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  CHRONIQUEURS / Être LGBTQ+ en Estrie

Lettre à mon enfant

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Sammy Par Sammy
Mardi le 22 février 2022

À quelques mois de ta naissance, j'aimerais te partager quelques conseils. Je sais déjà que tu seras un bébé absolument formidable : une têtue résilience, un adorable sourire (celui de ta maman), un caractère absolument indomptable. Toujours comme maman, puis je dois dire, comme moi, aussi. 

Être une personne non-binaire, gaie, activiste, ayant grandi et évolué dans la sphère publique très (trop) jeune m'a fait réfléchir. Mes conseils pourraient t'être bénéfiques, mais également profiter à toutes les jeunes personnes un peu plus marginalisées, un peu moins comprises, qui essaient de creuser leur propre chemin. 

 

Ne jamais tolérer l'intolérable 

Bon, je sais que tu vas naître et ce n'est peut-être pas la première chose que je devrais te dire, question de ne pas te déstabiliser right away, mais : prend garde à cultiver un respect pour ta personne et tes limites, à les explorer pour les connaître, à ne jamais tolérer l'intolérable.

 Comme personne queer, il est plutôt commun de tolérer l'intolérable. On peut grandir se faisant dire et absorbant l'opinion selon laquelle nous devrions être soulagé.es de se faire simplement accepté.es. Pour le respect et l'amour sincère, on peut bien laisser faire. Cette croyance est fausse. Il y a, sur la Terre, autant d'humain.e et d'opinion qu'il y a de personnes. Un jour, tu trouveras une personne qui t'aimera sincèrement et te fera comprendre ce que c'est, l'amour réel. Entretemps, ne donne pas ton énergie, ton attention ou tes espoirs à une personne qui ne semble pas à 100% prêt.e à se lancer dans une aventure avec toi. Que cette aventure dure une soirée ou une vie, il reste à vous deux seulement de s'entendre sur les termes. Le respect de sa propre personne et de ses limites, c'est donc ici de choisir méticuleusement ton entourage pour te préserver et aller vers des relations qui te font sentir heureux.es. 

Explore ton identité, n'accepte jamais de te limiter 

Romy*. Romy* est le prénom que nous avons choisi pour toi, espérant que tu pourras choisir ta propre destinée sans barrière, dès la naissance. Que tu sois homme, femme, personne non-binaire, nous t'aimons déjà. Nous t'aimons peu importe si tu es un.e incroyable athlète, un.e artiste introverti.e, une personne généreuse de son temps ou plus centrée sur combler ses propres besoins, un.e courageux.e ou plus peureux.e. Nous aimons imaginer que tu ne t'es pas encore défini.e et que toujours, tu exploreras ce qui te rend heureux.e. 

Oui, tu peux explorer ta sexualité. Tu peux aussi nous en parler, je te promets de faire en sorte que ce ne soit pas trop étrange comme discussion. Ce sera une discussion franche, peu directive et durant laquelle il sera important de nous ramener à ça : que veux-tu, toi ? Il n'est pas important de t'étiqueter, il n'est pas plus important de te pousser vers un chemin que nous désirons pour toi (ta maman et moi t'accepterons sans souci si tu nous dis être un homme cisgenre hétérosexuel). Je te promets aussi que durant cette discussion, je te ramènerai à ceci : que veux-tu en dehors de la sexualité ? 

Tu vois, Romy*, la vie repose énormément sur la sexualité et les tragédies. Ensembles ou séparés. On nous fait croire qu'on devrait toujours vouloir, toujours y penser, toujours être actif.ve et l'être à partir de tôt, mais la réalité c'est que les balises de la sexualité nous reviennent à nous et à notre (nos) partenaire (s) uniquement. En plus, ce ne sont vraiment PAS les seules balises sur lesquelles notre vie devrait être basée.

Bien que la sexualité s'impose comme un aspect dominant de notre sexualité, nous ne sommes pas que ça. Nous pouvons être axé.es sur notre carrière, être parents, être artistes et manuels, être acif.ves ou plus passif.ves, être ambitieux.e ou se contenter d'un minimum qui nous est suffisant. J'ai appris un peu tard que mon identité ne peut reposer sur un concept, une personne, un enjeu social. Il ne peut pas, non plus, reposer sur l'alimentation constante de mon égo. D'où mon statut d'anonymat. Je te souhaite de découvrir toutes les couleurs de ton spectre d'identité. 

Comme Mamie Caroline*, attarde-toi aux bonheurs de la vie

C'est si facile de se décourager dans la vie et, je dois te le dire dès maintenant, ta vie va être tellement difficile. Mais elle sera également magnifique, enivrante. Comme nous décidons de te faire naître, on te promet d'être là pour t'accompagner, te conseiller et te rattraper quand tu tomberas. On te promet de te partager nos sagesses sans te donner l'impression que tu n'y connais rien. On te promet de faire notre gros possible. 

On n'est toutefois pas dupes. Malgré nos efforts de te protéger des tragédies, tu en vivras. Tu auras cette envie de broyer du noir, de te défouler ou d'arrêter de faire des efforts. Après tout, si la vie est truffée de tragédies, à quoi bon essayer. Concrètement, la vie est probablement à moitié souffrances et à moitié bonheurs. La souffrance prend simplement plus d'espace dans notre cœur et notre cerveau, c'est difficile de s'en détacher, c'est angoissant. La vie est probablement moitié chances et injustices, moitié actions planifiées et efforts. On peut le voir chez des personnes de communautés marginalisées qui, sans aucune faute de leur part, ne peuvent atteindre certains niveaux réservés pour les hommes blancs riches cis de notre monde. Ici, je parle de notre 1%, pas des hommes blancs de tous les jours, alors haters, continuez de respirer par le nez. Ces niveaux sont volontairement bloqués pour les communautés marginalisées, pour couper leurs voix qui pourrait aider la société à diviser plus équitablement les biens, les privilèges.

C'est important de développer une aptitude à te recentrer sur le positif, sur ce qui va bien dans ta vie et de toujours comprendre : tu as les outils pour passer à travers tout, il faut simplement utiliser ta créativité. Si les outils te manquent, alors maman et moi sommes là, ton entourage, tes ami.es, ton ou ta partenaire de vie. Si elleux n'ont pas encore les outils, alors cette grande tragédie dont tu as si peur finira probablement par te fournir les outils qui te manquaient. J'ai tardé à comprendre cette notion, malgré l'insistance sur près de 30 ans de Mamie Caroline*. 

 Romy, nous avons si hâte de t'accueillir dans notre cocon. En attendant, on cultive notre amour et on te prépare un nid douillet. Un nid douillet où tu n'auras pas peur de t'exprimer comme tu es, queer ou non. Parce que tu auras fait l'expérience d'un amour qui ne se souciera ni de la pression sociale ni de celle de ton entourage et qui n'aura comme raison d'exister qu'une conviction profonde de ta propre légitimité. 

 

 *Les prénoms Romy et Caroline sont fictifs étant donné le souci d'anonymat mais reflète l'existence de personnes réelles


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