Demain, le 10 septembre, aura lieu la 14e Journée mondiale de la prévention du suicide. La population est de plus en plus conscientisée à l'ampleur de cette problématique dans notre société, mais le travail est loin d'être terminé. Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
JEVI Estrie est passé de 4 733 appels en 2011-2012 à 11 438 pour la période de 2015-2016, soit une augmentation de 142 %. Cet accroissement du nombre d'appels ne veut pas dire que le suicide est à la hausse, bien au contraire.
«Ces chiffres démontrent que de plus en plus de personnes osent appeler avant de poser un geste irréparable. C'est une excellente nouvelle», souligne Louise Lévesque, directrice générale chez JEVI Centre de prévention du suicide en Estrie.
Les hommes sont encore les plus touchés par le suicide, puisque 80 % des décès se produisent chez les hommes. Cependant, on souligne une augmentation d'appels chez les hommes.
«Il y a vingt ans, le pourcentage d'hommes qui nous demandaient de l'aide était de 5 %, explique Mme Lévesque. Tranquillement, le message passe auprès des hommes; ce n'est pas de la lâcheté ni un manque de courage de demander de l'aide. La société à évoluer, mais on voit encore que l'homme se réfère au vieux modèle masculin de l'homme fort et pourvoyeur.»
Les jeunes de plus en plus nombreux à appeler
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le suicide chez les jeunes n'est pas à la hausse en Estrie, ni dans la province. Au cours des dix dernières années, on note en fait une diminution drastique de 50 % de suicide chez les moins de 18 ans.
Mais Louise Lévesque souligne depuis la dernière année une recrudescence des appels chez les jeunes. À première vue, il peut s'agit d'une bonne nouvelle, cependant, cette hausse se veut aussi préoccupante, puisqu'on ne connait pas encore les facteurs qui expliquent cette augmentation.
«On se questionne à ce sujet. On veut bien comprendre les facteurs de risque, pour être en mesure de mettre en place les bonnes actions en termes de prévention. Il faut demeurer vigilant. On ne veut pas que la problématique du suicide revienne en force chez les jeunes.»
Parmi les facteurs qui pourraient expliquer ce phénomène, il y a cet avis de la santé publique, paru il y a une dizaine d'années, qui demandait aux établissements scolaires de retirer toutes activités de prévention du suicide.
«Est-ce qu'il s'agit d'une répercussion qui apparait plusieurs années plus tard?, se demande Mme Lévesque. Parfois, les répercussions n'apparaissent que plusieurs années plus tard. Le phénomène des médias sociaux peut aussi expliquer cette hausse.»
Selon les données de JEVI Estrie, les dynamiques familiale et scolaire sont les deux raisons principales des pensées suicidaires chez les jeunes.
Journée mondiale
Dans le cadre de la Journée mondiale de la prévention du suicide, samedi, la population est invitée à allumer une chandelle pour démontrer son appui à la prévention. L'équipe de JEVI Estrie aura un kiosque d'information au Carrefour de l'Estrie, de 10h à 16h, pour répondre aux questions du public. Aussi, les différents IGA de l'Estrie recueilleront des dons pour JEVI jusqu'au 16 septembre.