La dernière année n'a pas du tout aidé le problème de
pénurie de main-d'œuvre que connaît le secteur manufacturier depuis quelques
années. La situation a atteint un tel seuil qu'elle affecte la capacité du
secteur à participer à la relance économique. Pour tenter de trouver des
solutions, Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) a entamé une tournée
virtuelle de consultation régionale le 27 mai dernier.
La semaine dernière, MEQ a rencontré les entreprises de
l'Estrie pour mettre en lumière les enjeux liés à la pénurie de main-d'œuvre. Lors
de cette rencontre, quelques mesures ont été envisagées afin de résoudre cette
problématique qui freine les entreprises dans leur développement. Celles-ci
feront partie des solutions régionales et nationales qui seront proposées au
gouvernement.
Pour y pallier, les manufacturiers de la région estrienne
proposent notamment de renforcer la formation en entreprise, d'assouplir les
règles en matière d'immigration pour mieux répondre aux besoins des
entreprises, d'hausser les seuils d'immigration et de faire la promotion des la
région et du secteur manufacturier.
Selon eux, il est important de bonifier les enveloppes de
formation au sein des entreprises offertes par Services Québec. Toutefois, pour
offrir une instruction à leurs employés, les compagnies ont besoin de plus de
soutien financier direct. D'ailleurs, le programme COOP de l'Université de
Sherbrooke est très apprécié par les employeurs et ces derniers veulent suivre
les traces de celui-ci pour en arriver à quelque chose de solide. Une meilleure
communication entre les entreprises et les centres de formation professionnelle
serait également une chose à travailler.
La lourdeur administrative et la complexité du programme des
travailleurs étrangers temporaires ont été mentionnées lors de la rencontre. Il
a été suggéré de simplifier ce programme, de réduire les délais et de modifier
la limite de 10 % par usine imposée aux employeurs quant au pourcentage de
travailleurs étrangers temporaires qu'ils peuvent embaucher au sein de leur
effectif.
Les seuils d'immigration ont aussi été discutés. Selon les
entreprises, il est important de les augmenter, mais il faut que ces personnes
répondent aux besoins réels du marché du travail.
Les sociétés veulent également s'assurer une plus grande
promotion des attraits et bénéfices de l'Estrie de manière à attirer des
travailleurs en région. Pour attirer plus de jeunes dans le secteur
manufacturier, elles suggèrent de mieux faire connaître ce secteur afin de
démystifier ce qui se fait dans ces entreprises et déconstruire les préjugés.
« Le gouvernement du Québec souhaite avoir plus de produits
fabriqués au Québec et c'est une bonne nouvelle! Toutefois, si l'on veut
fabriquer davantage ici, il faut s'assurer de donner les outils nécessaires aux
entreprises manufacturières afin qu'elles puissent augmenter leur productivité
et les rendre plus compétitives. Pour y parvenir, le gouvernement doit
prioriser des actions spécifiques à notre secteur notamment en nous donnant
accès aux travailleurs dont nous avons tant besoin », mentionne Véronique
Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Une réputation en péril
En raison du manque d'employés, les délais de livraison des
manufacturiers et exportateurs estriens s'allongent, ce qui vient directement
affecter leur compétitivité et entacher leur réputation. D'ailleurs, certaines
entreprises ont même perdu des contrats et d'autres ont choisi de sous-traiter
des postes spécialisés à l'international pour pallier les besoins en
main-d'œuvre.
« En Estrie, la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur
manufacturier touche toutes les catégories d'emploi : les cols blancs tout
comme les cols bleus. Certaines entreprises ont choisi de sous-traiter des
postes spécialisés, donc bien payés, à l'international. D'autres ont la
possibilité de doubler leur chiffre d'affaires, mais doivent tout de même
reporter des contrats, car elles n'ont les travailleurs nécessaires. Il y a un
taux de roulement important, ce qui occasionne un casse-tête pour les
entreprises. C'est intenable ! », souligne Mme Proulx.
Selon les dires de cette dernière, cette situation est
préoccupante puisque l'Estrie est une région industrielle forte du Québec.
Selon le Portrait manufacturier des régions du Québec, en 2019, il y avait 711 établissements
manufacturiers et 27 600 emplois manufacturiers en Estrie.
La tournée de MEQ s'effectuera dans une dizaine
de régions québécoises pour dresser un portrait réel de la pénurie de
main-d'œuvre des manufacturiers. L'association rencontrera également des
intervenants économiques et partenaires en employabilité pour arriver à ses
recommandations qu'elle proposera au gouvernement.