Les représentants syndicaux réagissent fortement au plan d'optimisation des ressources présentées le 10 mars dernier par la Ville de Sherbrooke.
Selon la majorité des représentants syndicaux, le plan d'optimisation qui prévoit récupérer, d'ici le 31 décembre 2017, 11 M$ dans l'organisation municipale, dont 7 M$ dans la masse salariale et 4 M$ dans les budgets de fonctionnement de divers services municipaux, est inévitablement une manœuvre politique.
Une drôle de coïncidence?
« Ce plan d'optimisation arrive au moment où toutes les conventions collectives sont en négociation. C'est un drôle de moment pour annoncer aux travailleurs qu'ils devront faire plus avec moins de ressources », estime le conseiller syndical des cols bleus, Michel Murray.
Selon M. Murray, l'organisation municipale applique la même stratégie politique que celle du gouvernement Couillard et du gouvernement Harper : « On coupe les budgets, les effectifs sans qu'il y ait de négociations avec les représentants des travailleurs. »
Même son de cloche de la part du représentant syndical des pompiers, Simon Gilbert qui qualifie le plan de « mascarade ».
À plus long terme, M. Murray s'inquiète des répercussions globales des mesures d'austérité à tous les paliers gouvernementaux : « Qui va payer les pensions de retraite? Qui va payer le réseau de la santé? Qui va payer le système d'éducation? Nous sommes en train d'affaiblir la classe moyenne sous le couvert d'une conjoncture difficile. À force de baisser les salaires de tous, nous n'aurons plus d'argent pour payer les services de base. »
« Sous le choc »
M. Gilbert n'est pas surpris par l'annonce du plan d'optimisation 2015-2017, mais se dit tout de même « sous le choc » de voir l'ampleur des coupes annoncées. En effet, c'est une centaine de postes permanents qui seront abolis au cours des trois prochaines années.
Alors que la Ville indique vouloir « profiter du départ à la retraite de nombreux employés », soit « plus de 200 membres du personnel [qui] seront admissibles à une retraite d'ici 2017 », M. Gilbert doute qu'il soit possible d'évaluer pour l'heure le nombre de retraites : « Nous savons que la loi 15 modifiera les régimes de retraite. Je comprends très mal de quelle manière la Ville peut baser ses objectifs sur les retraites futures alors que nous ne savons pas qui va opter pour la retraite étant donné l'incertitude qui plane sur le régime de retraite de la Ville de Sherbrooke », soutient-il.
Une concertation négligée
Quant au désir réitéré par la Ville d'impliquer les employés et de travailler en équipe dans l'exercice de réduction des coûts, M. Murray n'y croit pas : « C'est un numéro de cirque, c'est une façade pour attirer la sympathie des électeurs et des contribuables municipaux », lance-t-il avec insistance.
« On nous dit que nous devrons travailler en équipe pour arriver à ces objectifs budgétaires. Mais ça fait trois ans qu'ils ne travaillent pas en équipe. Vous comprendrez que nous sommes un peu méfiants », poursuit le conseiller syndical des cols bleus.
C'est l'ensemble des représentants syndicaux qui est « septique » par la méthode Toyota : « c'est une mascarade de nous faire croire que nous allons être inclus dans les prises de décision. En fait, on croit que les décisions sont déjà prises et que la Ville a déjà informé les directeurs de service où se feront les coupes », conclut M. Gilbert.