NDLR: À la suite de la parution de l'article de Daniel Nadeau publié le 22 avril dernier, le sénateur Pierre-Hugues Boisvevu a tenu à répondre au chroniqueur. Voici la réponse qu'il a fait parvenir à l'équipe d'EstriePlus.com.
Dans sa
chronique du 22 avril, Daniel Nadeau se questionnait sur mon absence « parmi
les ténors » (?) pour exiger du gouvernement fédéral une énième étude
sur la violence dont sont victimes les femmes autochtones au Canada.
Le
contenu de cet article démontre une certaine méconnaissance de M. Nadeau quant
au dossier autochtone au Canada, mais, surtout, de ses particularités
socio-économiques. Pour avoir travaillé pendant de nombreuses années avec les
communautés autochtones d'Abitibi mais également dans les dossiers spécifiques
de femmes et familles autochtones dont
un proche a été assassiné, je partage entièrement la position de notre
gouvernement d'agir dans l'action. Plutôt que de dépenser des dizaines de
millions de dollars supplémentaires dans une « autre étude futile » qui
s'ajouterait aux dizaines déjà réalisées, nos dirigeants ont décidé de penser
et d'agir concrètement.
Précisons
que les données nationales sur la criminalité et sur la violence dont sont
victimes les femmes autochtones varient énormément dépendamment du lieu où elles
vivent au pays. Ces différences sont principalement dues aux conditions
sociales et économiques de ces communautés. Il en va de même pour l'analyse des
données sur la violence et le suicide chez les jeunes de ces mêmes communautés.
Toutes les études, recherches et analyses réalisées depuis les années 80
pointent vers les mêmes raisons: la pauvreté, la toxicomanie, la prostitution,
la sous-scolarisation et le chômage. Ce sont-là les fondements des pauvres
conditions de vie qui caractérisent ces communautés. Il faut donc agir sur ces
causes plutôt que d'accumuler des études qui retardent inutilement une action
prompte. C'est le choix que nous avons fait.
Depuis
plusieurs années, notre gouvernement investit massivement dans les communautés,
partout au pays, afin d'améliorer leurs conditions de vie. Je rappelle à M.
Nadeau que le gouvernement fédéral dépense annuellement 8,1 milliards de $ dans les communautés
autochtones du Canada. Contrairement à d'autres organismes fédéraux, ce budget
n'a pas connu des compressions importantes suite à l'exercice de
rationalisation que notre gouvernement a effectué au cours des dernières
années. De plus, le budget présenté par le ministre Oliver le 21 avril 2015
prévoit 100 millions de $ supplémentaires pour gérer d'autres enjeux.
Notre
priorité est avant tout d'outiller ces communautés, afin qu'elles puissent
donner espoir aux jeunes et aux femmes de se bâtir un futur prometteur, excluant
toute forme de violence. Le défi est grand, mais les moyens sont présents pour
y parvenir. Pensons notamment à la communauté Crie du Québec qui a fait du
développement économique sa priorité : elle est un modèle à suivre en ce
qui a trait à la gestion des problématiques dont il est question ici. Je précise
néanmoins que cette communauté n'est pas exempte de toute forme de violence pour
autant : une certaine forme de violence est malheureusement toujours présente dans nos sociétés.
Une
autre facette à ne pas occulter dans le traitement des dossiers de violence - notamment
celui des homicides - est leur taux de résolution anormalement bas. Une récente
étude de la GRC indique que 70% des familles de victimes se disaient
insatisfaites du travail des policiers. C'est pourquoi notre gouvernement a
ajouté des ressources importantes, afin d'améliorer la sécurité dans ces
communautés ainsi que le taux de résolution de la criminalité qui y sévit. Nous
sommes également persuadés que ces ressources additionnelles auront un impact
sur la diminution de la violence conjugale.
En
conclusion, la violence dans les communautés autochtones, de même que les taux élevés
de suicides et d'homicides, sont des enjeux majeurs qui requièrent une implication
forte et constante de tous les paliers de gouvernement. Ce n'est qu'à cette
condition que nous réussirons nos objectifs de société.