Depuis le début de la pandémie, le masque est devenu un
outil indispensable pour la population. Toutefois, l'empreinte écologique qu'il
laisse demeure importante. C'est pour cette raison que le CIUSSS de l'Estrie -
CHUS annonce un projet pilote afin de récupérer les masques chirurgicaux.
À eux seuls, les établissements de santé de ce réseau se
font distribuer environ 50 000 masques par semaine. Cette initiative vise
ainsi à éviter un engorgement au sein des sites d'enfouissement.
« Le contexte actuel lié à la COVID-19 a certainement mis en
lumière un enjeu et des préoccupations environnementales avec l'augmentation en
termes de volume d'utilisation de masques chirurgicaux, mais aussi
d'équipements de protection individuelle (EPI), qui sont à usage unique. On
sait qu'au-delà de la pandémie, quand on va revenir à la normalité,
l'utilisation des masques chirurgicaux et des EPI vont rester », explique Manon
Larivière, directrice des services techniques du CIUSSS de l'Estrie - CHUS.
Ce projet se fera en collaboration avec différents
partenaires locaux, soit l'Université de Sherbrooke (UdeS), MGA Environnement
et CRB Innovations. En ce qui concerne l'UdeS, elle récupère ses masques
chirurgicaux depuis le mois d'octobre. Tout comme le CIUSSS, elle doit gérer
d'énormes quantités d'EPI à usage unique.
Patrice Cordeau, vice-recteur adjoint au développement
durable à l'Université de Sherbrooke, soutient qu'avec une telle quantité des
coûts astronomiques s'en dégagent. Bien que l'environnement soit important, une
gestion administrative efficiente doit tout de même être suivie. Selon ses
dires, les coûts d'enfouissement pour le projet pilote se situent à 120 dollars
la tonne, alors que sur le marché, il est question de 10 000 dollars la
tonne.
« En ce moment, les institutions au Québec ont le choix
difficile de dire : "Oui, je veux faire quelque chose pour
l'environnement, oui je veux récupérer mes masques. Mais je dois aussi justifier
la dépense auprès de ma direction et mes administrateurs". C'est là toute
la beauté du projet, pour les grands générateurs que sont les hôpitaux, les
institutions, il y aura une solution un peu plus acceptable au niveau social et
environnemental », mentionne-t-il.
Une revalorisation des masques
Au cours des prochains jours, des bacs de récupérations
seront installés aux portes des entrées principales de l'Hôtel-Dieu de
Sherbrooke. Les employés de cet établissement pourront, de façon volontaire,
déposer leur masque de procédure à ces endroits. Ceux-ci seront collectés et acheminés
vers les partenaires afin d'être revalorisés.
Le matériel recyclé servira à la production de composites
compacts, formé à 65 % de biomasse et à 35 % d'EPI. Ces disques
seront fabriqués au Carrefour d'innovation sur les matériaux de la MRC des
Sources. Ils serviront à la création d'énergie telle la chaleur, vapeur ou
électricité. Ils pourraient également être transformés en éthanol ou méthanol,
ou en matériaux de construction.
« Ce qu'on veut, c'est d'éviter l'enfouissement des EPI,
mais aussi d'autres types de biomasses résiduelles urbaines. [...] Le composite
que l'on va générer répondra aux critères environnementaux puisque le 65 %
de biomasse vient compenser le carbone fossile dans la création d'énergie »,
assure-t-il.
Le coût de ce projet est de près de 300 000 $. Celui-ci
vise le secteur industriel avec l'énergie produite grâce à la valorisation de
la galette. M. Gagnon souligne également qu'il veut éventuellement ajouter
les institutions scolaires qui ont de la difficulté avec les masques.
Long terme
Puisque le projet demande une grande logistique, le CIUSSS
voulait le tester. Ainsi, avec l'expérience de l'hôpital Hôtel-Dieu, les
possibilités de déploiement à des unités et à d'autres installations seront
analysées.
C'est notamment pour cette raison que, lors de la première
phase, ce sera uniquement les masques qui seront récupérés. À plus long terme,
l'établissement vise à élargir le type de matières recueillies pour procéder à
la collecte de l'ensemble des EPI.
« Grâce à cette initiative, ce sont des milliers de masques de
procédure et autres EPI qui éviteront de se retrouver à l'enfouissement », se
réjouit Mme Larivière.