« Nous sommes Raïf, libérez Raïf, au gouvernement canadien, nous disons libérez Raïf », scandaient une centaine d'étudiants de l'Université de Sherbrooke devant la Faculté de lettres et sciences humaines ce midi.
Le rassemblement a été organisé pour démontrer leur solidarité envers le blogueur saoudien de 32 ans et pour faire pression afin que « le prisonnier d'opinion » soit libéré et puisse venir rejoindre sa femme et ses enfants à Sherbrooke.
« Raïf Badawi vit d'espoir et nous pouvons tous contribuer à alimenter cet espoir et faire en sorte qu'il soit libéré en signant la pétition et en joignant notre voix à celle de milliers de personnes à travers le monde qui manifestent pour libérer Raïf Badawi », a indiqué Christine Hudon, doyenne de la Faculté de lettres et sciences humaines. « Je suis Raïf, vous êtes Raïf, nous sommes tous et toutes Raïf, agissons », a-t-elle lancé.
La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David a d'entrée de jeu indiqué que Québec Solidaire appuie depuis le début les efforts d'Amnistie Internationale et de tous les organismes qui tentent de faire libérer Raïf Badawi.
« Je lance un appel pressant à notre premier ministre du Québec. On sait que M. Couillard a séjourné en Arabie Saoudite, on sait qu'il a des contacts au plus haut niveau avec les autorités saoudiennes. On sait qu'il a entrepris certains efforts, mais nous voudrions en savoir plus. On aimerait entendre une déclaration, on aimerait que M. Couillard dise au peuple québécois qu'il est derrière M. Badawi et sa famille. On aimerait que M. Couillard dise qu'il s'en occupe pour vrai et qu'il condamne toutes les atteintes à la liberté d'expression qui ont cours en Arabie Saoudite », a-t-elle affirmé.
Rappelons que Raif Badawi est condamné à dix ans de prison, à mille coups de fouet et à une amende de près de 300 000 dollars canadiens pour avoir offensé les préceptes islamiques dans le forum en ligne, « Liberal Saudi Network », qu'il a lui-même créé en 2008.
Le 9 janvier dernier, Raïf Badawi a reçu 50 coups de fouet sur la place publique devant la mosquée Al-Jafali de Djeddah. Depuis lors, il a été épargné de sa sentence en raison de son état de santé.
Sa femme, Ensaf Haider, et ses trois enfants, réfugiés politiques au Canada depuis novembre 2013, résident désormais à Sherbrooke.
« C'est le moment de redoubler d'efforts »
Bien que le vaste mouvement d'appui porte ses fruits, « c'est le moment de redoubler d'efforts », a soutenu la coordonnatrice d'Amnistie internationale en Estrie.
Le roi Salmane Ben Abdel Aziz, nouveau roi d'Arabie saoudite, a procédé le 30 janvier dernier à un remaniement gouvernemental. Il a notamment nommé de nouveaux ministres de la Justice. Le 29 janvier dernier, le roi d'Arabie Saoudite a annoncé une amnistie partielle pour certains prisonniers. Pour l'heure, Raïf Badawi n'aurait pas eu de nouvelles à cet effet, a précisé Mireille Elchacar, coordonnatrice d'Amnistie internationale en Estrie.
La cofondatrice du forum de discussion « Liberal Saudi Network » avec M. Badawi, Souad al-Shammari, a été libérée plus tôt cette semaine après environ 90 jours d'emprisonnement, sous condition de diminuer son militantisme. Son cas est tout de même très différent de M. Badawi, indique Mireille Elchacar, puisqu'elle n'avait pas été condamnée et n'avait pas eu de procès.
Quant à la nomination de Raif Badawi au prix Nobel de la paix, Mme Elchacar soutient que c'est une excellente nouvelle puisque « ça permettra d'attirer davantage l'attention du monde entier sur la situation de Raïf Badawi. »