider à travers le processus permettant de réaliser votre rêve. Isabelle Blais, qui a acheté l'entreprise de son père «Pieces d'Autos Angus» en 2000, a eu la sagesse de bien s'entourer, ce qui lui a permis de devenir propriétaire sans heurts.
«Je m'étais dit un jour que j'aimerais avoir mon entreprise, mais je ne pensais pas à mon père. Ça ne m'a jamais traversé l'esprit». Détentrice d'un diplôme d'études collégiales (DEC) en finance, Isabelle Blais travaillait pour son père depuis trois ans. À l'époque, elle ne s'attendait pas que son paternel lui proposerait d'acheter l'entreprise, explique-t-elle. «À 23 ans, je me disais comment je peux faire pour financer ça. J'en ai parlé avec le comptable et à force d'en jaser avec les gens, j'ai vu les possibilités. J'en ai parlé avec le comptable, l'avocat, le fiscaliste et le notaire. Avec eux, on a déterminé la façon d'établir la valeur de l'entreprise pour en arriver à un prix équitable pour les deux parties. Mon père a assumé le financement de la transaction. Je pense que je n'aurais pas été capable par la banque. On a rédigé une convention d'actionnaires pour garder une structure pendant un certain temps. Mon père gardait le contrôle de l'entreprise et au fil des années, je lui rachetais des actions et je suis devenue majoritaire».
«Quant on est entrepreneur et qu'il nous arrive une problématique, on ne sait pas à quelle porte aller cogner. Moi, ça a bien été, je me suis entourée de monde qui connaissait ça et je me suis dit que j'étais capable de procéder. Ma job, c'était de faire en sorte que ça marche. Il fallait que je m'assure de payer mon monde, de les garder et de payer mon père. J'ai pris des cours de gestion de l'inventaire, du personnel. En fait, tous les cours avec le mot gestion, je les ai faits», d'exprimer la propriétaire. «Pour moi à 23 ans, c'était une grosse patente. Je n'avais jamais eu autant d'argent dans mon compte et autant de dettes. C'était tout un défi». Tout cela n'a pas créé de blocage chez la jeune femme d'affaires; au contraire, cela s'est avéré plutôt stimulant. «Si j'avais eu à passer par les institutions financières, ça aurait créé un stress additionnel». Avec le recul, Mme Blais avoue qu'elle était un peu naïve dans la mesure où elle ignorait toutes les implications que nécessitaient l'achat, les responsabilités de chef d'entreprise et la façon d'exercer son leadership. «Si j'avais su dans quoi je m'embarquais, je ne sais pas si je l'aurais fait. Le processus a été assez long avant de me sentir confortable dans le siège du boss». Mais aujourd'hui, la jeune femme d'affaires est satisfaite et ajoute avec philosophe que la vie, c'est prendre des risques calculés.
Outre le transfert d'entreprise, Isabelle Blais oeuvrait et oeuvre toujours dans un milieu traditionnellement qualifié d'hommes, celui des pièces d'auto. Tout indique qu'elle tire bien son épingle du jeu puisque depuis l'acquisition, la femme d'affaires a déménagé l'entreprise dans une nouvelle construction et agrandi son champ d'action en devenant Pièces auto fournitures industrielles. Aide d'organismes
La Société d'aide au développement de la collectivité (SADC) du Haut-Saint-François est l'un des organismes pouvant accompagner les jeunes entrepreneurs dans une demande de relève d'entreprise. Sylvie Hamel, conseillère aux entreprises à la SADC, mentionne que l'organisme peut donner un coup de main pour les prévisions financières, le montage financier et peut même offrir du financement sous forme de prêts. La SADC peut également orienter les promoteurs vers des professionnels légaux et fiscaux. Mais avant d'entreprendre une telle démarche, explique Mme Hamel, il importe que les parties impliquées se posent un certain nombre de questions. D'abord, le propriétaire doit déterminer quel type de relève il souhaite effectuer soit d'ordre familial, au niveau des employés ou à l'externe. Lorsque l'on a identifié le genre de relève, il importe de s'assurer que les parties soient sur la même longueur d'onde quant au futur de l'entreprise et déterminer de quelle façon et sur combien d'années on effectuera la vente. «Il est préférable que le transfert se fasse graduellement», d'exprimer la conseillère aux entreprises. Lorsque le promoteur doit passer par un financement, il n'est pas rare que les financiers demande que le propriétaire reste dans l'entreprise pendant un certain temps, d'ajouter Mme Hamel. Enfin, il y a moyen pour un promoteur de trouver de l'aide dans une démarche de relève d'entreprise.
Isabelle Blais a su s'entourer de personnes compétentes, ce qui a facilité le transfert d'entreprise.