Près de trois ans après que le ministre Gaétan Barrette ait annoncé la fusion des établissements de santé et des services sociaux en Estrie, le constat de cette décision demeure négatif pour plusieurs. Le réseau de santé est toujours malade, selon Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l'Estrie-CSN (CCSNE-CSN).
La réforme du ministre Gaétan Barrette dans le réseau de la santé n'a pas seulement eu des répercussions sur les infirmières ou les préposées aux bénéficiaires. En effet, souvent dans l'ombre, le personnel administratif du CIUSSS de l'Estrie-CHUS dit vivre également depuis trois ans une détresse et une inquiétude à l'intérieur de l'établissement.
« Cette réforme est un cauchemar pour le personnel de l'Estrie, indique Vicky Ouellet, présidente du Syndicat du personnel administratif du CIUSSS de l'Estrie-CHUS-CSN (SPACEC-CSN). Elle mène à une surcharge importante et à un essoufflement comme je n'en ai jamais vu dans la région. Cette réforme est venue désorganiser totalement l'ensemble des anciens établissements de la région. Il est grand temps que le gouvernement en prenne acte et annonce des changements importants pour donner de l'oxygène au personnel. »
La fusion en santé dans la région a provoqué la suppression de centaines de postes administratifs à temps complet. Ce qui a eu pour cause de redistribuer la charge de travail au personnel qui s'assure de dispenser les soins et services. « Si ces personnes ne sont pas là, comment gère-t-on les salles d'attente dans les cliniques de médecine spécialisée? Depuis la fusion, il y a de moins en moins de place à l'initiative pour le personnel administratif, et trop souvent, les directives sont manquantes ou non clarifiées », précise Mme Ouellet.
Une « tornade » sur tout le personnel du réseau
Depuis la réforme dans le réseau de la santé, une augmentation de 17 % a été notée concernant le taux de personnes en assurance salaire au Québec. Plusieurs ont également éprouvé un déséquilibre et une instabilité en raison notamment de la pression. Le nombre de congés a pour sa part connu une hausse de 30 %.
« Cette réforme a entraîné un chaos informatique dans la région, commente Stéphanie Vachon, vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN (FSSS-CSN). La communication est particulièrement déficiente dans cette mégastructure, ce qui complexifie davantage le travail du personnel. Et à cette réforme se sont ajoutés des millions de dollars qui ont été coupés dans les budgets de la région et qui entraînent des pertes de services. »
Selon une étude de la Fédération de la santé et des services sociaux, le manque à gagner pour les établissements du réseau se chiffre entre 5 et 7 milliards de dollars. « L'arrivée de cette fusion a créé une espèce de tornade sur tout le personnel du réseau, ajoute Mme Vachon. Du jour au lendemain, certains se sont retrouvés avec une charge de travail différente avec peu de consignes et parfois même sans les outils nécessaires pour accomplir leur travail. Nous constatons un sous-financement. Le ministre demande une amélioration des services, mais ne fournit pas l'argent nécessaire pour y arriver. »
« Le personnel administratif, qui comporte par exemple des agentes administratives ou bien des techniciens informatiques, est la porte d'entrée de notre réseau de santé, rappelle Denis Beaudin, président du Conseil central des syndicats nationaux de l'Estrie-CSN (CCSNE-CSN). J'espère que notre gouvernement va pouvoir s'arrêter et analyser l'étendu de cette réforme et regarder dans quelle direction on s'en va. Il doit avoir la volonté et le désir de servir la population et non pas une campagne électorale. »