Prenant connaissance des principales conclusions de l'étude publiée ce mardi 11 août 2020 par l'Office québécois de la langue française (OQLF) et portant sur la situation du français au travail, la Société nationale de l'Estrie (SNE) tire la
sonnette d'alarme sur un état des lieux inquiétant pour l'avenir de la langue française au Québec, et incite le gouvernement à passer de la parole aux actes.
Ainsi, l'OQLF publiait hier une étude portant sur la situation actuelle du français au travail dont les conclusions sont sans appel: la Charte de la langue française ou Loi 101, ne parvient tout simplement pas à atteindre son objectif de protéger et de promouvoir le statut du français à titre de principale langue du travail au Québec.
En effet, les indicateurs sont clairs: partout sur le territoire, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à exiger des compétences linguistiques en anglais: sur l'ensemble du territoire québécois, près de 40% des entreprises se retrouvent dans cette situation, et ce taux grimpe à plus de 60% (62,9%) pour l'île de Montréal. Quant aux municipalités, qui, faut-il le rappeler, sont l'extension de l'État québécois, 23,5% d'entre elles ont eu de telles exigences linguistiques, et la proportion grimpe à 50% sur l'île de Montréal. Enfin, les défis liés à la mondialisation de l'économie, par exemple la nécessité de communiquer avec un siège social sis à l'extérieur du Québec ou celle de conquérir les marchés internationaux n'expliquent pas tout : 21,2% des entreprises ont de telles exigences afin de favoriser les communications orales à l'intérieur de l'organisation et cette proportion monte à 41,4% sur l'île de Montréal.
Conclusion: le français ne recule plus seulement sur l'île de Montréal, mais bien aussi dans de nombreuses régions du Québec.
Réagissant à cette nouvelle, le ministre Jolin-Barrette, responsable du dossier de la langue française, s'est montré « très préoccupé » par la situation et promet d'agir. Un tel positionnement est perçu favorablement par la SNE, qui cependant désire voir quels gestes concrets seront véritablement posés : « Depuis trop longtemps, l'État québécois néglige une de ses missions fondamentales, soit de protéger et promouvoir un vecteur essentiel à la vitalité de notre culture nationale, soit la langue française. Le gouvernement actuel semble avoir la volonté de renforcer la Loi 101 et de l'adapter aux défis linguistiques du Québec d'aujourd'hui afin d'inverser les inquiétantes tendances sociolinguistiques mesurées depuis plusieurs décennies par l'OQLF. C'est intéressant en théorie. Nous avons hâte de voir comment, en pratique, il concrétisera de tels vœux » de conclure M. Etienne-Alexis Boucher, président de la SNE.