À l'heure où la rentrée scolaire approche à grands pas, les défis rencontrés par les intervenants du milieu scolaire depuis le début de la pandémie ne cessent de s'accumuler. L'arrêt brutal des cours conjugué à l'attente de plusieurs semaines pour obtenir des directives claires afin de résumer les activités, ont eu un effet dévastateur sur la motivation de plusieurs étudiants. Cela a été particulièrement le cas pour les jeunes ayant des difficultés d'apprentissage, et pour qui rester à l'école est un combat à tous les jours.
Le Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSSRS), en collaboration avec la Fondation pour les élèves de la CSRS, lance sa campagne « Reste à l'école! », qui valorise la poursuite des études auprès des jeunes de 3e, 4e et 5e secondaire, en assurant le suivi des élèves présentant certains facteurs de vulnérabilité.
Dans le cadre de la relance 2020-2021, environ 300 élèves sont ciblés par les équipes-écoles du secondaire du CSSRS. À plusieurs moments pendant l'année scolaire, des actions y sont mises en place, dans le but d'éviter le décrochage.
Jason Gosselin est l'un de bénéficiaire de ce programme. Il a eu une certaine facilité lors de son premier cycle à la polyvalente du Triolet; c'est son passage en 3e secondaire qui s'est avéré très difficile après un déménagement qui exigeait un changement d'établissement scolaire. Le manque de motivation a emmené une baisse d'implication dans ses travaux scolaires, puis une chute marquée de ses résultats. Comme une roue qui tourne, le manque d'intérêt pour les matières offertes aura presque eu raison de son désir de poursuivre ses études. Heureusement, un membre du personnel de soutien allait lui venir en aide pour la suite des choses...
Le jeune homme était sur le point de terminer son secondaire 5 lorsque la crise sanitaire a débuté. Si ce n'eût été des contacts fréquents et des encouragements de sa conseillère en orientation, Sonia Vachon, il aurait probablement tout abandonné pour se tourner vers le marché du travail sans obtenir son diplôme. « Chaque jeune est différent, le défi c'est d'aller cibler ses besoins. Jason était très démobilisé; il n'arrivait plus à trouver de sens à venir à l'école. C'était de regarder avec lui sur quoi on pouvait l'accrocher, » raconte Mme Vachon.
Elle ajoute à quel point il est important d'avoir des centres d'intérêt qui vont ramener la jeune à l'école jour après jour; que ce soit par le sport, les activités artistiques ou simplement grâce aux amitiés, tous les moyens sont bons pour offrir des points d'encrages à l'étudiant. « Les élèves ne viennent pas à l'école (seulement) pour apprendre le français, de math ou d'anglais; ils viennent pour voir leurs amis, faire des activités, et avoir du plaisir. »
L'autre difficulté à garder les finissants sur les bancs d'école vient du fait que plusieurs sont confrontés à l'orientation de carrière qu'ils doivent faire en fin du parcours au secondaire. Ce choix s'avère être une grande source d'anxiété et de stress pour ceux et celles qui n'ont pas encore trouvé leur vocation. Dans le cas de Jason Gosselin, c'est son état de santé qui semble lui avoir dicté le champ d'études vers lequel il ira en janvier 2021. « Je suis diabétique de type 1. Il faut que je me pique tous les jours. Mon objectif ultime est d'ouvrir mon restaurant et le faire comme je le veux. Je veux me tourner vers ceux qui ont le diabète; je vais essayer de trouver une nutritionniste pour calculer exactement les glucides dans les recettes. On ne le voit pas mais il y beaucoup de gens qui ont cette condition-là », explique-t-il.
Lui qui a toujours aimé faire à manger, croit que cette proposition va lui permettre de s'épanouir dans ce métier, tout en y apportant une perspective bien personnelle.